Prédicateur : Evert Van de Poll
Date : dimanche 21 mai 2023 (dimanche après la Fête de l’Ascension) Références : Actes 1 : 1 - 11 (Cliquer ici pour lire le texte) Psaume 110 (Cliquer ici pour lire le texte)
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Introduction
C’est encore un jour férié, mais pour combien longtemps ? Vestige d’une époque chrétienne désormais révolue, le jour de l’Ascension est aujourd’hui avant tout une occasion pour « faire le pont » et partir ailleurs. La plupart des gens en ignorent le sens.
Même dans les Églises, ce jour n’a plus beaucoup d’importance. Ici et là un tout petit troupeau se retrouve encore pour un culte ou une messe d’Ascension, mais la plupart des fidèles suivent la masse déchristianisée. On part.
Ceci est bien étrange, au regard de la grande importance de l’ascension de Jésus Christ dans la Bible. Cet évènement représente son entrée triomphale dans la Jérusalem céleste.
Très bien, le Seigneur est glorifié. Mais alors, une question se pose, une question que j’ai souvent entendue :
Pourquoi Jésus n’est-il pas resté parmi nous ?
Pourquoi Jésus n’est-il pas resté parmi nous après sa résurrection ? Pourquoi est-il monté au ciel ?
N’aurait-il pas pu s’installer quelque part dans le pays d’Israël comme le roi d’un nouveau royaume spirituel ? Comme ça, tout le peuple juif pourrait le voir à l’œuvre. N’aurait-il pas pu visiter d’autres pays ? Comme ça, le monde entier pourrait le voir. Il n’y aurait plus de doute quant à sa personne et à son message. Si le Seigneur était resté parmi nous, il serait beaucoup plus facile de croire en lui, de s’approcher de lui, de demander des explications sur son enseignement…
Lorsqu’ils tentent d’expliquer l’Ascension, les théologiens s’empressent de souligner ce que Jésus fait par la suite. Ils disent que Jésus est entré dans le ciel, le demeure de Dieu,
(1) pour qu’il puisse intercéder pour nous auprès de Dieu le Père ;
(2) pour qu’il puisse envoyer l’Esprit Saint sur les disciples ;
(3) pour s’assoir à la droite de Dieu sur son trône afin son règne céleste puisse commencer.
Tout cela est bien vrai.
Pourtant, on peut se poser la question pourquoi Jésus devait partir pour faire tout cela. L’intercession, l’envoi de l’Esprit, et même le règne – toutes ces choses pouvaient être réalisées dans le cadre du ministère terrestre d’un Messie ressuscité et glorieux.
Alors, pourquoi devait-il nous quitter et partir pour le ciel ?
Réponse : le couronnement des ministères royal et sacerdotal du Messie
La Bible nous offre des réponses étonnamment claires à cette question. L’Ascension n’est pas un étrange acte de disparition que Jésus a accompli à la fin de son ministère, comme un magicien qui termine son spectacle en disparaissant dans une bouffée de fumée, mais la pierre angulaire de tout ce qu’il a fait au cours de son incarnation, sa vie, sa passion, et sa résurrection.
L’Ascension est l’acte triomphal qui couronne les ministères royal et sacerdotal du Messie.
Le Messie devait monter sur le trône pour commencer son règne
Considérons d’abord l’angle royal.
L’Ascension est l’accomplissement exact de la promesse prophétique de Daniel concernent le Messie à venir. Dans une vision, le prophète voit « quelqu’un qui ressemblait à un être humain », c’est-à-dire le Fils de l’homme, qui « s’approche du trône de l’Ancien des jours », c’est bien Dieu l’Éternel, le Seigneur. Ensuite, le Fils de l’homme reçoit « la domination, l’honneur et la royauté ; tous les peuples, les nations et les langues se mirent à le servir. Sa domination durera toujours, elle ne passera pas, et son royaume ne sera jamais détruit » (Daniel 7,13-14).
Remarquez que la prophétie ne montre pas que le règne du Messie commence par un règne terrestre, mais bien par un règne céleste.
Si Jésus était resté sur terre et avait essayé de revendiquer sa royauté, il n’aurait pas pu être le Messie, car selon la promesse prophétique, le véritable Fils de l’homme monte dans la présence de Dieu, pour y recevoir son règne.
Jésus a fait ce que les bons rois du monde antique étaient censés faire : il a sauvé son peuple de ses ennemis, il a vaincu les puissances du péché, de Satan et de la mort, et maintenant il monte sur le trône – tout comme les rois davidiques d’autrefois remontaient à Jérusalem après une campagne militaire réussie.
Après avoir accompli ces actes royaux, Jésus s’approche de l’Ancien des Jours et est couronné de splendeur et d’honneur. L’héritier de David monte sur le trône pour régner.
Tout au long de son ministère public, Jésus a parlé du « Royaume de Dieu ». Il ne parlait pas tant d’un lieu que d’une nouvelle ère, la période du « règne de Dieu ». Mais un nouveau règne doit commencer par un couronnement, tout comme dans une monarchie, un prince peut être l’héritier du royaume dès sa naissance, mais tant qu’il n’a pas revêtu la couronne et pris place sur le trône, il ne peut pas exercer pleinement son autorité.
Cela nous fait penser au couronnement du nouveau roi du Royaume-Uni, Charles III, il y a quelques semaines.
Il en est de même d’une nouvelle administration présidentielle, elle doit commencer par une inauguration, même si l’élection a été remportée des mois auparavant.
Eh bien, pendant son ministère sur la terre, Jésus s’est présenté comme le Roi des Juifs, c’est-à-dire le Messie d’Israël, et il a été désigné en tant que tel par un panneau affiché à la croix, mais il est entré en plein exercice de sa royauté quand il est monté dans le ciel, la réalité de Dieu, pour être couronné Roi du ciel et de la terre. Dieu le Père règne désormais par Dieu le Fils.
Bien que nous attendions encore son retour, ainsi que la manifestation complète et finale de son règne, ce règne a déjà commencé.
Maintenant qu’il est sur le trône, assis à la droite du Père, les signes attendus de l’ère messianique s’accomplissent sous nos yeux : l’Esprit a été répandu et un nombre grandissant d’hommes et de femmes, juifs et non-juifs, viennent à la foi pour adorer et servir le Dieu d’Israël.
Et nous attendons son retour sur la terre en gloire.
Le sacrifice est incomplet tant qu’il n’est pas présenté devant Dieu
L’ascension n’est pas seulement le couronnement du ministère royal de Jésus Christ, mais aussi de son ministère sacerdotal. Jésus, le grand prêtre, monte dans la présence de Dieu pour présenter le sacrifice expiatoire qui ôte les péchés du monde.
Les apôtres ont expliqué la mort de Jésus sur la croix comme étant un sacrifice d’expiation (cf. Romains 3,25), un acte par lequel nos péchés sont pleinement et définitivement pardonnés.
Cependant, dans le contexte de la Torah et le culte du temple d’Israël, les croyants juifs de l’Église primitive auraient trouvé très étrange si l’on leur disait que la croix était tout ce qu’il y avait dans le sacrifice de Jésus. Cela aurait été incomplet, à leurs yeux. Comme tous les habitants du monde antique le savaient, le pécheur pénitent avait besoin d’une étape supplémentaire dans le rituel d’expiation : il ne suffisait pas d’immoler un sacrifice sur l’autel, il fallait qu’un grand prêtre porte le sang du sacrifice dans la présence de Dieu.
Le rituel du Jour d’expiation (Yom Kippour)
Le parallèle le plus évident est le rituel annuel du Jour d’expiation, Yom Kippour (Lévitique 16,11-13). Pendant ce jour solennel le sacrifice pour les péchés du peuple qui n’étaient pas couverts par les sacrifices habituels, était immolé sur le grand autel à l’extérieur du temple. Mais ce n’était que la première partie du rituel.
Quel était l’étape suivante du rituel ? Le souverain sacrificateur prit le sang du sacrifice pour l’apporter dans le Saint des saints du tabernacle, plus tard le temple. Entouré d’une nuée d’encens, il disparut de la vue des foules qui l’avait observé dans les parvis du temple. Une fois entré dans le Saint des saints, devant la présence de Dieu, le souverain sacrificateur présentait le sang du sacrifice, achevant ainsi le rituel d’expiation, et il intercédait pour le peuple.
Ce fut un moment crucial. Est-ce que l’Éternel va agréer le sacrifice pour tout le peuple ? Sinon, le grand prêtre mourrait sur place et le peuple ne serait pas pardonné. Ce serait la fin de leur histoire dans l’alliance avec Dieu. C’est pourquoi le grand prêtre portait des clochettes au bord de son vêtement. Tant que le peuple dehors pouvait les entendre, cela voulait dire qu’il bougeait encore.
Une fois la présentation du sacrifice et l’intercession terminées, le grand prêtre ressortit du Saint des saints, à travers le nuage d’encens, de la même manière que les foules l’avaient vu partir. C’est ainsi qu’il apportait au peuple de Dieu l’assurance du pardon et du salut.
Jésus est entré de la même manière dans la présence de Dieu, selon Hébreux 6 à 10, à cette différence près qu’il était à la fois l’offrande (le sacrifice) et le souverain sacrificateur qui la présente. Le Saint des Saints dans le temple n’était qu’une représentation terrestre de la réalité céleste de Dieu. Jésus est entré au cœur de cette sphère divine.
L’implication ici est qu’après la Croix, l’Ascension était la seconde étape nécessaire dans le rituel d’expiation des péchés. Si la crucifixion était à elle seule le sacrifice d’expiation, cela voudrait dire que le sacrifice avait été immolé sur l’autel et qu’il n’y avait rien d’autre. Ceci aurait été considéré comme étant incomplet. Cela ne veut pas dire que son œuvre sur la Croix était insuffisante, mais seulement que ce sacrifice accompli a toujours été destiné à être suivi d’une autre étape, à savoir que son sacrifice soit porté dans le véritable Saint des Saints, dans la présence même de Dieu le Père.
Avant son ascension, Jésus lève les mains pour bénir ses disciples, puis il monte en présence de Dieu (Luc 24,50-51) – ce qui correspond à la même série d’actions qu’Aaron et les autres souverains sacrificateurs en Israël ont accompli avant d’entrer dans le tabernacle ou le Temple pour achever le grand rituel du sacrifice (Lévitique 9,22-23).
Maintenant, Jésus notre Grand prêtre intercède pour nous, mais il fallait pour cela qu’il prenne place sur le trône de Dieu. Grâce à lui, nous avons accès à ce « trône de grâce », et par la prière « nous pouvons obtenir compassion et trouver grâce, en vue d’un secours opportun. Car nous n’avons pas un grand prêtre insensible à nos faiblesses ; il a été soumis à des épreuves en tous points semblables » (Hébreux 4,15-16).
La nuée – Jésus reviendra
Dans le récit de l’ascension une mention spéciale est faite de la nuée dans laquelle Jésus disparaît (Actes 1,9). Cela fait écho à l’imagerie visuelle du Jour de l’Expiation. Le Grand prêtre montait d’abord dans le temple et dans la présence de Dieu, entouré du nuage d’encens. Ensuite, il en revenait vers le peuple, entouré de cette même nuée.
Ce double mouvement éclaire le double mouvement de Jésus. Il est d’abord monté dans le tabernacle céleste pour accomplir sa fonction. L’époque actuelle de l’absence de Jésus est donc la période de son service sacerdotal actif, alors qu’il continue d’intercéder pour nous en présence de Dieu le Père. Un jour, il reviendra, de la même manière dont il est monté au ciel (Actes 1,11). La seconde venue de Jésus n’est pas un événement futur isolé, mais l’aboutissement tant attendu de tout ce qu’il a déjà fait.
La clé : Psaume 110
Tout ce que j’ai dit, vient du Nouveau Testament qui a écrit par les apôtres et les évangélistes après l’Ascension. Alors une autre question se pose : Comment les apôtres savaient-ils que Jésus s’est assis à la droite de Dieu sur le trône céleste ? Ils n’en ont pas été témoins. Ils ont vu que Jésus disparu dans les nuées, mais ils n’ont pas vu ce qui s’est passé après dans le ciel de Dieu. Aucun être humain sur terre aurait pu le voir. Et Jésus n’est pas non plus redescendu pour leur faire le rapport de son couronnement et son intronisation célestes. Alors, comment pouvaient-ils en être si sûr ?
La réponse est que Jésus lui-même leur a donné la clé, qui se trouve en Psaume 110. Un texte tout à fait étonnant, concernant un roi et un prêtre.
Déclaration du Seigneur (YHWH) à mon seigneur :
« Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied.
Le Seigneur tendra de Sion le sceptre de ta puissance : domine au milieu de tes ennemis…
Le Seigneur l’a juré, il ne le regrettera pas : « Tu es prêtre pour toujours, à la manière de Malki-Tsédeq. »
Alors, qui est le Seigneur qui va s’asseoir à la droite du Seigneur, l’Éternel ?
Psaume 110 est une prophétie prononcée par David concernent le Messie, le Sauveur à venir. Il sera un roi humain (fils de David) et aussi divin (Seigneur de David), il sera également un prêtre éternel (à l’image de la figure mystérieuse de Malki-Tsedek en Genèse 14).
Jésus lui-même a cité ce Psaume pour dire que c’est une prophétie concernant le Messie, et que le Messie est à la fois le fils de David, donc humain, et le Seigneur de David, donc divin :
Jésus, continuant à enseigner dans le temple, dit : « Comment les scribes disent-ils que le Christ est fils de David ? David lui-même, animé par l’Esprit-Saint, a dit : ‘Le Seigneur a dit à mon Seigneur : assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied.’ David lui-même l’appelle Seigneur ; comment donc est-il son fils ? Et une grande foule l’écoutait avec plaisir » (Marc 12,35-36).
Plus tard, devant le Sanhédrin, Jésus a affirmé qu’il est lui-même le Christ, en citant ce Psaume 110 et la prophétie de Daniel 7.
Le souverain sacrificateur l’interrogea de nouveau, et lui dit : Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ? Jésus répondit : Je le suis. Et vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel (Marc 14,61-62).
Pas une éclipse mais le point culminant
Résumons :
L’Ascension n’est pas l’éclipse de Jésus tout simplement, ce n’est pas une absence gênante à expliquer. Elle n’est rien de moins que le point culminant de la passion du Messie.
Pour que Jésus soit le véritable roi messianique, celui qui, selon la prophétie, vient vaincre les ennemis de l’humanité, il faut qu’il monte au ciel.
Pour que Jésus soit le Grand Prêtre, préfiguré dans les rituels du temple d’Israël, il doit achever le rituel en portant son sacrifice dans la présence de Dieu.
Règne de Dieu – souveraineté générale et royaume du salut
Pour terminer notre réflexion, nous voulons souligner deux distinctions en ce qui concerne Jésus le Roi et le règne de Dieu. D’abord, il y a dans la Bible deux dimensions du Royaume ou règne de Dieu.
D’une part, le règne de Dieu dans toute sa souveraineté. C’est le règne de Dieu dans la création. Il règne par les lois de la nature, et par sa providence il maintient l’univers. Tout le monde tombe sous ce règne, qu’il croie en Dieu ou non. Vous êtes dans ce royaume de Dieu, que vous le vouliez ou non. On ne choisit pas d’y être ou non. Cela fait partie du fait d’être une créature. Dieu règne. En ce sens, le royaume est virtuellement équivalent à la souveraineté divine ou à la providence divine. Dieu règne, et chacun, chaque chose, chaque événement, chaque élément, chaque matière, chaque pensée, tout est finalement soumis à cette souveraineté.
Dieu règne sur tout. C’est le sens de nombreux versets du psaume.
C’est au Seigneur qu’appartient la terre, avec tout ce qui s’y trouve, le monde avec tous ceux qui l’habitent… Qui est ce roi glorieux ? Le Seigneur, le fort, le héros (24,1 et 8).
C’est le Seigneur (YHWH) qui est roi. Que la terre soit dans l’allégresse, que la multitude des îles se réjouisse… Le ciel dit sa justice, et tous les peuples voient sa gloire (97,1 et 6).
Je t’exalte, mon Dieu et mon Roi (145,1).
D’autre part, le Royaume de Dieu ou Royaume du ciel signifie ce que l’on pourrait appeler le sous-ensemble du règne de Dieu sous lequel il y a la relation avec Dieu, la vie éternelle, le salut. Jésus parle de ce règne quand il dit ; « Si quelqu’un ne naît de nouveau, il ne peut voir [ou entrer] dans le royaume » (Jean 3,3-5). En ce sens, il est clair qu’il y a des gens qui sont dans le royaume et d’autres qui n’y sont pas. Il ne faut pas confondre cela avec la souveraineté de Dieu. Il s’agit du sous-ensemble de la souveraineté générale de Dieu sous laquelle il y a la vie. C’est donc dans ce sens que le royaume vient.
Le royaume de Dieu au sens de la souveraineté ne vient pas. Il est là. Il est inévitable. Il est éternel. Il est primordial. Il est venu depuis toujours et ira jusqu’à l’éternité. Vous ne pouvez pas lui échapper. Vous n’êtes jamais en dehors de lui. Mais si le terme « royaume » fait référence à ce sous-ensemble dans lequel il y a le salut, la réconciliation, le pardon, la vie éternelle et ainsi de suite, alors on parle de la venue du royaume, et cela ouvre la possibilité d’y entrer, de vivre comme des sujets du roi par excellence.
Ce royaume du salut est déjà présent d’une manière embryonnaire dans la people d’Israël, que l’Éternel a formé et avec lequel il est entré en alliance, pour qu’ils soient un royaume de prêtres. La Torah, les psaumes et les livres de prophètes témoignent d’une relation personnelle avec Dieu qu’un certain nombre d’Israélites ont vécue. Mais il fallait attendre la venue de Jésus pour que ce royaume se manifeste clairement, car c’est lui qui en a posé la base, une fois pour toutes, par sa mort et sa résurrection et son ascension. Désormais, Juifs et non-Juifs peuvent y entrer par la foi et vivre la nouvelle vie du règne de Dieu par Jésus-Christ.
Présent et avenir : le Royaume est venu, et il n’est pas encore là
Cela nous amène à une seconde distinction importante, entre le présent et l’avenir.
Dans un certain sens le royaume est apparu avec la venue du Christ. Ainsi, Jésus, après sa résurrection, peut dire : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre » (Matthieu 28,18). Il règne donc déjà. Non seulement il règne avec toute autorité, mais toute l’autorité de Dieu sur la création et dans le royaume du salut passe par lui, selon 1 Corinthiens 15,25-28.
Dans un autre sens le royaume n’est pas encore définitivement là. Sous le règne médiateur du Roi Jésus, ce règne est contesté. Il y a du bon grain, mais aussi de l’ivraie qui poussent dans le monde. Or, le temps viendra où les royaumes de ce monde deviendront le royaume de notre Dieu et du Christ, quand le dernier ennemi, la mort, sera détruit (Apocalypse 11,15 ; 1 Corinthiens 15,26).
Il y a donc une distinction à faire entre le déjà maintenant et le pas encore, entre le présent et l’avenir. C’est cette distinction qui se cache derrière la prière du Seigneur : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Matthieu 6,10).
Au ciel, la volonté de Dieu s’accomplit sans être contestée. Et il viendra un temps, dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, où elle ne sera contestée nulle part. Mais pour l’instant, elle est contestée, même si le Christ règne, même si la souveraineté de Dieu n’est pas supprimée. C’est pourquoi nous prions : « Que ton règne vienne » – c’est-à-dire d’une manière dans laquelle il n’est plus contesté.
C’est l’Ascension, justement, qui met en perspective la venue définitive du Royaume de Dieu. « Il reviendra de la même manière… »