Dans la Bible, lorsque Dieu veut parler à quelqu’un, il envoie parfois un messager, d’autres fois il apparaît directement. Mais il arrive aussi que Dieu se tienne là, juste devant notre porte, et il attend qu’on le remarque et qu’on prenne le temps de l’accueillir.
Cela a été le cas pour Abraham, l’ancêtre du peuple juif. À 75 ans, Dieu lui a promis une descendance, il lui a même promis que cette descendance sera une bénédiction pour toutes les nations de la terre. (Manifestement, à cette période de l’histoire, on pouvait encore avoir des enfants à 75 ans.) Le problème c’est que sa femme Sara était stérile. Alors au bout d’un certain nombre d’années, Sara a dit à Abraham : « prends ma servante pour faire un enfant avec elle ». C’était une pratique tolérée à l’époque par la culture, un peu comme les mères porteuses de nos jours.
Cette union a donné naissance à Ismaël. Mais Dieu est apparu à Abraham et lui a annoncé qu’il n’est pas l’enfant de la promesse. L’enfant promis sera issu de sa femme Sara, et son nom sera Isaac. Abraham n’a pas cru tout de suite car il était très âgé : il avait 99 ans et sa femme 89 ans. Mais Dieu lui a affirmé avec certitude que cela arrivera, alors il a cru.
Si vous avez un peu suivi la série de prédications sur Abraham, vous avez déjà connaissance de ce que je viens de résumer. Dans le livre de la Genèse, Dieu n’arrête pas de rappeler qu’il tient ses promesses. C’est encore le cas ici !
En lisant le texte, je me suis dit : qu’est-ce que je vais bien pouvoir en dire ? La promesse de Dieu a déjà été répétée plusieurs fois. Qu’y a-t-il de nouveau dans ce texte ? Et en regardant le récit de plus près, même si Dieu redit la même promesse, il se passe beaucoup de choses intéressantes.
Par exemple, au lieu d’apparaître devant Abraham pour lui parler, Dieu va se tenir debout devant lui et il va attendre qu’Abraham l’accueille autour d’un repas. Et c’est seulement à table que Dieu va parler.
Il y a aussi beaucoup de choses étranges. Par exemple, on nous dit que Dieu apparaît à Abraham, et puis Abraham lève les yeux et il voit trois hommes. C’est un peu mystérieux.
Je vous invite à lire ce texte dans le livre de la Genèse au chapitre 18, les versets 1 à 15.
1 L’Éternel apparut à Abraham parmi les chênes de Mamré, alors qu’il était assis à l’entrée de sa tente pendant la chaleur du jour.
2 Il leva les yeux et vit trois hommes debout non loin de lui. Quand il les vit, il courut depuis l’entrée de sa tente à leur rencontre et se prosterna jusqu’à terre. 3 Il dit: «Seigneur, si j’ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe pas loin de ton serviteur.
4 Permettez qu’on apporte un peu d’eau pour vous laver les pieds et reposez-vous sous cet arbre. 5 J’irai prendre un morceau de pain pour vous restaurer, puis vous continuerez votre route, car c’est pour cela que vous passez près de votre serviteur.» Ils répondirent: «Fais comme tu l’as dit.»
6 Abraham s’empressa d’aller trouver Sara dans la tente et dit: «Prends vite 22 litres de fleur de farine! Pétris-la et fais des gâteaux.»
7 Abraham courut à son troupeau, prit un veau tendre et bon et le donna à un serviteur qui se dépêcha de le préparer. 8 Il prit encore du lait caillé et du lait, avec le veau qu’on avait préparé, et il les mit devant eux. Il se tint lui-même à leurs côtés, sous l’arbre, et ils mangèrent.
9 Puis ils lui dirent: «Où est ta femme Sara?» Il répondit: «Elle est là, dans la tente.» 10 L’un d’eux dit: «Je reviendrai vers toi à la même époque, et ta femme Sara aura un fils.» Sara écoutait à l’entrée de la tente, derrière lui.
11 Abraham et Sara étaient vieux, d’un âge avancé, et Sara ne pouvait plus espérer avoir des enfants.
12 Elle rit en elle-même en se disant: «Maintenant que je suis usée, aurai-je encore des désirs? Mon seigneur aussi est vieux.»
13 L’Éternel dit à Abraham: «Pourquoi donc Sara a-t-elle ri en se disant: ‘Est-ce que vraiment j’aurai un enfant, moi qui suis vieille?’ 14 Y a-t-il quoi que ce soit d’étonnant de la part de l’Éternel? Au moment fixé *je reviendrai vers toi, à la même époque, et Sara aura un fils.»
15 Sara mentit en disant: «Je n’ai pas ri», car elle eut peur, mais il dit: «Au contraire, tu as ri.»
Ce récit contient deux scènes. Abraham commence par accueillir les invités, ensuite il y a la discussion à propos de l’enfant à venir.
Commençons par le début.
[1. Abraham accueille les invités]
Le narrateur nous précise que Dieu apparaît à Abraham, mais on ne sait pas vraiment si Abraham en a conscience. Au début, il est assis à l’entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour. Cette première image me donne l’impression qu’Abraham s’ennuie. Il faut chaud, le soleil brille, il est à l’entrée de sa tente, il ne fait rien, il est juste assis. Et tout à coup, en levant les yeux, il aperçoit trois hommes debout à côté de lui. À partir de ce moment-là, tout s’accélère.
Regardez les verbes utilisés :
Verset 2 : il « court » à leur rencontre. Verset 6 : il « s’empressa » d’aller demander à Sara de cuisiner pour eux. «Prends vite 22 litres de fleur de farine! Pétris-la et fais des gâteaux» lui dit-il.
Verset 7 : « Abraham courut à son troupeau, prit un veau tendre et bon et le donna à un serviteur qui se dépêcha de le préparer ».
Le texte raconte tout de manière très brève, mais il a dû se passer beaucoup de temps entre l’arrivée des invités et le repas.
Il fallait pétrir le pain et cuire les gâteaux, il fallait aller chercher le veau, le tuer, le préparer, le cuisiner et le cuire. À l’époque, il n’y avait pas de cocotte-minute, pas d’électricité ni de gaz. Il fallait s’occuper de tout et ça demandait du temps. C’est seulement à table que la précipitation s’estompe. Abraham se retrouve de nouveau devant sa tente. Les invités mangent enfin. L’agitation s’est arrêtée.
Toute cette agitation, c’était pour arriver à ce moment précis où il allait prendre du temps pour être à l’écoute de ses invités. Beaucoup de commentateurs pensent que parmi les trois hommes, l’un d’eux était Dieu et les deux autres étaient des anges. Je trouve cela assez plausible puisque la suite du chapitre et la suite du livre nous donnent des indices dans ce sens. Quoi qu’il en soit, cette première scène où Abraham accueille ses invités peut nous faire réfléchir.
Je pense qu’Abraham a perçu la présence de Dieu parmi ses invités. Au début il n’en était peut-être pas certain à 100%, mais en passant du temps avec eux, ça a dû confirmer son intuition. Par exemple, les trois hommes connaissent le nouveau nom que Dieu a donné à Sara. Elle s’appelait Saraï et elle est devenue Sara. L’un des invités connaît aussi la pensée de Sara, Abraham n’a pas eu l’air très surpris. Ce genre d’indice me fait dire qu’Abraham avait probablement conscience d’accueillir Dieu. Il s’est donné beaucoup de peine pour accueillir ces hommes, pour les écouter. Est-ce que dans notre emploi du temps parfois bien chargé, nous nous donnons autant de peine pour accueillir Dieu ?
Parfois on pense que si Dieu veut nous parler, alors il n’a qu’à nous apparaître dans une vision. Parfois j’entends des gens dire : « moi je croirai en Dieu s’il m’apparaît et si je le vois ». Mais Dieu ne s’impose pas. Il se tient là. Abraham a levé les yeux, il a couru, il a invité et il a accueilli.
Jésus a dit : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi. » (Ap 3.20)
Dieu ne s’impose pas, mais il se rend présent. À nous de lever les yeux pour le voir, à nous de l’accueillir. Dans notre monde où tout va vite, prenons-nous du temps pour notre relation avec Dieu ?
C’est intéressant parce que dans le récit, les échanges ont lieu autour d’un repas. Dieu est un Dieu relationnel. Il cherche une relation avec nous. Nous sommes dans une société où nous courons souvent après le temps, nous sommes souvent fatigués à la fin d’une journée. Quelle place accordons-nous à la prière et à la Bible, Parole de Dieu ?
Est-ce que l’on considère la Bible comme un café : j’ai besoin d’énergie spirituelle, je vais lire une page et puis c’est bon je continue ma journée.
Personnellement je tombe très souvent dans cet écueil : il faut lire le calendrier biblique alors je le lis. Mais est-ce que j’ai préparé mon cœur à accueillir le verset biblique ? Est-ce que je m’arrête vraiment ou est-ce que je le fais le temps d’une pub à la télé ?
Les calendriers et les guides de lecture sont de bons outils et je vous encourage à les utiliser. Mais Dieu veut surtout une relation avec nous, cela ne passe pas que par la lecture d’une page par jour. Il nous demande de vivre selon son enseignement, il nous demande de communiquer avec lui par la prière.
Revenons à Abraham et à la dernière scène du récit, celle où les trois hommes annoncent la naissance de l’enfant.
[2. Annonce de la naissance de l’enfant]
Maintenant que les invités sont bien installés, ils demandent où est Sara. En fait, la question vise à s’assurer que Sara écoute bien ce qui va être dit. S’ils sont venus rappeler une fois de plus la promesse, c’est surtout pour que Sara puisse entendre elle aussi la promesse. La femme d’Abraham se trouve bien à côté, elle est juste dans la tente. On pense qu’elle ne se montre pas pour une question culturelle. À l’époque, les femmes ne devaient pas se trouver en présence d’un groupe d’hommes. Maintenant que Sara est aussi à l’écoute, ils annoncent la promesse : «Je reviendrai vers toi à la même époque, et ta femme Sara aura un fils.» (v. 10).
Sara n’y croit pas, elle est trop âgée pour avoir des enfants, c’est trop tard, elle rit dans son cœur. Mais l’Éternel pose la question : pourquoi a-t-elle ri ? Sara a beau nier sa réaction par peur que l’on découvre son manque de foi, mais Dieu lui sait tout. Il la reprend en disant : si tu as bien ri. Cette dernière scène nous apprend deux choses importantes.
Tout d’abord, on peut s’attendre à l’impossible avec Dieu. Y a-t-il quoi que ce soit d’étonnant de la part de l’Éternel?
Ensuite, Dieu connaît nos pensées, il sait lorsque nous doutons de lui, il sait ce qui ne va pas, il connaît nos joies, nos tristesses, nos défauts, nos péchés.
Et lorsque c’est nécessaire, il nous reprend, comme l’a fait avec Sara. Et comment est-ce qu’il nous reprend ? En nous disant la vérité. Sara avait bien ri, il lui a juste dit la vérité sur elle-même.
Sommes-nous prêts à accueillir la vérité ? Parfois ce n’est pas évident, parfois la vérité nous dérange. Mais c’est la vérité.
[Conclusion]
Pour conclure, prenons un peu de recul. Il y a plusieurs milliers d’années, Dieu a annoncé la naissance d’un enfant promis à Abraham. Cet enfant annonce la venue d’un autre enfant né miraculeusement. Nous allons bientôt entrer dans le temps de l’Avent, c’est-à-dire la période avant Noël. La fête qui célèbre la naissance de Jésus, l’envoyé que Dieu a promis à son peuple. Comment est-ce que nous accueillons Jésus dans notre vie ? Il s’est présenté comme étant le chemin, la vérité et la vie. Tout comme Abraham, réservons-lui un accueil digne de ce nom dans notre vie et dans notre emploi du temps.
Christian Huy