Élie (I) : Le « concours de Dieu »

Timothé DanielPrédicateur : Timothé Daniel

Date :
Dimanche 16 mai 2021
Références :
1 Rois 18 : 20-40

Introduction

J’aimerais vous emmener à partir d’aujourd’hui dans une série de trois prédications où l’on suivra une partie du parcours du prophète Élie.
Qui est Élie ? On le voit apparaître pour la première fois au tout début du chapitre 17 du premier livre des Rois où il est envoyé par Dieu pour dire au roi Achab qu’une sécheresse va arriver, en punition pour l’attitude du peuple et du roi qui se sont détournés de Dieu, comme on va le voir avec le texte que nous allons lire aujourd’hui. Cette sécheresse durera environ 3 ans.

(LECTURE DU TEXTE)

Pour replacer un peu le contexte de ce passage et nous donner quelques informations, on peut noter que :

  • Même si Élie se présente comme le dernier prophète de l’Éternel ce n’est pas tout à fait vrai, il en reste au moins cent autres qui sont mentionnés plus tôt dans le texte. Élie veut sûrement dire qu’il est le dernier qui ose encore parler de la part de Dieu.
  • Les chiffres qui sont annoncés concernant les prophètes de Baal (450) et ceux d’Ashéra (400) montre l’ampleur que la pratique de ces cultes a pris parmi le peuple d’Israël.

Le « concours de Dieu »

Quelle est la situation au début de ce récit ? Le peuple d’Israël s’est détourné de Dieu pour adorer des idoles et en particulier Baal. Mais la manière dont Élie s’adresse à eux, en leur disant qu’ils « sautent » des deux côtes montre qu’ils ne l’ont pas totalement abandonné. En fait ils pensent qu’ils peuvent continuer à adorer Dieu tout en se mettant à adorer aussi d’autres divinités.

Élie a pour but de leur montrer que cette attitude n’est pas possible et qu’ils doivent faire un choix. Il va donc organiser ce que l’on pourrait appeler tout simplement un concours de Dieu pour montrer, non seulement qui est le plus fort entre L’Éternel et Baal, mais qui est le seul vrai Dieu.

Fait notable : à ce stade du récit le peuple reste assez silencieux. Lorsqu’Élie les somme de choisir un parti ils gardent le silence, puis lorsqu’il leur explique comment les choses vont se dérouler ils acquiescent simplement.

Il est intéressant de noter que les termes de la confrontation ne sont pas choisis au hasard par Élie : il s’agit de prier que le feu descende du ciel pour consumer l’offrande qui a été disposée. Baal était considéré dans le culte des cananéens comme le Dieu du tonnerre, c’est-à-dire précisément le feu qui descend du ciel. Élie place l’affrontement sur ce qui est censé être le terrain de Baal. SI ce Dieu existe vraiment, s’il est vraiment ce que l’on dit de lui, alors il ne devrait avoir aucun mal à accomplir ce qui lui est ici demandé.

Et bien-sûr, comme nous l’avons lu, ce n’est pas du tout ce qui va se passer !

Après avoir disposé l’offrande, les prophètes de Baal se lancent dans des danses rituelles en invoquant Baal. Cette danse a dans le texte un écho particulier, en effet le mot employé pour danse est le même que lorsque Élie reproche au peuple de « sauter des deux côtés ». Un jeu de mots qui nous montre comment le peuple d’Israël lui-même est engagé dans une danse futile qui le porte tantôt du côté de Dieu, tantôt du côté de Baal. Mais comme la danse des prophètes de Baal reste sans effet, cette indécision du peuple d’Israël ne fait que réduire à néant la relation qu’ils pouvaient avoir avec Dieu.

Les prophètes de Baal on beau danser, cela ne produit rien, le feu ne descend pas du ciel.

Alors Élie se permet même de se moquer d’eux et de les provoquer. Manœuvre qui aurait pu lui coûter puisqu’elle aurait pu pousser les prophètes de Baal ou même le peuple à se retourner contre lui, mais qui va en fait pousser ces prophètes à redoubler d’efforts. Alors qu’ils prient et danses déjà depuis une demi-journée, ils se mettent maintenant à se sacrifier pour « faire bouger » leur Dieu.

Il y a une différence de sens frappante au sujet de la scarification rituelle selon le côté duquel on se place :

  • Dans les cultes païens c’est un synonyme de sacrifice de soi, on l’utilise comme moyen de prier plus fort, quitte à se faire du mal.
  • Dans le culte de l’Éternel elle est totalement proscrite (Dt 13.2-6) : Dieu n’a pas besoin que nous nous fassions du mal pour entendre nos prières.

Les prophètes de Baal sont épuisés, blessés après une journée entière de prière et de danse rituelle, et il ne s’est toujours rien passé.

C’est à ce moment qu’Élie va entrer en scène. Il prend douze pierres et rebâtit un autel qui se trouvait là. Il fait les choses dans les règles, selon la loi de Dieu. Il place le bois, prépare l’animal pour l’holocauste mais il creuse aussi une rigole autour de l’autel, assez grande pour contenir une trentaine de litres.

Et une fois tout en place il fait remplir quatre cruches d’eau qu’il fait verser sur l’autel, une fois, puis deux fois, puis trois fois. Dans un concours on l’on est censé faire brûler des choses, Élie utilise de l’eau. Et tellement d’eau que la rigole ( de 30 L) est remplie.

Il prie, et cette fois le feu tombe bel et bien du ciel. Tellement fort qu’il consume tout : la viande, le bois, et même les pierres et la terre, et réduit l’eau en vapeur.

L’eau était bien-sûr présente pour authentifier le miracle, et ce miracle est bel et bien authentifié.

Les conséquences

Cet épisode va bien-sûr avoir des conséquences , différentes selon les protagonistes :

  • Le peuple d’Israël se prosterne immédiatement et s’il avait été relativement muet jusqu’ici, cette fois il s’écrie « C’est l’Éternel qui est Dieu ». C’est un retour du peuple au vrai culte de l’Éternel, ainsi que son roi, même si ce retour n’est qu’une étape dans le va et viens incessant que l’on voit dans les livres des rois. A la suite de cet évènement la sécheresse va arriver à sa fin, ce qui montre qu’elle était bien en lien avec l’infidélité du peuple et du roi.
  • Les prophètes de Baal se retrouve du mauvais côté, ils sont exécutés. Cela peut paraître cruel mais c’est en fait l’application de la loi donnée par Dieu au sujet des faux prophètes. L’idolâtrie du peuple a des conséquences négatives, même s’il finit par se repentir et revenir à Dieu. Il en est de même dans nos vies : le pardon n’efface pas les conséquences que nous devons parfois traiter.
  • Élie a vécu un grand moment et pour lui les conséquences son ambivalentes : premièrement face à ce grand « succès » son ministère et son autorité se trouvent affermis et reconnus par tout le peuple, mais deuxièmement cet évènement va lui attirer les foudres de la reine Jézabel qui va se mettre en tête de l’éliminer, et cela ne va pas être facile à vivre pour lui, nous y reviendrons la semaine prochaine.

Conclusion

Qu’en tirer pour nous ?
Ce récit nous enseigne sur la puissance de Dieu et sur la futilité, l’inutilité de chercher ailleurs ce que nous trouvons déjà en lui. Le peuple d’Israël avait un statu de privilégié dans sa relation avec Dieu. Mais il a voulu aller voir ailleurs, faire comme les autres. A nous de nous garder de ce type d’attitude.
Le Dieu que nous chantons, que nous louons, dont nous parlons n’est pas un Dieu qui attend que nous souffrions pour lui, il est le Dieu qui a souffert pour nous. Face aux pseudo-dieux qui sont aux abonnés absents il est celui qui a pu nous dire « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » et qui, depuis, n’a cessé de tenir cet engagement, alors tournons-nous vers lui, sans compromis.

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