En qui je crois ?

Prédicateur : Yves Pizant

Date : dimanche 22 mai 2022
Références : 
Actes 9 : 1 - 6 (Cliquer ici pour lire le texte)

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Introduction

Le récit de la conversion de Paul peut être lu comme un exemple type de conversion au Seigneur. En cela, ce récit nous concerne parce que nous tous nous sommes appelés à la conversion. Bien sûr, nous ne persécutons pas l’Église comme le fit Paul, mais notre cœur n’est jamais à cent pour cent converti ; sans cesse, nous sommes appelés à reconvertir à Dieu la part de nous-mêmes qui s’en écarte, et cela suppose une démarche particulière.

La conversion de Paul

Certes, le texte nous montre une conversion particulièrement brutale, cette conversion rapide de Paul peut, bien sûr, se faire et se refaire chez nous en beaucoup plus de temps et d’une façon moins spectaculaire.

Mais qu’est-ce qui a provoqué la conversion de Paul ? Un simple dialogue qui tient en trois phrases : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? – Qui es-tu Seigneur ? – Je suis Jésus que tu persécutes »… et aussitôt, Paul se convertit.

On peut s’étonner de la simplicité voire même la trivialité, la banalité de ce dialogue. On ne voit pas en quoi ces quelques mots sans vrai contenu peuvent convertir de façon aussi radicale, Paul, et encore moins comment cela pourrait nous aider nous à nous convertir.

On peut donc soupçonner qu’il y ait là quelque chose de plus profond dans cet échange, et qui échappe à la première lecture.

Or, dans ce récit, le dialogue entre Dieu et Paul a lieu en hébreu. Et cette simple phrase : “ Je suis Jésus que tu persécutes ” qui convertit Paul peut se dire en hébreu de 2 façons différentes : Le mot qui signifie persécuter, peut aussi se traduire par rechercher, poursuivre et Yeshua, le nom de Jésus signifie : “ Dieu-sauve ”.

Voici donc qu’en hébreu, la phrase qui convertit Paul a un double sens, car elle peut aussi signifier : « Je suis Jésus, le salut que tu recherches ». Cela ne change en rien le sens, mais nous donne une meilleure compréhension : Ainsi, ce qui convertit Paul, c’est de comprendre que Jésus est le salut qu’il recherchait si fortement.

Paul se montre dans toutes ses épîtres comme étant un judaïsant zélé, passionnément en quête d’un salut impossible à mériter par ses propres œuvres.

Sa conversion va consister à comprendre que ce salut tant désiré, tant recherché, le Christ le lui offre gratuitement.

Notre recherche

Aujourd’hui, nous aussi nous sommes tous à la recherche d’une sorte de salut, qui donne un sens et un accomplissement à notre existence, à la recherche de ce qui pourrait nous permettre de surmonter l’échec personnel, nos déceptions…

Nous désirons au fond de nous-même, ardemment, une vie harmonieuse, et finalement nous sauver du sentiment d’insatisfaction profonde que peut donner notre existence.

Et se convertir, c’est comprendre que le Dieu de Jésus Christ est la réponse à la quête de notre vie.

C’est Jésus qui peut nous sauver, et accomplir notre existence.

C’est ça la conversion au Christ, c’est comprendre que Jésus est la seule réponse que nous puissions choisir à la question de notre vie.

Paul va comprendre cela, et c’est ainsi qu’il se convertit.

Ce n’est donc pas un dialogue superficiel de présentations mondaines, mais un dialogue intérieur très fort et extrêmement profond.

Les trois questions

Pourquoi ?

Mais pour arriver à pouvoir comprendre cela, il y a chez Paul, toute une démarche préalable qui peut être trouvée dans le début du dialogue, et qui est résumée par deux questions fondamentales.

La première question est « Pourquoi ? » « Pourquoi agis-tu ainsi ? » « Pourquoi ? » Ce terme interrogatif revient très souvent dans l’Évangile. Jésus n’arrête pas de solliciter ses interlocuteurs en leur demandant « pourquoi ? », « Pourquoi fais-tu cela ? »…

Par exemple, lorsque dans l’Évangile de Jean, un garde frappe Jésus, il lui dit simplement : « Pourquoi me frappes-tu ? » Et incité à réfléchir, le garde s’en va décontenancé.

Nous devons réfléchir sur le « pourquoi » de nos actions, chaque fois que nous agissons. Nous ne devons pas vivre sans savoir où cela nous mène. Le chrétien doit avoir cette qualité qui est louée par Notre Seigneur dans la parabole de l’intendant infidèle : « les enfants de ce siècle sont plus intelligents que les enfants de lumière », parce que les enfants de ce siècle réfléchissent à leur avenir mutuel. Et souvent, nous oublions dans notre vie, de réfléchir à ce vers quoi nous mène notre existence. Nous cédons à l’habitude… Paul ne savait pas ce qu’il faisait.

Paul agissait par habitude, pris dans une doctrine. La remise en cause de la question « pour-quoi » en deux mots, « agis-tu ? » est bien la question fondamentale de la foi, celle de l’objectif, de l’idéal de notre vie sans laquelle notre existence ne peut que mener à rien.

Qui es-tu ?

Or, la réponse de Paul, curieusement, sera une autre question, et encore plus curieusement, une interrogation qui semble n’avoir aucun rapport avec la question posée.

Il dit : « Qui es-tu Seigneur ? » Je pense que par-delà un discours banal qui ressemblerait à une sorte de “ mais qui est à l’appareil ? …” il s’agit là d’une question très profonde.

En effet, Paul devait très bien savoir que c’était Dieu lui-même qui lui parlait.

Pour un homme de la Bible, quand une voix parle du ciel, avec une grande lumière, il ne peut s’agir que de Dieu, et d’ailleurs Paul s’adresse à la voix en disant “ Seigneur ” ce qui est le titre même de Dieu.

Question profonde et essentielle, car c’est une question sur Dieu.

Qui es-tu Seigneur ? Vraiment ?

Quel est le Dieu dans lequel je crois. ?

Paul pensait le servir, il en avait une conception bien précise, il le faisait avec zèle, il pensait lui obéir, parce qu’il avait une connaissance de Dieu, et sur ce point peu pouvait prétendre lui en apprendre. Néanmoins, il se trompait. :

En qui est-ce que je crois ? Et c’est cela la foi, par delà le côté émotionnel d’un sentiment de la présence de Dieu que l’on a plus ou moins, ce qui est essentiel, c’est que notre vie soit orientée de façon juste, et non pas une sorte d’errance dirigée seulement par les opportunités, par les urgences du quotidien ne nous menant à rien.

La foi qui nous sauve, c’est celle qui me fait regarder vers ce Dieu d’amour qui dirige notre vie. Il essentiel de ne pas laisser l’élaboration de cette foi se construire sans réflexion. Il faut prendre du recul, réfléchir, se questionner et se remettre en question pour savoir vraiment en fin de compte en qui nous croyons, quel est notre Dieu. Car c’est en fin de compte, l’image que j’aie de Dieu qui me fait avancer et vivre dans une bonne ou mauvaise direction.

La question « Qui es-tu Seigneur », à son étape salutaire, mais elle doit néanmoins, sans cesse être posée, dans notre cheminement.

Quelle image ai-je de celui que je prétends connaître et servir ? Un surveillant ? Un grincheux ? Un despote ? Un sage sévère ? Un pur au cœur d’acier ? Un père aimant et plein de compassion ?

Qui es-tu Seigneur, pour moi aujourd’hui, parce que je comprends que de la réponse va dépendre ma vision des choses, de ma propre vie, de celle du monde, de l’Église, de mon service…..

« Je suis, moi, le Christ, le Salut, le but, le sens profond que tu recherches ».

Il n’est pas le but à atteindre, il est le but à recevoir.

Jésus est mon salut. C’est dans cette grande démarche que se trouve, je le crois, l’essentiel de la vie chrétienne.

Nous sommes tous appelés à nous convertir un jour, et à nous reconvertir chaque jour. Il nous reste donc comme Paul sans cesse à nous arrêter sur notre chemin pour se confronter aux deux grandes questions du « pourquoi fais-tu cela » et du “ qui es-tu en fin de compte » ?

Si j’ai cette image d’un Dieu figé comme sur une photographie, qui n’évolue pas, je suis en danger de rester figé aussi sur papier glacé. Christ est vivant, il se révèle tout à nouveau au travers de sa Parole, et si je suis cet éternel insatisfait de ma propre existence chrétienne, il m’interpelle de façon à ce que je puisse dire « Qui es-tu Jésus » ? « Je suis ton salut, celui qui a donné sa vie par amour pour toi » et cela devrait me suffire à vivre à nouveau.

Que ferais-je ?

Il reste ensuite, comme Paul à poser la dernière question :

« Seigneur, que ferais-je ? » Et là encore c’est une réflexion fondamentale qui est peut-être l’essence même de la prière, de demander à Dieu, comme le fit le petit Samuel : “ Parle Seigneur, car ton serviteur écoute ”. Non, la conversion, n’est pas un changement de religion, un humanisme teinté de spiritualité, mais c’est se tourner résolument vers Dieu, c’est un questionnement, qui ne nous laisse pas sur place, à tourner en rond, mais qui nous envoie en mission pour travailler dans la Vigne du Seigneur, c’est-à-dire pour se mettre au service des vérités évangéliques auxquelles nous croyons. Là est le Salut que nous cherchons, là est la vie, la joie, la Paix et la lumière. Amen

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