Faire son lit, les rituels qui façonnent nos vies

Prédicateur : David KUGLER

Date : dimanche 8 septembre 2019
Référence : Genèse 1

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Lecture

Première prédication de l’année scolaire, alors commençons par le commencement :

Lecture de Genèse 1

Une nouvelle année scolaire, une nouvelle année un peu particulière pour notre Église, comme vous le savez.

Je vous propose de partager quelques réflexions sur les enseignements que nous pouvons trouver dans des gestes très simples, basiques, usuels de notre quotidien. J’essayerai de vous proposer cette année, quelques prédications qui auront comme point commun, les moments ordinaires d’une journée, associés aux moments extraordinaires de notre vie spirituelle.

Peut-être pour affirmer déjà de façon forte dès le début de mon propos, qu’il n’y a pas à mon sens, dans nos vies, une partie profane et une partie sacrée, ces deux sphères étant séparées et sans influence l’une sur l’autre. Pensez-vous que le temps passé à l’Église soit plus important aux yeux de Dieu que celui passé sur notre lieu de travail ou au sein de notre foyer ? Existe-t-il un classement de distinction et d’attention de la part de Dieu des vies de ses enfants où seraient en tête les grands évangélistes, américains bien sûr, et se termineraient par les petits paroissiens du fond de la salle, français bien sûr, et peut être même Nîmois,… de l’Église libre.

Je ne le pense pas.

Ce qui appuie ma conviction que Dieu prend en compte tous les moments de notre vie de la même façon c’est, une fois encore, cette vision de son fils sur la terre, cette incarnation, cette parole qui se fait homme, qui travaillait, qui dormait, qui mangeait, qui allait à la pêche ou dans des fêtes et qui nous est relaté dans les évangiles. Notre Bible n’est pas seulement un recueil de prières ou de recommandations, c’est aussi un récit de vies quotidiennes et de détails de ce qui se passent dans les maisons ou sur les lieux de travail des protagonistes.

Le profane est empreint de sacré, notre corps, notre plaisir, nos peurs, nos lassitudes, nos amitiés, nos disputes, tout s’inscrit dans la formation qui nous amène vers les créatures que sommes destinées à devenir.

Vous posez vous la question sur l’habitude de faire son lit ?

A quoi bon faire son lit ? De toute manière, je vais le redéfaire le soir. La vaisselle, il faut la laver pour pouvoir la réutiliser pour manger, la lessive sert à avoir des vêtements propres, par contre notre lit remplit tout aussi bien son rôle avec les draps en désordre que quand ils sont soigneusement bordés et sans un pli.

Un sondage a démontré qu’à la question « faites-vous votre lit », les gens répondaient avec un enthousiasme surprenant, certains le font tous les jours, avant toutes choses, d’autres avouent, ne jamais le faire et pour certain, ne pas faire son lit revient à ne pas se brosser les dents ou ne pas payer ses impôts. Beaucoup de personnes le font le soir avant de se coucher et certain affirment que faire son lit change la vie, et procure bonheur et réussite.

Dans le récit de la création, Dieu transforme le chaos en ordre et en beauté. Nos tous premiers gestes de la journée sont tout aussi importants que tous les autres et nos ordres miniatures dans nos chaos miniatures, peuvent être déterminants pour le reste de nos journées. Ce temps passé à tirer les draps, à ajuster les couvertures et peut être à s’asseoir sur ce lit en ordre pendant quelques minutes permet d’inviter Dieu dans notre journée ; Cela peut être un moment pour lui exposer mes soucis, mes espoirs, mes questions et me dire, me rappeler, tout simplement que cette journée, Dieu l’a écrite, nommée et lui a donné un objectif.

Je vous propose 3 idées qui ressortent de ce texte et de la bonne habitude de faire son lit tous les jours.

La recherche de la nouveauté

– nous aspirons à la nouveauté et à la stimulation mais peut être, pour cela il est important d’accepter ce qui est répétitif, traditionnel et même monotone.

Une étude passionnante mais quelques peu troublante, menée par l’université de Virginie, a démontré que de nombreuses personnes, si on leur laisse le choix, préfèrent se faire électrocuter que rester seules avec leurs pensées. On a d’abord infligé une légère décharge aux participants : tous ont déclaré qu’elle était désagréable et qu’ils seraient prêts à payer pour ne pas en subir une autre. Mais une fois seuls dans une pièce vide pendant quinze minutes, avec rien d’autre à disposition qu’un bouton déclenchant l’électrocution sans aucune distraction, ni la possibilité d’utiliser leur téléphone ou d’écouter de la musique, deux tiers des hommes et un quart des femmes ont choisi de s’infliger eux-mêmes une décharge plutôt que de rester assis dans le silence. Les scientifiques en psychologie de l’université expliquent, en partie ce résultat par l’attraction des humains pour tout ce qui est inattendu et extérieur à soit. Le triomphe extraordinaire et tellement inattendu du téléphone portable et des réseaux sociaux, en sont la parfaite illustration, leurs omniprésences peuvent s’apparenter à des addictions généralisées.

Laisser-moi vous proposer un remède à ce besoin que nous avons tous.

Faisons notre lit tous les matins et asseyons-nous quelques minutes sur les draps ou la couette bien en ordre Ce geste nous apprend à ralentir, à trouver le courage d’accepter les jours monotones en nous disant que c’est dans ces petits moments que Dieu nous rencontre et donne un sens à ces journées ordinaires. Ces petits instants sont d’une grande importance car ils sont le lieu même de notre adoration. Dans une culture qui court après tout ce qui est grand, divertissant spectaculaire et choquant (parfois littéralement), il est nécessaire de garder précieusement une place pour le silence et la répétition, pour entretenir une vie de foi C’est une façon efficace d’adorer notre Dieu.

Alors répétons de bonnes actions

Et c’est la deuxième proposition que je vous fais   L’énumération et la répétition des actions de création de Dieu dans le premier livre de la Genèse, ne vous interroge t’elles pas ? Dieu aurait pu créer toutes choses en un jour ou alors que l’évocation des jours ne soit pas mentionnée. Mais la Genèse nous dit que Dieu commence par cette première action de création de la lumière, le premier jour, et il vit que la lumière était bonne et ainsi de suite pendant six jours Il répète son action de création et le rythme du texte aide à comprendre l’importance de cette répétition journalière comme si Dieu, des le commencement insistait sur l’importance des journées et l’importance de l’évaluation de ce qui se passe dans les journées, il y eu un soir et il y eu un matin et Dieu vit que c’était bon.

Je pense que notre cœur et nos affections sont façonnées par ce que nous refaisons sans cesse. Nous sommes appelés à faire et refaire et refaire encore des actions pour lesquelles, après les avoir vus, puisse dire que c’était bon. Cela peut commencer par ces quelques minutes sur son lit fait, mais soyons certain que si nous servons le Seigneur Jésus Christ, nos journées seront remplies de combats spirituels, de temps de repentance et de victoires petites ou grandes, et ce de façon quotidienne. Et nous aurons maintes fois l’occasion de réaliser ce que l’appréciation de Dieu appellera une bonne action.

Sur le mur d’une communauté, il y avait cette inscription « tout le monde veut une révolution mais personne ne veut faire la vaisselle. »

Nous faisons peut-être partie des chrétiens qui aspirent à la révolution, le salut de Jésus Christ est une révolution et nous désirons que tout soit restauré avec grandeur et beauté, mais je me rends compte qu’on ne peut pas faire la révolution sans apprendre à faire la vaisselle.

Pour entretenir notre vie chrétienne, nous avons besoin d’une vie spirituelle calme, répétitive, et ordinaire Nous aurions quelques fois tendance à rechercher l’excitation d’une foi audacieuse mais je pense que c’est dans nos quotidien, dans les moments où l’ont fait son lit, où l’on fait la vaisselle, dans ces moments où nous pouvons passer du temps avec Dieu, dans le calme sans être parasité par le monde extérieur, que la transformation opérée par Dieu prend racine et grandit.

Nos priorités

Et c’est la raison pour laquelle il nous faut réaliser l’importance et la priorité de nos temps Que faisons nous de notre temps, et c’est mon troisième point avant de conclure.

Quand j’étais ado et je crois que je le suis encore un peu, je n’aimais pas les phrases du style « il faut mettre Dieu à la première place dans ta vie  » ou « il faudra passer toute sa journée avec Dieu » ou même le premier commandement de Jésus « tu aimeras ton Dieu de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée. »

Je ne les aimais pas parce que je ne les comprenais pas et parce que je trouvais cela impossible, irréalisable. Et plus je les entendais, plus je me crispais en arrivant même à culpabiliser et à remettre en question mon salut.

Alors ce matin, je ne souhaite absolument pas juger ou créer des sentiments de culpabilité par mes propos, car effectivement ces demandes sont inatteignables quand elles sont posées comme des défis ou des challenges à atteindre. Il n’est pas possible, désolé de vous le dire, de se lever le matin et de décréter qu’aujourd’hui j’aimerai Dieu de toute ma pensée,… surtout si je n’ai pas fais mon lit …

Ce n’est pas possible…

Pour moi ces versets peuvent pourtant affirmer deux choses :

Tout d’abord et c’est souvent le cas dans une vie avec Dieu, ce ne sont pas des objectifs à atteindre, ce ne sont pas des défis à relever mais c’est tout simplement le résultat de l’amour de Dieu pour nous. Ce sont des cadeaux que Dieu nous fait ; Nous sommes lavés par le sang de Christ pardonnés, nous sommes de magnifiques créatures aux yeux de Dieu ! Combien nous devons l’attrister quand nous nous dévalorisons, quand nous nous trouvons laids ou sales Nous sommes des êtres magnifiques aux yeux de Dieu et notre âme est apte et capable d’aimer Dieu et de le mettre à la première place dans nos vies.

Et deuxièmement cela ne se fait pas en un jour, il faut une progression, comme tant de choses dans la création. Je suis émerveillé par les étapes dans les processus de maturation des plantes ou les avancées journalières d’un bébé dans le ventre de sa maman. Un petit progrès par jour, une avancée après l’autre, petit à petit, une victoire après l’autre.

Et ce qui est extraordinaire c’est que Dieu dans son amour, permet aux hommes, de participer à cette transformation Il ne nous dit pas, ne fait rien, ne bouge pas, ferme les yeux, non, il nous dit participe avec moi, soit acteur avec moi de ce que tu vas devenir C’est une marque de son amour Une femme qui attend un enfant ne peut pas faire n’importe quoi, elle doit déterminer les priorités de son temps et de ces espaces de vie en conséquence avec ce qui se passe lors de sa grossesse, de même si vous plantez des fleurs fragiles, vous savez que si vous les laissez en plein soleil ou si vous ne leur accordez pas de temps juste pour les arroser, elles ne grandiront pas ou en tous cas pas très vite.

C’est le troisième point important : le temps et l’attention, que nous pouvons accorder à Dieu quand nous faisons notre lit. Cette décision, que nous prenons pour mettre tout de côté et le laisser entrer en relation avec nous, c’est nous qui devons la prendre. Dieu nous laisse la responsabilité de déterminer le temps et les lieux que nous lui consacrons, juste pour lui parler et le laisser nous parler Et si nous faisons ça, si nous arrivons à lui, proposer progressivement un peu de temps chaque jour alors il nous fera grandir et écoutez bien cela : Je pense que la maturité spirituelle ne se mesure pas au temps passé à l’Église ou au temps à prêcher, à faire tout un tas d’activité La maturité spirituelle se mesure au temps passé avec Dieu Au temps passé avec Dieu dans toutes nos journées, que ce soit seul dans sa chambre, devant un coucher de soleil sous la pluie ou en Église.

Conclusion

David, écoutes bien et met en pratique :

Faire son lit c’est accepter et aimer ce qui est traditionnel, répétitif et quelques fois monotone… mais qui le deviendra de moins en moins et t’aidera à progresser.

Faire son lit c’est mettre de l’ordre dans ton chaos, c’est ranger ce qui doit être rangé, ne pas laisser dans ta vie des choses en désordre et prendre la décision de s’attaquer aux draps, aux couvertures, aux oreillers pour que tout soit bien comme il le faut dans ta chambre.

Faire son lit c’est essayer de répéter tous les jours une bonne action, n’ai pas peur, n’ai pas honte, n’ai pas la flegme de faire une bonne action tous les jours, cela te fera grandir aux yeux des hommes mais aussi aux yeux de Dieu.

Faire son lit et s’asseoir quelques minutes dessus, c’est donner du temps à Dieu pour qu’Il te fasse grandir, qu’il te parle et que tu puisses petit à petit lui permettre d’être à la première place dans ta vie.

La prochaine fois, si Dieu me prête vie – j’aime beaucoup cette expression – et si le conseil me demande encore de prêcher, nous parlerons de l’épreuve universelle de la perte de nos clés.

Nos moments d’exaltations vont de pair avec les bâillements que nous réprimons, ils font partie de notre vie, c’est une vie que Dieu a prise dans la sienne, c’est une vie que Christ a lui-même endossé qu’il a donc secourue et rachetée. Nous pouvons goûter le pain et le vin, mais aussi le beurre et la confiture. L’Éternel est bon. Le moindre centimètre carré de notre vie, la moindre seconde lui appartiennent. A lui soit toute la Gloire.

Amen.

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