Prédicatrice : Pasteure Joseline WAECHTER
Date : Dimanche 27 mars 2022 Références : Jean 2 : 1 - 11 (Cliquer ici pour lire le texte)
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Cana
Nous sommes transportés aujourd’hui à Cana, qui n’est qu’à 6 km environ de Nazareth. Les gens, à l’époque, savaient bien marcher, cela leur faisait une petite heure à pied, ce n’était donc pas très loin.
Nous avons pu regarder à Noël, sur C8, le début de la série The Chosen, nous avions presque l’impression d’y être.
Marie est très certainement une grande amie des parents du marié, puisqu’elle est invitée, ainsi que Jésus et ses douze disciples, et aussi ses autres fils (v.12), et peut-être aussi les épouses de ses fils qui étaient déjà mariés ? Ça en a fait du monde, une bonne vingtaine au minimum. Pour ceux qui ont déjà assumé le mariage de l’un de leurs enfants, vous savez qu’on n’invite – en principe – pas autant de membres d’une autre famille sans être très proches d’eux.
Peut-être aussi que la réputation de Jésus depuis son baptême par Jean-Baptiste et la création de sa petite école biblique, avaient suscité un peu de curiosité, contribuer ainsi à leur invitation, malgré leur nombre.
A l’époque, les fêtes de mariage duraient au moins une bonne semaine. Cela impliquait de nourrir et loger tous leurs invités, qu’ils viennent de loin ou de près. Il s’avère manifestement que le marié à qui incombaient les frais n’était pas riche. Il avait calculé au plus juste les provisions…
Et c’est la catastrophe ! La réserve de vin est partie trop vite. Si les invités terminent le mariage avec de l’eau, on n’a pas fini d’en parler pendant des années : Ah oui, c’est celui dont les parents n’avaient pas acheté suffisamment de vin, vous vous souvenez ?
En bonne amie, Marie a dû être mise dans la confidence de l’embarras de la famille. Elle va donc agir en amie, elle sait très bien qui est son fils.
Aujourd’hui, nous laisserons de côté le miracle en lui-même, qui ne pose pas de problème fondamental à notre foi.
- En effet, si Dieu n’existe pas, c’est impossible, tous les incroyants vous le diront, c’est logique… C’est comme pour la naissance de Jésus par le Saint-Esprit.
- Mais, si Dieu existe, et c’est la raison de notre présence ici ce matin, nous croyons – comme le dit Hébreux 11.6 que Dieu récompense la foi de ceux qui s’approchent de Lui.
- Il est le créateur de l’univers,
- Il est le créateur de toute notre terre,
- Il est le créateur de tous les petits détails de ce que nous voyons et vivons : l’eau, le raisin, le vin, les cruches…
Un miracle n’est donc rien pour lui, c’est juste une petite exception aux règles de la nature que – Lui – a établies. Il a donc parfaitement le droit de faire ce qu’il veut, quand il veut, comme il veut, pour qui il veut !
Nous examinerons donc plutôt les relations, les liens qui s’instaurent entre les personnes dans ce mariage, comment elles ont vécu ce miracle, chacun reconnaissant à l’autre sa vraie place dans la relation. Nos relations dans l’Église sont à l’image de ce qui y a été vécu, c’est très intéressant…
Marie vient donc parler à Jésus. Elle ne doute pas un seul instant qu’il va intervenir ! C’est curieux car Jésus n’avait fait aucun miracle jusqu’à présent. Marie doit se rappeler ce qu’avait fait la foi du prophète Élisée : il avait permis à une pauvre veuve, et à ses enfants menacés d’esclavage, de remplir d’huile tout un tas de vases, à partir d’un tout petit peu d’huile au départ (2 Rois 4).
Marie devait pressentir, espérer un miracle similaire.
Elle le lui demande gentiment, discrètement.
Seulement Marie a oublié plusieurs choses :
- Nous les mamans, mais aussi les papas, nous avons beaucoup à apprendre de cette histoire par rapport à nos enfants.
- Marie a oublié qu’il est devenu un homme, 30 ans, qu’il n’est donc plus le petit garçon à sa maman !
Aïe, ça c’est dur à apprendre,
c’est dur à admettre,
c’est dur à vivre au quotidien. - Marie doit aussi ré-apprendre qu’il n’est plus seulement son fils à elle,
mais qu’il est aussi le Fils de Dieu.
Cela fait toute la différence (avec nos enfants aussi d’ailleurs ).
Dorénavant, Marie va devoir le partager, le prêter aux autres, et c’est cela qui va tout déclencher.
La réponse de Jésus peut surprendre, et même être mal comprise, car elle nous semble un peu brutale…
- Littéralement, « Femme, quoi entre toi et moi ? »
On aurait tendance à trouver que Jésus la remet un peu brusquement à sa place, qu’il l’interpelle un peu grossièrement.
En effet, c’est la même expression que les démons utilisent quand ils parlent à Jésus (Marc 1.24, Luc 4.34+41) : « pourquoi viens-tu te mêler dans nos affaires, ce n’est pas encore le moment », ce à quoi Jésus leur répond fermement : silence (parce que nos Bibles sont polies) = littéralement : « soyez muselés, fermez-la ».
Or il n’y a rien de tel avec sa mère. Jésus qui n’a jamais péché respecte parfaitement le 4e commandement : « honore ton père et ta mère ».
A l’époque, on s’adressait effectivement à un homme dont on ne connaissait pas le nom « homme,… », ou à une femme « femme,… » sans que ce soit injurieux. On pourrait donc transcrire ce que Jésus a dit à sa mère :
- Madame, voulez-vous me dire comment faire mon travail ?
- Madame, voulez-vous faire mon travail à ma place ?
Un peu comme il leur avait dit, à Marie et à Joseph, lorsqu’il avait 12 ans,
« Ne saviez-vous pas qu’il faut que je m’occupe des affaires de mon Père ? ».
Ça aussi, à l’époque, Joseph et Marie avaient dû apprendre à le digérer !
A Cana, Marie a dû revoir cette leçon-là. On la comprend, avoir un tel fils était un privilège, mais pas un privilège facile à vivre.
Ensuite, Jésus lui dit : « mon heure n’est pas encore venue« … que veut-il dire? de quelle heure s’agit-il ?
Les autres textes des Évangiles nous permettent de savoir qu’il parle ici de l’heure de son sacrifice.
Il y a peut-être ici une petite tentation pour Jésus, puisqu’il a été tenté comme nous en toutes choses sans jamais pécher (Hb 4.15).
En effet, depuis l’époque de ses douze ans où il a commis l’exploit de discuter avec les rabbins dans le Temple, Jésus était rentré dans l’ombre. Il vivait son intimité avec son Père céleste, très agréablement, discrètement, sans le regard des autres pour le juger.
Maintenant, il va devoir se révéler, montrer qui il est vraiment, accepter l’affection de ses disciples et la haine de ses ennemis.
Le chronomètre va s’enclencher pour décompter les trois années suivantes qui vont le mener à la mort.
Oui, à Cana, Jésus a eu – en tant que fils de l’homme – à accepter que sa course démarre.
Jésus va donc, non seulement répondre à la demande de sa mère, mais aussi à l’appel sacrificiel pour lequel son Père a permis qu’il s’incarne parmi nous.
Revenons à Marie
Certains s’appuient sur ce texte pour légitimer la prière à Marie : si on passe par la mère, le fils ne peut rien lui refuser.
C’est FAUX. C’est oublier la grande foi et la très grande humilité de Marie.
- Elle ne se vexe pas,
- Elle ne lui fait aucune remontrance, du genre : « mais enfin, je suis ta mère, comment tu me parles ? tu veux me faire la honte devant tout le monde ? pour une fois que je te demande un service ? ».
- Non, elle dit tout simplement aux serviteurs qui assistent à cette discussion : « faites tout ce qu’il vous dira ».
Nous avons ici une phrase essentielle, dont il faut absolument se rappeler, une phrase A VIVRE.
- Marie sait qui il est,
- Elle croit qu’il va agir,
- Elle cède la place et le met en avant,
- Elle ne se vante pas auprès des autres en disant « parce que je le lui ai demandé »,
- Elle dit : obéissez-lui !
Jésus-Christ a dit : « je suis le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14.6).
L’apôtre Paul dira : « il y a un seul Dieu et un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ fait homme, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous« . (1 Timothée 2.5).
Imitons la foi et l’humilité de Marie et prions le Fils, notre Sauveur et Notre Seigneur, unique et merveilleux.
Les serviteurs (le mot grec veut dire aussi ‘esclaves’)
Jésus n’était pas leur patron ni leur maître. Ils auraient pu le remettre à sa place, celle de simple invité.
Cependant la bonne réputation de Marie et celle de Jésus les ont poussés à lui obéir sans discuter, malgré la discussion un peu bizarre entre la mère et le fils à laquelle ils avaient assisté.
Il y avait là six grandes bassines en pierre, qui servaient à faire les ablutions aux juifs pieux : lavage des mains et des pieds avant la prière, lavage des mains avant le repas.
Les serviteurs les remplissent comme Jésus leur a demandé : ce n’est pas une petite corvée, il faudra environ 600 litres d’eau pour les remplir. Ils feront donc plusieurs aller-retour au puits pour les remplir… cela nous rappelle le dévouement de Rebecca qui avait puisé de l’eau pour les chameaux d’Eliézer, venu chercher une femme pour Isaac.
Ces serviteurs donc le font, gentiment, discrètement, tellement que personne ne s’en est aperçu (v.9). Il ressort une complicité entre eux et Jésus, au bout du compte. En lui obéissant sans broncher, ils vont vivre quelque chose d’exceptionnel dont ils vont pouvoir en parler à leurs petits-enfants le soir au coin du feu !
Il y a aussi une catégorie de personnes présentes à ce mariage, que j’ai bien failli oublier… Lesquels, d’après vous ?
Les consommateurs
les invités de la famille, qui sont là, assis à attendre qu’on les serve, que les serviteurs devancent même leurs besoins, leur donne à boire et à manger, sans même qu’ils le demandent, et qui peut-être se distraient en critiquant entre eux la tenue de l’un, la coupe de cheveux de l’autre, la rapidité d’un esclave ou la qualité de la viande dans leur assiette. Vous imaginez leurs réactions si le vin était venu à manquer dans leur verre!
Pourtant, ils sont là, des invités et non pas des intrus, probablement des membres plus ou moins proches des mariés, bien prévus aux différents repas, ayant leur part de joie dans cette fête, mais il ne faut pas compter sur eux pour se lever et donner un coup de main. C’est intéressant…
Nous connaissons tous des personnes comme ça et on a parfois envie de leur demander d’aller voir ailleurs. A Cana, ils sont non seulement tolérés mais aussi bien traités. Reste à savoir ensuite à quel niveau de l’échelle du respect ils se trouvent dans le cœur de leurs hôtes.
Dans toutes les églises nous trouvons ce genre de croyants : des consommateurs, mais ne cherchant pas du tout à aider. Pourtant le Seigneur les aime, il leur accorde leur part de nourriture spirituelle, leur part de joie dans le culte…
J’arrêterai là ma réflexion, disant seulement que l’on peut toujours passer de joyeux consommateur passif à gentil membre actif. Il y a toujours de quoi faire pour aider.
Chaque fois que Jésus nous demande quelque chose d’inhabituel, qui sort de l’ordinaire, de notre routine : comment réagissons-nous ?
Quand nous sommes sûrs d’avoir entendu son ordre, quel qu’il soit : « mes brebis me suivent parce qu’elles connaissent ma voix… elles ne connaissent pas la voix d’un étranger, elles fuient loin de lui… » faisons-nous comme ces serviteurs à Cana, ou bien fuyons-nous comme Jonas ?
Question très personnelle : seul notre cœur peut y répondre… mais il est important de se la poser de temps en temps, sérieusement.
Nous assistons donc, dans ce texte, au premier d’une longue série de miracles de et par Jésus-Christ.
V.11 = ses disciples crurent en lui, à la différence des pharisiens.
Chaque nouveau miracle va ajouter une couche, comme la peinture sur un meuble, jusqu’à ce que les disciples soient réellement croyants, irrémédiablement croyants, au point de finir martyrs plus tard.
Il ajoutera aussi une couche d’incrédulité chez les pharisiens, irrémédiablement incroyants, au point de finir plus tard par le mettre à mort.
Nous-mêmes
Nous souvenons-nous de la première intervention du Seigneur dans notre vie?
Qu’est-ce que cela a provoqué en nous ?
Est-ce que ça nous a emmenés plus loin avec Lui, dans la foi et l’obéissance, comme ses disciples, comme sa mère ?
Si c’est le cas, la vie avec Lui est – et sera – toujours pleine de rebondissements, de surprises, de petits bonheurs et de grandes joies, même si parfois on se retrouve avec des manques (comme à Cana) ou des craintes de manques possibles.
Jésus répond toujours à nos prières, mais pas toujours de la manière à laquelle on s’attend :
- Oui (ça, ça nous plaît beaucoup)
- Non (ça nous déplaît énormément en général), on ne donne pas une kalachnikov à un ado de 15 ans, quand bien même il en aurait terriblement envie.
- Attend (on aimerait que ça aille plus vite!). On ne donne pas une Ferrari à un enfant de 6 ans, on attend qu’il ait l’âge et le permis pour ça !
Mais JÉSUS RÉPOND TOUJOURS de la bonne manière, il sait exactement ce qui est bon pour nous et comment nous l’accorder.
Il veut notre bonheur, notre joie, il veut pour nous une vie remplie de joie, ce qui ne veut pas dire sans difficultés ni épreuves ; « je suis venu pour que mes brebis aient la vie en abondance » (Jean 10.10), « pour que votre joie soit complète » (Jean 15.11).
Conclusion
Il est intéressant de noter que de tous les miracles de Jésus, seuls deux types d’entre eux tous concernent une création :
- Ici à Cana, en transformant l’eau en vin
- Les deux multiplications des pains.
Le miracle à cette invitation de Cana n’est donc pas dû au hasard : le vin à Cana et le pain plus tard.
Les deux symboles de la Sainte Cène en Église,
parce que l’Église est le projet du Seigneur,
c’est une famille dont il nous fait cadeau,
pour vivre ensemble,
prendre soin les uns des autres,
veiller les uns sur les autres,
nous aimer les uns les autres…
en se rappelant de prier Jésus et de lui obéir, Jésus seul, car Lui seul a le pouvoir de nous sauver, de veiller sur nous, de nous protéger et nous bénir.
Apprécions, dégustons le privilège d’être ensemble en église locale,
avec nos différences et nos points communs,
nos points forts et nos points faibles.
Réjouissons-nous de pouvoir nous aimer et nous aider.
Aimons l’Église du Seigneur tout simplement, parce que Jésus y est, au milieu de nous, pour nous réjouir de sa présence, de nous servir les uns les autres, grandir ensemble, apprendre à obéir ensemble, de mieux en mieux.
On peut allonger la liste à l’envie… (Matthieu 18.20).
Réjouissons-nous d’avoir une famille en Lui avec qui nous vivrons pour l’éternité.
Oui, réjouissons-nous !
Amen.