La foi et la raison sont-elles en concurrence ? Pour beaucoup de gens, la foi et la raison n’ont rien à voir l’une avec l’autre. La foi concernerait surtout le cœur, l’expérience et les émotions. On parle bien de relation avec Jésus, c’est quelque chose qui concerne l’expérience. La raison quant à elle concernerait l’intellect uniquement. Alors quelle est la place de la raison dans la foi ?
Il me semble que notre faculté à réfléchir vient de Dieu, il nous a créés avec la capacité de raisonner. Voici une parole que l’apôtre Pierre a écrite aux premiers chrétiens à propos du témoignage. C’est dans sa première lettre aux Églises. Chapitre 3, versets 15 et 16 :
15 respectez dans votre cœur la sainteté de Dieu le Seigneur. Soyez toujours prêts à défendre l’espérance qui est en vous, devant tous ceux qui vous en demandent raison, 16 [mais] faites-le avec douceur et respect, en gardant une bonne conscience, afin que là même où ils vous calomnient [comme si vous faisiez le mal], ceux qui critiquent votre bonne conduite en Christ soient couverts de honte.
L’une des phrases clés se trouve au verset 15 :
« Soyez toujours prêts à défendre l’espérance qui est en vous, devant tous ceux qui vous en demandent raison. »
En tant que chrétiens, nous sommes invités à nous tenir prêts à rendre compte de notre foi devant ceux qui nous posent des questions. L’apôtre Pierre fait intervenir la raison dans le témoignage ! Il dit que l’on doit se tenir prêt. Cela veut dire qu’il y a un travail en amont à faire. Nous avons le devoir de réfléchir à notre foi car notre entourage peut nous questionner dessus. Pierre nous invite à nous poser la question : pourquoi est-ce que je crois ? Afin de pouvoir l’expliquer à ceux qui nous le demandent.
Souvent, quand on nous pose la question : pourquoi est-ce que tu crois ? On a tendance à répondre à la question : comment tu en es arrivé à la foi ? Mais il y a une différence entre le pourquoi et le comment. On a tendance à raconter le comment en partageant notre expérience : « j’ai prié, Dieu m’a parlé et j’ai cru. » « J’étais dans la galère et Dieu est intervenu et j’ai cru. »
Mais en répondant de cette manière, on n’a pas répondu à la question : pourquoi tu crois ? Il est vrai que la relation avec Dieu est une histoire d’expérience. Mais cela ne suffit pas pour rendre compte de l’espérance qui est en nous, comme Pierre nous le demande.
L’expérience est subjective, elle va être différente d’une personne à l’autre. Des gens vivent des expériences avec des esprits, des fantômes, mais ont-ils raison de suivre ces pratiques ? Beaucoup de gens font appel à des sorciers, des voyants et à des médiums, et ils ont eu des résultats convaincants tels que des guérisons ou des prédictions justes. Mais ont-ils raison de mettre leur foi en eux ?
Quand on fait appel à des esprits, on met en quelque sorte notre vie entre leurs mains. Dans la Bible, Dieu ne permet pas à son peuple de recourir à ces pratiques, car elles ne viennent pas de lui. Elles viennent plutôt de celui qui imite Dieu pour tromper le plus de monde possible.
Si j’ai fait une expérience avec Jésus, pourquoi aurais-je raison de mettre ma foi en lui ? Pourquoi ne pas mettre ma foi dans une autre divinité avec qui je peux aussi vivre des expériences et avec qui je peux aussi ressentir des choses ? Vous voyez ? Raconter notre expérience avec Dieu, cela parle aux gens. Mais cela ne suffit pas !
Alors, comment rendre compte avec raison de l’espérance qui est en nous ? Comment répondre à la question « pourquoi » ?
Nous pouvons répondre à cette question en nous basant sur la Parole de Dieu. Dieu nous invite à nourrir notre foi par les Écritures. Plus on étudiera la Bible, plus on comprendra ce que l’on croit. Et plus on comprendra ce que l’on croit, plus notre foi sera affermie. Et nous pourrons annoncer de manière intelligible pourquoi nous croyons en Jésus.
À propos de l’expérience, voici ce que l’apôtre Pierre raconte dans sa deuxième lettre, au chapitre 1, des versets 16 à 18.
16 En effet, ce n’est pas en suivant des fables habilement conçues que nous vous avons fait connaître la puissante venue de notre Seigneur Jésus-Christ, mais c’est après avoir vu sa majesté de nos propres yeux.
17 Oui, il a reçu de Dieu le Père honneur et gloire quand la gloire magnifique lui a fait entendre une voix qui disait: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection.»
18 Cette voix, nous l’avons nous-mêmes entendue venir du ciel lorsque nous étions avec lui sur la sainte montagne.
Ici, Pierre raconte l’expérience qu’il a vécue. Il a vu et entendu quelque chose d’exceptionnel. Alors qu’il était sur une montagne avec Jésus et deux autres disciples, la gloire de Dieu a resplendi sur le visage de Christ. Il s’agit de ce que l’on appelle la transfiguration. Les prophètes Élie et Moïse sont même apparus et Dieu a fait entendre sa voix de manière audible, il a parlé de Jésus, il dit à Pierre et aux autres : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé: écoutez-le !»
C’est une expérience unique et marquante. Voici comment elle est décrite dans l’Évangile selon Luc, (au chapitre 9, des versets 28 à 35) :
28 (…) Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il monta sur la montagne pour prier. 29Pendant qu’il priait, l’aspect de son visage changea et son vêtement devint d’une blancheur éclatante.
30 Et voici que deux hommes s’entretenaient avec lui: c’étaient Moïse et Élie; 31 apparaissant dans la gloire, ils parlaient de son prochain départ qui allait s’accomplir à Jérusalem.
32 Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil mais, restés éveillés, ils virent la gloire de Jésus et les deux hommes qui étaient avec lui.
33 Au moment où ces hommes se séparaient de Jésus, Pierre lui dit: «Maître, il est bon que nous soyons ici. Faisons trois abris: un pour toi, un pour Moïse et un pour Élie.» Il ne savait pas ce qu’il disait.
34 Il parlait encore quand une nuée vint les couvrir; les disciples furent saisis de frayeur en les voyant disparaître dans la nuée.
35 Et de la nuée sortit une voix qui dit: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé: écoutez-le!»
Qui parmi nous a vécu une telle expérience avec Jésus ? Voir sa gloire éclatante, entendre la voix de Dieu venant du ciel !
L’expérience qu’a vécue Pierre était spectaculaire. Imaginez si c’était vous, le témoignage incroyable que vous pourriez raconter ! L’apôtre Pierre aurait pu baser tout son témoignage sur cette expérience, mais regardez ce qu’il dit dans sa lettre, revenons au paragraphe où il parle de cette expérience (2 P 1.19), juste après avoir évoqué la gloire qu’il a vue et la voix qu’il a entendue, il dit ceci :
« Et nous considérons comme d’autant plus certaine la parole des prophètes. »
Il fait référence ici à la Bible dont il disposait à l’époque, c’est-à-dire la Torah, l’Ancien Testament. L’apôtre Pierre compare l’expérience et la Parole de Dieu. Il déclare que la Parole de Dieu est plus certaine et plus solide que son expérience. Dans notre témoignage, les Écritures inspirées ont plus de poids, que notre expérience ou notre émotion.
Alors comment est-ce que les premiers disciples partageaient leur témoignage à partir des Écritures ?
Voici quelques versets sur leur manière de témoigner. Je vous invite à faire attention aux verbes utilisés !
Actes 9.22 : Saul se fortifiait de plus en plus, et il confondait les Juifs qui habitaient Damas en démontrant que Jésus est le Messie.
Actes 17.2-3 : Pendant trois sabbats, il discuta avec eux à partir des Écritures en expliquant et démontrant que le Messie devait souffrir et ressusciter.
Actes 17.17 : Il discutait donc dans la synagogue avec les Juifs et les non-juifs qui craignaient Dieu, et chaque jour sur la place publique, il discutait avec ceux qu’il rencontrait.
Actes 18.25 : Apollos annonçait et enseignait avec exactitude ce qui concerne Jésus.
Actes 18.28 : En effet, il réfutait avec force les Juifs en public et il démontrait par les Écritures que Jésus est le Messie.
Actes 19.8 : Paul discuta de ce qui concerne le royaume de Dieu et il s’efforça de persuader ceux qui l’écoutaient.
Philippiens 1.7, L’apôtre Paul parle aux chrétiens de la ville de Philippes et il leur dit : vous qui participez tous à la même grâce que moi, aussi bien dans ma détention que dans la défense et l’affermissement de l’Évangile.
Vous avez noté les verbes utilisés dans tous ces passages ?
Confondre, démontrer, discuter, expliquer, annoncer, enseigner, réfuter, persuader, défendre l’Évangile. Tous ces termes présupposent un débat intelligible et rationnel. Mais de quoi est-ce qu’ils discutaient ? Qu’est-ce qu’ils démontraient ?
À chaque fois, dans ces versets, il s’agit de montrer aux Juifs que Jésus est bien le messie, l’envoyé de Dieu. Et pour les non-juifs, il s’agit de montrer que Jésus est celui qu’il disait être, c’est-à-dire le Fils de Dieu et le sauveur du monde.
Les premiers chrétiens présentaient systématiquement Jésus à partir des Écritures et en particulier à partir de l’Ancien Testament. Non seulement ils présentaient Jésus, mais ils expliquaient aussi pourquoi mettre notre foi en lui.
Ils auraient pu parler de leurs témoignages. Paul aurait pu parler de sa rencontre avec Jésus ressuscité, de même pour les 500 autres témoins de la résurrection. Mais dans leur témoignage, ils ne mentionnent pas seulement l’expérience, ils reviennent sans cesse aux Écritures, parce que la Bible n’est pas qu’un ensemble de textes. C’est la Parole de Dieu, elle est vivante. Concrètement, comment se préparer pour témoigner de Jésus ?
C’est d’abord en entretenant notre relation avec Dieu, c’est en priant et en étudiant la Bible. Cela demande de la discipline et du temps, du temps pour réfléchir à ce que nous croyons et pourquoi nous le croyons.
La rencontre avec Jésus est une expérience qui a toute sa place dans notre vie de foi et dans notre témoignage. Cette expérience est un point de départ, on peut dire que c’est la flamme qui allume le feu. Mais le feu a besoin d’être alimenté avec du bois pour continuer de brûler, pour briller et même pour devenir une flamme plus grande et plus puissante.
De la même manière, notre foi, notre feu, notre expérience ont besoin d’être alimentés par la Parole de Dieu. Lorsque nous comprenons davantage la cohérence de notre foi, nous grandissons, et notre louange est plus développée et nous rendons encore plus gloire à Dieu.
Dans les semaines à venir, je vous proposerai des prédications sur la cohérence de la foi chrétienne. Pourquoi le Dieu de la Bible plutôt qu’un autre Dieu ? Comment concilier l’existence de Dieu et la souffrance ? Comment concilier la foi et le discours de la science ? Pourquoi croire à la résurrection de Jésus ? Etc.
Cela pourra vous donner quelques pistes sur la manière d’expliquer et de rendre compte de votre foi.
Pour terminer, il faut souligner un point très important. L’apôtre Pierre insiste dessus. Notre témoignage ne sera pertinent que si notre cœur est bien disposé, et si notre comportement est cohérent avec le message biblique.
Relisons notre texte de départ. 1 Pierre 3.15-16 :
15 respectez dans votre cœur la sainteté de Dieu le Seigneur. Soyez toujours prêts à défendre l’espérance qui est en vous, devant tous ceux qui vous en demandent raison, 16 [mais] faites-le avec douceur et respect, en gardant une bonne conscience, afin que là même où ils vous calomnient [comme si vous faisiez le mal], ceux qui critiquent votre bonne conduite en Christ soient couverts de honte.
Pierre nous demande de veiller sur notre cœur, de témoigner avec douceur et respect. Sans orgueil, sans animosité, mais avec une bonne conscience, c’est-à-dire en étant exemplaire.
Enfin, n’oublions pas que c’est avant tout Dieu qui travaille dans les cœurs par son Esprit, ce n’est pas notre argumentation. Le témoignage est un moyen que Dieu utilise, mais en fin de compte c’est Dieu qui agit. C’est une invitation à l’humilité et à la prière.
Christian Huy
Sources : formation RZIM Academy