Prédicateur : Timothé Daniel
Date : dimanche 13 septembre 2020 Références : Matthieu 13 : 1 - 23
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Introduction :
Il arrive parfois que certains passages bibliques nous restent en tête pendant un certain temps, qu’ils tournent, qu’on les ressasse. C’est un de ces passages dont j’aimerais vous parler aujourd’hui, un passage que j’ai en tête depuis un samedi de fin février. Ce samedi là j’ai pris le train depuis Paris (après avoir loupé celui que je devais prendre initialement…) et je suis arrivé à Nîmes pour la première fois. Ce jour-là j’ai rencontré le conseil de cette Eglise, pour la première étape du processus qui a conduit à ce que je devienne pasteur à Nîmes aujourd’hui. Ce jour-là au cours du repas nous avons parlé brièvement d’un passage de la Bible, je ne sais pas si ceux qui étaient présent s’en souviennent, c’était la parabole du Semeur. Et c’est donc sur ce texte que je vous invite à réfléchir ensemble ce matin. Et je vous invite à le lire ensemble.
[Lecture du texte]
On est dans un moment où on a un peu l’impression que Jésus veut passer un temps tranquille au bord du lac. Mais comme souvent, sa présence attire les foules, et Jésus ne va pas les laisser « sur leur faim » et commence à prêcher.
I.Les différents terrains
On a beaucoup parlé des différents terrains sur lesquels les graines tombent dans cette parabole, et pour beaucoup d’entre vous ce que je vais dire dans quelques instants n’a pas grand-chose de nouveau, mais on va essayer d’aller peut-être un peu plus loin, de tirer quelque chose de « frais » de ce texte connu presque par cœur, et surtout d’en tirer ce que Dieu veut nous dire ce matin.
A travers les différents terrains évoqués, Jésus nous parle donc de différentes personnes qui reçoivent le message de l’Evangile de différentes manières. Ceux qui reçoivent le message « au bord du chemin », qui reçoivent le message sans le comprendre ce qui permettra au diable d’arracher ce qui a été semé dans son cœur. Ceux qui reçoivent le message sur un « sol rocailleux », qui acceptent ce message avec joie, mais qui ne tiennent pas très longtemps. Ceux qui reçoivent le message « parmi les ronces », ceux en qui la Parole ne porte pas de fruits parce qu’elle est étouffée par tous les soucis de la vie. Et enfin ceux qui reçoivent le message « sur la bonne terre », ceux qui écoutent, qui comprennent et qui portent du fruit.
Ces différentes « catégories » nous aident à comprendre ce qu’il se passe chez nos interlocuteurs lorsque l’on annonce l’évangile. Tous ne réagissent pas de la même manière, et c’est normal.
Mais cela ne veut pas dire que la personne chez qui la Parole va tomber comme au bord du chemin et ne pas prendre du tout ne peut pas devenir demain la personne chez qui la Parole va tomber comme sur un sol rocailleux ou parmi les ronces et germer un moment avant d’être grillée par le soleil, ou étouffée par les ronces, par les circonstances, par les difficultés de la vie quelles qu’elles soient. Et ça ne veut pas dire non plus que cette même personne ne peut pas devenir, après-demain, dans un mois, dans un an, dans dix ans peut-être celle chez qui la Parole tombera « sur de la bonne terre » et germera durablement pour porter du fruit dans de grande proportions.
Je crois vraiment que ces différents « sols » , plutôt que de représenter des personnes qui sont comme ça et qui ne pourront jamais évoluer nous parle plutôt de différents stades par lesquelles les personnes qui nous entoure et qui découvre la Parole peuvent passer.
Cet aspect est encourageant, cela veut dire que les choses peuvent changer, évoluer. Que cet ami, ce collègue, ce proche qui n’est pas encore prêt, pourra un jour l’être. Mais comment ? Eh bien que peut-on faire quand on veut planter quelque chose sur un sol rocailleux ? On peut préparer le sol, le retourner, le labourer, enlever les pierres etc… Et si l’on veut planter des fleurs dans un coin de notre jardin où les ronces ont proliféré ? Et bien on se retrousse les manches, on met des gants et on sort les sécateurs et la débroussailleuse, et la terre devient praticable. Pour reprendre les termes de la parabole, cette terre devient de la « bonne terre ». A nous alors d’accompagner ces proches dans cet période de « dérocaillisation » de débroussaillement, par la discussion, par l’accueil, par l’amour, et avec l’aide de Dieu pour voir s’effacer petit à petit chaque pierre, chaque ronce.
II. « Un semeur sorti pour semer »
Ça c’est ce que l’explication de Jésus nous dit. On a de la « chance », cette fois il a donné l’explication de la parabole, mais est-ce qu’on peut aller plus loin, en dire plus ? Y’a-t-il des éléments que Jésus n’a pas inclus dans cette explication ? Et bien je crois que oui, qu’il y’a un point qui n’a pas été inclus parce que dans la vie d’un chrétien il est censé relever de l’évidence.
J’aimerais donc revenir sur ce point, dont on n’a pas encore parlé, et qui se trouve pourtant au tout début de la parabole. C’est même à mes yeux le point le plus important : « Un semeur sortit pour semer ». C’est la première phrase de la parabole, celle sans laquelle la suite n’a absolument aucun sens.
On peut se poser la question de savoir qui est le semeur ici ? Est-ce que c’est Jésus ? Après tout c’est lui qui a « semé » la Parole le premier. Ou bien est-ce que c’est tous ceux qui viennent semer à sa suite ? A mon avis, c’est les deux ! Parce que si cette parabole parle de Jésus comme le semeur, elle parle automatiquement de nous aussi. Nous qui sommes appelés à imiter Jésus, et à propager son message jusqu’aux extrémités du monde. Donc cette parabole nous parle bien de tous ceux qui veulent bien s’engager pour semer.
Et c’est là que cette phrase anodine va devenir aussi un défi pour nous. Anodine parce que quoi de plus normal pour un semeur que de sortir semer. Mais défi aussi parce que si l’on considère qu’à la lumière de la mission que Jésus nous a confié nous sommes tous censés devenir des semeurs, cette phrase nous indique aussi ce que nous sommes censés faire : sortir pour semer.
Semer en ayant une confiance et une foi inébranlable dans ce que nous semons : la Parole de Dieu. Lorsqu’un semeur sème des graines il sait qu’il sème de bonnes graines, et que si ces graines ne germent pas ça ne sera pas à cause des graines, mais à cause du sol sur lequel elles sont tombées. La Parole que nous semons est LA bonne graine, et même si parfois elle ne germe pas ou pas tout de suite, ou seulement en partie, ce n’est pas à cause du message. Ce message reste et restera toujours un message de vie, pour l’éternité.
Nous semeur, nous devons sortir pour semer. Et nous ne savons pas combien de temps il nous reste pour le faire. Hier après-midi en terminant cette prédication je regardais d’un oeil, retransmise sur Youtube, la cérémonie de reconnaissance en souvenir d’Edouard Nelson. Ce nom est peut-être familier pour certains d’entre vous. Edouard Nelson était un pasteur implanteur de Paris, il était vice-président du CNEF. Cet été pendant ses vacances il est parti faire de l’alpinisme, et il a fait une chute mortelle. Il avait 45 ans. Cette nouvelle a été un vrai choc dans la « communauté » des pasteurs parisiens, et bien au-delà. C’était un semeur, un vrai semeur, il a consacré la plus grande partie de sa vie à semer l’évangile, et d’un coup ça s’est arrêté. Il avait sûrement des projets supers pour la rentrée, pour continuer à semer mais il ne savait pas que son temps pour semer allait arriver à son terme. Nous ne savons pas non plus, alors semons.
Conclusion :
Cette parabole nous parle des différents terrains dans lesquels la Parole peut tomber chez des personnes qui ne la connaissent pas encore, mais je crois que l’on peut élargir cela à nous qui connaissons déjà cette parole.
En effet, les circonstances de nos vies peuvent parfois devenir comme des ronces qui vont venir étouffer non plus la vérité de la Parole en laquelle nous croyons, mais notre vie spirituelle, notre relation avec Dieu. Pour avoir un exemple, il ne faut pas chercher bien loin : pensons à toutes les fois où des relations avec certains de nos amis se sont délitées petit à petit, étouffée par toutes nos occupations et le peu de temps qu’elles laissaient pour entretenir cette relation, et pensons maintenant à notre relation avec Dieu comme a une réelle amitié et interrogeons-nous vraiment sur ce qui, dans nos vies, à tendance à étouffer cette amitié.
Alors, que ce message puisse venir prendre racine dans nos cœurs, semons quels que soient les terrains sur lesquels notre message puisse tomber, soyons prêt à accompagner ceux à qui nous semons dans le processus qui pourra les faire passer d’un terrain à un autre jusqu’à devenir « bonne terre » sans oublier de nous appliquer à nous-même l’avertissement que ce message contient aussi et de prendre soin de notre amitié avec Dieu.