Prédicateur : Timothé Daniel

Date :
Dimanche 7 mars 2021
Références :
1 Corinthiens 13 : 1 - 7

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Introduction

La première lettre que Paul écrit aux corinthiens a en fait été écrite en réponse à une première lettre qu’il a reçu de l’Église de Corinthe, dans laquelle les corinthiens lui posaient un certain nombre de questions.

Amour = la voie par excellence. Si Paul a passé tant de temps à parler des dons dans le chapitre précédent, on a un peu l’impression que c’est parce que la demande des corinthiens « l’obligeait » à le faire, mais que le thème sur lequel il veut réellement mettre l’emphase est ce thème de l’amour. C’est pourquoi, après avoir passé tout un chapitre à répondre à la question des dons, il va passer sur un chapitre entier consacré à l’amour.

Vous avez probablement déjà entendu une prédication sur ce texte, et il y a fort à parier que c’était lors d’une cérémonie de mariage. Cependant, il serait faux de penser que le message de ce texte ne s’intéresse qu’aux couples, et d’ailleurs, rien dans le texte ne le laisse penser. Dans ce chapitre, Paul va adresser un message sur l’amour à l’Église, toute l’Église.

On peut voir une certaine ironie dans le fait que Paul parle de l’amour aux habitants de la ville de Corinthe, en effet, dans la mythologie grecque, le dieu « patron » de cette ville était la déesse Aphrodite, déesse de l’amour. A l’amour que les corinthiens pensent recevoir de cette déesse, Paul va opposer le véritable amour qui trouve sa source dans le seul vrai Dieu.

1. Si je n’ai pas l’amour

Dans le début de ce passage, Paul donne 3 exemples de situations ou une bonne pratique va être opposée au manque d’amour, pour mettre en avant la valeur de l’amour :

• V1 : « Supposons que je parle les langues des hommes, et même celles des anges… »Les chrétiens de l’Église de Corinthe étaient friands de manifestations spirituelles spectaculaires, c’est d’ailleurs pour cela que Paul passe autant de temps dans cette lettre à les enseigner sur ce sujet. Parmi ces manifestations on pouvait trouver le fait de parler « des langues inconnues » (1 Co 12.10), et il semble que certains se targuaient de pouvoir parler dans les langues des anges. Notons que Paul ne dit pas qu’il parle les langues des anges, et il ne dit pas non plus clairement que le fait de parler les langues des anges soit spécifiquement un don de l’Esprit. Ici cette expression est utilisée comme hyperbole, pour accentuer son propos : sans l’amour nous ne sommes rien, quand bien même il nous arrivait de pouvoir parler les langues des anges.

  Il y a cependant ici une claire référence au don « de parler en langues » qui est mentionné en 1 Co 12.10. Ce don est clairement cité par Paul comme un don de l’Esprit, et le fait de l’exercer est une bonne chose et l’on peut considérer qu’en citant le don le plus répandu parmi les corinthiens, Pau fasse un raccourci pour parler de tous les dons. L’exercice de ces dons est une bonne chose, mais le fait d’exercer ces don sans posséder l’amour, revient à n’être qu’ « une trompette claironnante ou une cymbale bruyante ». Le mot traduit par « trompette » signifie littéralement « cuivre » ou « bronze ». Paul emploie ici une image qui est très claire pour les corinthiens, car la ville de Corinthe était connue pour la fabrication d’un alliage de bronze. Cet alliage était en particulier utilisé pour la fabrication de cymbales employées dans le culte rendu aux idoles païennes. Ces mêmes idoles dont Paul dit au chapitre 8 de cette même lettre qu’elles « n’existent pas » (1 Co 8.5). L’image est très forte : pratiquer les dons de l’esprit, en étant dépourvu d’amour revient à rendre un culte à des dieux qui n’existent pas, ça ne sert à rien !

• V2 : Même un don de prophétie qui nous permettrait de comprendre tous les secrets, même une immense connaissance, même la foi qui déplace les montagnes sont inutiles sans l’amour. La foi qui déplace les montagnes fait clairement référence à l’enseignement de Jésus en Mt 17.20 ou Mc 11.23. Cette foi est un exemple, un but que l’on doit chercher à atteindre, mais même si l’on arrivait à l’atteindre, cet accomplissement serait totalement vain sans l’amour. Le fait que Paul dise carrément « je ne suis rien » fait encore une fois écho à la situation des corinthiens où ceux qui étaient (ou se croyaient) spirituellement forts avaient tendance à se voir comme meilleur que les autres, comme ayant plus de valeur. Mais cette attitude était surtout le signe d’un cruel manque d’amour pour ceux qui les entouraient, ce qui précisément selon Paul les privait instantanément de tout statut particulier parce que sans l’amour ils ne sont rien.
• V3 : « Même si je sacrifiais tous mes biens », ici encore Paul fait référence à des paroles de Jésus, en Mt 19.21 et Lc 12.33. Dans ces textes le fait de donner tous ses biens est présenté comme quelque chose de réellement exemplaire, comme une chose magnifique et Paul utilise cette image. Ici encore, le fait de donner TOUS ses biens est une hyperbole, qui vise à montrer que le fait de donner est une bonne chose, mais qu’elle doit toujours être faite avec amour, car même si je donnais tous mes biens , sans amour, cela ne me sert à rien, et cela même si j’allais donner jusqu’à ma vie. Le fait de donner sa vie nous fait évidemment penser au sacrifice de Jésus, qui lui a donné sa vie pour nous comme manifestation de son amour parfait.
  

  2. L’amour est …

Après avoir donné ces exemples de domaines où l’amour doit être notre motivation première, Paul va définir cet amour, par une suite d’affirmations à son sujet.

Tout d’abord, 2 choses que l’amour est :

• Il est patient : la patience dont certains corinthiens manquaient, et qui les poussaient à vouloir que tout le monde progresse aussi vite qu’eux, c’est aussi la patience que l’on doit avoir les uns pour les autres.
• Il est plein de bonté : affirmation qui sonne comme une évidence, mais que Paul rappelle ici, le vrai amour est plein de bonté. La bonté ne peut s’exercer qu’envers d’autres personnes que moi. Cet amour est tourné vers les autres.

Ensuite, ce que l’amour n’est pas ou ne fait pas :

• Il n’est pas envieux : le vrai amour est tourné vers les autres, mais pas pour voir chez eux ce que je n’ai pas et alimenter ma jalousie. Il voit les autres et ce qu’ils ont ou font de manière bienveillante.
• Il ne cherche pas à se faire valoir, il ne s’enfle pas d’orgueil : cet amour vient avec une profonde conscience que l’on est pas meilleur que ceux qui nous entoure.
• Il ne fait rien d’inconvenant : référence aux mœurs des corinthiens qui étaient loin d’être convenables. Dans le contexte d’un amour tourné vers les autres, on peut dire que celui qui est vraiment empreint de cet amour ne fait rien d’inconvenant qui pourrait être une occasion de chute pour les autres.
• Il ne cherche pas son propre intérêt : l’amour tourner vers les autres place l’intérêt des autres avant le sien.
• Il ne s’aigrit pas contre les autres : lien avec la patience.
• Il ne trame pas le mal : l’amour travaille pour le bien.

Ce que l’amour fait :

• Il est attristé par l’injustice, et réjouit par la vérité.
• Il pardonne et fait confiance : Le lien entre le pardon et la confiance et visible, bien souvent les situations qui demandent un pardon ont impliqué une rupture de confiance. Celui qui est rempli de l’amour, réussit à faire à nouveau confiance après avoir pardonné, il voit le meilleur en ceux qui l’entourent.
• Il espère et il persévère : Lorsque ce que l’on espère n’arrive pas, il nous faut persévérer et c’est ce que l’amour fait, il espère aussi pour les autres et persévère pour les autres. Cet amour que Paul nous présente est un amour qui demande un engagement. Le mot traduit par amour n’est pas le mot « Éros » qui est employé dans le grec classique et a une connotation romantique voire érotique, qui désigne avant tout l’amour « sentiment » qui va et qui vient. Ici c’est le mot « agapé », le mot utilisé dans la traduction grecque de l’Ancien Testament pour traduire l’amour de Dieu, le mot utilisé lorsque Jésus dit « aimez-vous », un amour très loin de cet amour « sentiment » qui il faut le dire est en vogue dans notre société. Cet amour c’est un amour qui se provoque, qui s’entretient, qui se ranime, qui se répare… c’est un amour qui persévère, encore et encore, comme l’amour que Dieu a pour nous.

Conclusion :

L’amour dont Paul nous parle c’est l’amour que Dieu a pour nous, c’est l’amour qui l’a poussé à donner son fils pour nous sauver, c’est l’amour qui le définit lui-même (1 Jn 4.16). C’est l’amour qu’il vient placer en nous par son Saint-Esprit. Mais cet amour, c’est à nous de le travailler, c’est à nous de l’entretenir. Dieu nous aide, mais nous avons notre part à faire.

Cette liste d’attribut de l’amour nous donne aussi des manières d’entretenir cet amour, de s’entraîner à aimer en quelques sortes, et de pouvoir ainsi progresser de plus en plus.

Prions que cet amour soit toujours plus présent dans nos vies, afin que tous puissent le voir et le ressentir.