Prédicateur : Christian Huy
Date : dimanche 31 mai 2020 Références : Actes des apôtres, 2 : 37 - 47
Pourquoi ne pas se passer d’elle ? Après tout, avec l’Internet, nous pouvons consulter des prédications en ligne (ce qui n’est pas du tout une mauvaise chose !). Mieux encore, certaines sont disponibles en audio. Si nous voulons les images, il y a même des cultes en ligne et en direct. Et si le prédicateur nous ennuie, on peut même l’arrêter. Si ce qu’il dit nous dérange, on peut le zapper. Si le style de musique ne nous convient pas, on peut en choisir un autre. L’avantage du web, c’est que l’on peut même choisir notre horaire. Plus besoin de se lever le dimanche matin, plus besoin de chercher des places de parking.Pour ceux qui n’aiment pas voir trop de monde, ce serait l’idéal. Quand on assiste à un culte à la maison, devant son écran, il n’y a plus besoin de faire l’effort de sourire, de faire la bise et de dire que tout va bien. Avec tous les moyens mis à notre disposition aujourd’hui, on peut bénéficier de l’enseignement et de la louange à la carte. Finalement, pourquoi ne pas se passer de l’Église ?
La « définition » de l’Église
Après ces réflexions, il faudrait peut-être se demander qu’est-ce que l’Église et quelle est sa raison d’être ? Je vous propose de regarder la « définition » de l’Église selon le livre des Actes des apôtres. Nous verrons que l’Église n’est pas une institution religieuse et humaine, elle n’est pas avant tout un bâtiment et elle ne se résume pas seulement au culte. Prenons connaissance du texte des Actes des apôtres, chapitre 2, versets 37 à 47.
Avant de lire le passage, voici son contexte en quelques mots : le récit débute au moment de la pentecôte. La pentecôte est une fête juive, c’est aussi le jour où Jésus a donné le Saint-Esprit à tous ses disciples. Après sa résurrection, Jésus est monté au ciel, mais il n’a pas abandonné les siens. Il leur a dit qu’il restera à leurs côtés, non pas physiquement, mais par son Esprit. C’est justement son Esprit qu’il envoie à ses disciples au moment de la pentecôte. Suite au don du Saint-Esprit, l’apôtre Pierre prend la Parole pour annoncer l’Évangile à une grande foule. Il leur annonce que Dieu est venu lui-même sur terre dans la personne de Jésus, il est venu pour nous sauver de la mort, il nous offre la vie éternelle.
Voici ce qui se passe suite à son discours :
37 Après avoir entendu ce discours, ils eurent le coeur vivement touché et dirent à Pierre et aux autres apôtres: «Frères, que ferons-nous?»
38 Pierre leur dit: «Changez d’attitude et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ pour le pardon de vos péchés, et vous recevrez le don du Saint-Esprit.
39 En effet, la promesse est pour vous, pour vos enfants et pour tous ceux qui sont au loin, en aussi grand nombre que le Seigneur notre Dieu les appellera.»
40 Et par beaucoup d’autres paroles, il rendait témoignage et les encourageait en disant: «Sauvez-vous de cette génération pervertie!»
41 Ceux qui acceptèrent sa parole furent donc baptisés et, ce jour-là, le nombre des disciples augmenta d’environ 3000 personnes.
42 Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières.
43 La crainte s’emparait de chacun et il se faisait beaucoup de prodiges et de signes miraculeux par l’intermédiaire des apôtres.
44 Tous ceux qui croyaient étaient ensemble et ils avaient tout en commun.
45 Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et ils en partageaient le produit entre tous, en fonction des besoins.
46 Chaque jour, avec persévérance, ils se retrouvaient d’un commun accord au temple; ils rompaient le pain dans les maisons et ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de coeur.
47 Ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Eglise ceux qui étaient sauvés.
Actes des apôtres, 2 : 37 – 47
Ce texte nous donne un aperçu de ce que devrait être l’Église selon Dieu. J’attire en particulier votre attention sur le verset 42 qui nous décrit quatre repères importants pour l’Église et pour chaque disciple. Même si ce verset ne fait que rapporter le comportement de la première communauté chrétienne, nous y voyons que Dieu aime cette manière de vivre l’Église.
Verset 42 : « [Les disciples] persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières. »
1. S’attacher à l’enseignement des apôtres
Premièrement, il y a l’attachement à l’enseignement des apôtres. Les apôtres sont les 12 disciples que Jésus a formé afin qu’ils puissent à leur tour transmettre l’enseignement du maître. L’enseignement des apôtres n’est rien d’autre que l’enseignement du Christ. Cet enseignement est contenu dans toute la Bible. Les livres du Nouveau Testament ont été rédigés par les apôtres et par leurs collaborateurs. L’Ancien Testament a été rédigé par les prophètes, ce sont en quelque sorte les « précurseurs » des apôtres. L’attachement à l’enseignement de la Bible devrait être pour nous l’un des fondements de notre foi et de notre vie d’Église. Avons-nous le désir de plaire au Seigneur en suivant son enseignement ? À quel moment de la semaine prenons le temps de nous remettre en question devant les Écritures ? Y a-t-il des enseignements qui nous dérangent ? Sommes-nous prêts à nous laisser déranger et à nous remettre en question ?
S’attacher à l’enseignement biblique ne se résume pas à écouter une prédication une fois par semaine ou à lire des écrits d’auteurs chrétiens. S’attacher à l’enseignement biblique, c’est non seulement étudier la Bible, mais surtout chercher à plaire à Dieu en se conformant à sa volonté.
2. La communion fraternelle
Passons maintenant à la communion fraternelle. Qu’est-ce que la communion fraternelle ? Est-ce se retrouver de temps en temps dans un même lieu ? Est-ce faire des activités ensemble ? Voici comment la communion fraternelle a été mise en pratique par la première communauté chrétienne. Versets 44 et 45 :
44 Tous ceux qui croyaient étaient ensemble et ils avaient tout en commun.
45 Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et ils en partageaient le produit entre tous, en fonction des besoins.
À première lecture, nous retenons de ce verset que les premiers chrétiens vendaient tout pour tout partager. De notre point de vue, on trouve cela probablement déraisonnable, voir excessif. Cela dit, je ne pense pas qu’il faille qualifier les premiers chrétiens de gens « déraisonnables », ils ont agi selon ce que Dieu leur a mis à coeur. Je ne pense pas non plus qu’il faille forcément imiter cette pratique. En revanche, nous sommes appelés à nous en inspirer.
Si nous regardons ces deux versets de plus près, nous remarquerons que le plus important n’est pas qu’ils vendaient tout pour tout partager. L’essentiel se trouve dans les intentions et la mise en pratique de ces intentions.
Tout d’abord, la communion fraternelle est caractérisée par le partage. Ensuite, on voit que les besoins de chacun sont pris en compte. Il est précisé que les biens étaient distribués selon les besoins de chacun. Cela signifie que l’on se préoccupait de chaque personne et cela veut dire aussi que les gens dans le besoin se sentaient assez en confiance pour le faire savoir. Enfin, il y a la notion de sacrifice. Les premiers disciples ont tout vendu pour partager en vue de combler les besoins de leurs frères et soeurs. Un sacrifice est parfois nécessaire si l’on veut vivre la communion fraternelle. Sommes-nous prêts à nous sacrifier ? Sommes-nous prêts à soutenir matériellement ceux qui en ont besoin ? Sommes-nous prêts aussi à donner de notre temps ? N’oublions pas que le don de notre temps est aussi un sacrifice. On a parfois plus d’argent à donner que du temps. Les premiers chrétiens n’ont pas hésité à renoncer à eux-mêmes pour se préoccuper de la situation de chacun. Passons maintenant au troisième point : la fraction du pain.
3. La fraction du pain
Dans la Bible, la fraction du pain fait souvent référence à la sainte cène, le partage du pain et du vin. Il faut savoir que la sainte cène était prise pendant un repas. La fraction du pain désigne donc un moment de retrouvailles autour d’un repas pour commémorer la mort et la résurrection du Christ. Les chrétiens mangeaient ensemble, pas seulement pour le plaisir de déguster des plats, mais aussi pour manifester leur communion les uns avec les autres et avec Jésus. Pour marquer ce moment, ils partageaient le pain et le vin en rappelant leur symbolique. Le pain symbolisant le corps du Christ, et le vin le sang du Christ. Cette pratique est un repère pour l’Église parce qu’elle rappelle le sens de nos réunions. Nous ne sommes pas réunis seulement pour faire des activités ensemble, mais nous sommes réunis au nom de Jésus. Enfin, le quatrième point, c’est la prière ou plutôt « les prières ».
4. Les prières
La prière est primordiale pour un disciple et pour la vie d’Église. Prier, c’est parler à Dieu, c’est l’adorer et c’est aussi lui manifester notre dépendance à lui. On est appelé à prier personnellement, mais aussi en Église, comme le faisaient les premiers chrétiens. Prenons-nous cet appel au sérieux ? La prière communautaire est-elle présente dans notre vie spirituelle ? Nous rencontrons-nous dans la semaine, à quelques-uns, pour prier ensemble ?
Remarquez que les disciples se retrouvaient tous les jours. C’est mentionné au verset 46 : « Chaque jour, avec persévérance, ils se retrouvaient d’un commun accord… » Leur détermination, leur zèle et leur joie devraient nous questionner. Sommes-nous aussi motivés qu’eux pour vivre une telle communion fraternelle et une telle vie de prière ?
Avant de dire que de nos jours, il n’est plus possible de faire comme eux à cause de notre rythme de vie, mettons-nous un instant à leur place. À leur époque, ils n’avaient pas de voiture ou de bus pour se déplacer. La plupart des gens se déplaçaient à pied ou sur le dos d’un animal et ils faisaient probablement plusieurs kilomètres pour se retrouver. On a donc moins d’excuses qu’eux. Nous pourrions rétorquer que nous avons une vie de famille à nous occuper, mais plusieurs indices dans le Nouveau Testament nous montrent qu’ils se déplaçaient en famille, avec les enfants, pour aller aux réunions. Dire que l’on n’a pas le temps parce que l’on a une vie de famille, c’est comme si on séparait la vie de famille et la vie d’Église. Les premiers chrétiens vivaient leur vie de famille en Église.
Par ailleurs, nous pourrions évoquer notre peu de temps libre. Mais comparé à leur époque, avec la technologie que nous avons aujourd’hui, je pense que beaucoup d’appareils nous font gagner du temps. Par exemple, au niveau de la cuisine. À l’époque, les familles n’avaient pas de plaques électriques, ni de micro-ondes pour réchauffer les plats plus rapidement. Ils n’avaient pas de supermarchés qui regroupaient tous les produits en un seul endroit pour leur faciliter les courses, ils n’avaient pas de congélateurs pour stocker des plats déjà préparés… Il y aurait encore beaucoup d’exemples…
Finalement, leur rythme de vie n’était certainement pas plus léger que le nôtre aujourd’hui. Comment faisaient-ils alors pour se retrouver autant de fois dans la semaine ? Remarquez la présence du terme persévérer à deux reprises. Verset 42 : « Ils persévéraient dans l’enseignement des apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain et les prières.» Et verset 46 : « Chaque jour, avec persévérance, ils se retrouvaient d’un commun accord… »
Si on nous dit qu’ils persévéraient, cela veut bien dire que la vie d’Église leur demandait des efforts. Persévérer, c’est faire l’effort de surmonter des difficultés. Ce n’était pas évident chaque jour de vivre la vie d’Église, mais ils persévéraient. Suite à ce constat, que faire ?
5. Et nous ? Que faire ?
Faudrait-il agir comme eux ? Faudrait-il persévérer pour se voir tous les jours et à tout prix ? Comme je lai déjà évoqué, je ne pense pas qu’il faille forcément les imiter. Je ne pense pas non plus que nous devrions nous comparer à eux et encore moins nous culpabiliser. En revanche, nous sommes appelés à nous demander pourquoi ils étaient si motivés et pourquoi nous n’avons pas toujours cette même motivation ? Relisons les deux derniers versets, les versets 46 et 47 :
46 Chaque jour, avec persévérance, ils se retrouvaient d’un commun accord au temple; ils rompaient le pain dans les maisons et ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de coeur.
47 Ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Eglise ceux qui étaient sauvés.
La communion fraternelle procurait de la joie aux disciples. Et cette joie les conduisait à la louange. La vie d’Église peut être compliqué, car nous avons des caractères et des personnalités différentes. Elle peut être compliqué, car elle demande des efforts, par exemple, pour libérer du temps. Mais ces difficultés ne sont rien comparées à la joie que Dieu peut nous procurer lorsque nous formons l’Église.
Sans tomber dans une conception virtuelle de l’Église, pourquoi ne pas profiter de la technologie pour garder des liens fraternels quand on ne peut pas se voir, par exemple en passant des coups de fil pour prendre des nouvelles et s’encourager dans la foi.
Pour terminer, notons que l’Église est l’oeuvre de Dieu et c’est avant tout pour cette raison qu’elle devrait être importante à nos yeux ! Le verset 47 nous apprend ceci : « Le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés. » C’est le Seigneur qui ajoute des disciples à son Église. L’Église est la communauté réunie par Dieu. C’est une famille. Prenons donc soin de cette famille créée par Dieu, restons attachés à l’enseignement des apôtres, à la communion fraternelle, la fraction du pain et travaillons à notre vie de prière.
Christian Huy