Les rameaux

Prédicatrice : Yanna Van De Poll

Date :
Dimanche 10 avril 2022
Références :
Luc 19 : 29 - 44 (Cliquer ici pour lire le texte)

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Aujourd’hui c’est le premier tour des élections présidentielles. Tous les candidats aiment être acclamé par une foule nombreuse, n’est-ce pas. C’est à ça qu’ils aspirent, c’est pour cela qu’ils tiennent de grands meetings.

La foule ou bien le peuple français, qu’est-ce qu’ils attendent de leur futur président ? Pourquoi l’acclament-ils ? Ne veulent-ils pas qu’un président les sauve de leur pauvreté, de leur insécurité, de leurs détresses etc. ? Ne veulent-ils pas un sauveur en quelque sorte ?

Cela me rappelle une autre foule, celle qui acclamait Jésus. Justement, on se rappelle de cette histoire aujourd’hui, dimanche des Rameaux. Lisons cette histoire en Luc 19 : 29 – 44

Les acclamations du peuple

Hosanna

Selon Luc une foule de disciples, c’est-à-dire des gens qui suivaient Jésus, criait haut et fort : « Béni soit le roi, celui qui vient au nom du Seigneur ». Dans le récit de Jean une grande foule prit des branches de palmier et les gens criaient : « Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, et le roi d’Israël » !

Matthieu précise dans son évangile au chapitre 21 que la foule ajoutait aussi « Hosanna au fils de David ». Le mot Hosanna est intéressant. Le mot hébreu hosia-na est composé de deux éléments. D’abord, l’impératif du verbe « sauver » et puis d’une particule d’insistance : na, ce qui veut dire « s’il te plait », « de grâce ». On pourrait donc traduire ce mot Hosanna par « De grâce, secours-nous » ou « s’il vous plaît, sauve-nous ».

Par le mot « Hosanna » les Juifs désignaient aussi des prières du septième jour de la fête des Tabernacles en automne. Ces prières dites ‘Hosanna’ étaient tirées du psaume 118. Pendant que les gens faisaient la procession vers le temple pendant la fête de Tabernacle et qu’ils chantaient ce psaume, ils agitaient les branches de palmes, de myrte et de saule. Mais maintenant nous sommes à l’approche de la fête de Pâques. Jésus entre dans la ville de Jérusalem et procède vers le temple. Et la foule fait exactement pareil.

Comme si on est en train de célébrer la fête de Tabernacle au lieu de se préparer à la fête de Pâques qui aura lieu dans quelques jours.

Les gens l’ont acclamé comme qui ?

Qu’est-ce que les gens disent ? Ils ont acclamé Jésus comme qui ?

Ils l’ont reconnu comme le Fils de David, le Messie promis par les prophètes, celui qui vient au nom du Seigneur.

Mais, malheureusement, ils ne l’ont pas comme celui qui va les sauver du péché. S’ils l’ont accueilli, c’est qu’ils attendaient un Messie qui va les diriger pour les sauver du joug de l’empire Romain, pour chasser les Romains qui occupaient leur pays. Rome. Beaucoup d’entre eux espéraient qu’il deviendrait un grand roi d’un pays indépendant, libre et prospère. Ce sont eux qui ont crié « Hosanna, sauve-nous s’il te plaît ». C’est pourquoi ils l’ont aussitôt abandonné quand il ne s’est pas avéré à la hauteur de leurs attentes puisque quelques jours après, la même foule va crier : « Crucifie-le ! » (Luc 23.20-21) Ceux qui accueillaient Jésus en héros ont été vite à le rejeter.

Réflexion : comment est-ce que nous l’acclamons ?

Arrêtons un instant. Réfléchissons un instant à cette question : comment est-ce que nous acclamons Jésus ? Comment nous adressons-nous à Lui ? Est-ce que nous ne ressemblons parfois pas à la foule en priant aussi : Hosanna, sauve-nous ? Sauve-nous de nos maladies, sauve-moi des gens qui me font du mal, donne-moi un emploi, aide-moi à affronter une telle ou telle épreuve ? Bien sûr, on peut toujours prier dans ce sens, mais l’essentiel n’est pas là. Jésus est venu pour nous libérer de nos péchés. Est-ce que nous nous en rendons compte dans nos prières ? Est-ce que nous pleurons nos péchés, nos fautes, nos erreurs ? Est-ce que nous l’implorons pour le pardon ? Comment nous l’acclamons dans nos prières ? C’est à nous d’y réfléchir

L’entrée de Jésus dans Jérusalem

Une entrée sur le dos d’un ânon

Reprenons le fil des évènements ce jour-là. Nous sommes à l’approche de la fête de Pâques. Quand Jésus entrait à Jérusalem sur le dos d’un ânon, la foule était ravie. Pourquoi un tel enthousiasme ? Quand même, ce n’est pas extraordinaire de faire son entrée sur le dos d’un ânon. Est-ce que cela vous impressionnerait, si un président entre dans notre ville à dos d’âne ? Je ne suis pas sûre. Mais la foule a tout de suite compris l’importance de ce geste, de cette manière d’entrer dans la ville de Jérusalem, capitale d’Israël. Car dans le passé, il y a eu quelqu’un d’autre, qui lui aussi, est entré à Jérusalem de la même manière : c’était le fils du grand roi David, Salomon, aussi appelé le roi de paix.

On trouve cette histoire en 1 Rois 1.33 :

« David leur dit : prenez avec vous les serviteurs de votre maître, vous mettrez mon fils sur ma propre mule et vous le ferez descendre à Guilhon, la source qui se trouve à l’entrée de Jérusalem. Là le prêtre Sadoq et le prophète Nathan lui feront l’onction qui le sacrera roi d’Israël » (1 Rois 1.33).

On peut se poser la question : pourquoi un âne ? En fait, dans le Moyen Orient à l’époque de Salomon, monter sur un âne était un signe d’un grand honneur, un signe royal, ce qui veut dire que le roi entre dans sa capitale, pas comme un guerrier, un chef d’armée, celui qui va mener des combats pour rendre le pays plus puissant, mais au contraire, comme un comme de paix, comme un Prince de Paix. Normalement, un roi devrait entrer sur un cheval ou debout sur un char pour montrer sa puissance et sa force. C’était le cas de David. Mais Salomon son fils est entré à dos d’âne. Et maintenant dans notre histoire, Jésus entre en Jérusalem de la même manière, comme un Messie, sur le dos d’un âne. Et la foule a tout de suite pensé à l’entrée de Salomon.

C’est pour cela que les gens étaient remplis de joie. Enfin, disent-ils, enfin le véritable fils de David est venu, le nouveau roi, le Messie tant attendu. Ils ont bon espoir que ce Jésus de Nazareth chassera les Romains du pays pour qu’ils puissent vivre en paix.

Signification de cette manière d’entrer en ville

Luc et les autres évangélistes précisent que l’âne sur lequel Jésus montait était une ânesse, un petit. Personne n’avait pas encore monté. Pourquoi un petit âne ?

Pour bien comprendre le sens, arrêtons-nous un instant sur la prophétie du prophète Zacharie, que les autres évangélistes ont cité pour expliquer la signification de ce qui s’est passé.

En Zacharie 9 :9 il est écrit : « Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient à toi : il est juste et victorieux, pauvre et monté sur un âne, un ânon, le petit d’une ânesse.” (Za 9,9).

Zacharie annonce la venue d’un roi-messie qui instaura son règne dans l’humilité. Il s’est assis sur le petit d’une ânesse.

Est-ce que les gens ont vraiment compris ?

Pourtant, est-ce que les gens ont vraiment compris ce qui se passe ? Ils voient Jésus sur un âne et ils tirent la conclusion que ce Jésus est le roi, fils de David ce qui est bien vrai. Mais ils n’ont pas fait attention à la manière dont Jésus s’est montré. Il est monté sur une ânesse pas sur un cheval galopant. C’est-à-dire, Il vient en humble serviteur. Il ne porte pas d’habit royal, mais des vêtements d’un pauvre. Il ne vient pas en un conquérant militaire, pour dominer par la force comme le font les rois humains, mais armé d’amour, de grâce et de miséricorde. Il vient donner Lui-même en sacrifice pour les péchés de son peuple. Il ne vient pas en roi à la tête d’une armée triomphante, mais comme un humble serviteur comme Zacharie l’avait prophétisé. Voilà ce que signifie le petit âne. C’est un symbole de douceur. Le mot grec dans le texte traduit par ‘doux’, est le même que celui qui figure dans le verset qui dit : « Heureux ceux qui sont doux, car ils hériteront la terre ».

Et c’est justement cela que les gens n’ont pas compris ce jour-là.

L’apôtre Jean avoue dans son récit que même ses disciples les plus proches n’ont pas compris non plus le sens de la scène. Ce n’est que plus tard, après la Résurrection, qu’ils « se souvinrent que cela avait été écrit de lui » (Jean 12.16).

Le sens profond de cette histoire

Jésus pleurait

Cela nous amène au dernier point : le sens profond de cette histoire. Car, qu’est-ce que Jésus fait quand il voit et entend la foule hors d’elle-même, agitée en criant « Béni soit le roi, qui vient au nom du Seigneur » ? Luc décrit que Jésus n’est pas dans la joie comme la foule. Il n’entre pas dans Jérusalem comme un homme heureux. Normalement, un roi qui entre dans sa ville sous les acclamations de son peuple est heureux et bien content.

Pas Jésus, Il est plutôt triste. » Il pleurait ». Au milieu des acclamations de la foule, au milieu des gens qui brandissaient des branches et des rameaux, au milieu de ceux qui criaient : « Hosanna, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur », Jésus pleurait.

Pourquoi Jésus pleure-t-il ?

Ce n’est pas l’approche des souffrances qui faisait pleurer Jésus… Il pouvait bien voir, non loin de là, le domaine de Gethsémané avec le jardin des oliviers. En puis, en face de lui, dans les murailles de Jérusalem, il voyait la Porte des brebis. C’est par cette porte qu’il va entrer quelques jours plus tard pour être crucifié, comme l’agneau de Dieu. Plus loin, à l’arrière-plan, il pouvait aussi apercevoir le mont Golgotha…

Or, ce n’est pas la pensée des terribles souffrances à venir qui faisait pleurer Jésus, il a pleuré sur Jérusalem, sur le peuple de cette ville. Il est venu pour montrer son amour, Il est venu pour ce peuple, mais ils vont le rejeter. Il n’y a pas pire souffrance sur terre que de subir le rejet de l’amour montré. Subir le mépris et la violence de ceux pour qui tu as tout fait.

C’est le drame d’une rupture d’amour et ses conséquences qui ont fait pleurer le Christ. La cassure est relationnelle. Jésus est en larmes. Il prend la parole, Il s’adresse à Jérusalem, comme on parle à un être tendrement aimé : « si toi aussi, en ce jour, tu avais su comment trouver la paix ! Mais hélas, cela a été caché à tes yeux ! ». Il y a une insistance sur le tu et le toi. « Littéralement le texte dit : Si tu connus en ce jour-ci, aussi toi, tu connais la paix » (v.42) et à la fin : «  parce que tu ne connus pas le moment de ta visite » (v. 44). Dans les Écritures le verbe connaître est fort de sens. Le mot hébreu pour connaître « yada » veut dire : être pénétré de l’intérieur. Le mot grec « ginosko» a le même sens concret (Cf. Matthieu 1 :25). Il s’agit d’une connaissance relationnelle profonde qui pénètre le for intérieur.

La prophétie

Jésus pleurait sur la ville car cette relation profonde manquait. Puis, il pleure aussi parce qu’il sait ce qui va se passer bientôt. Écoutons la suite ce que Jésus disait sur la ville : « Oui, pour toi vont venir des jours où tes ennemis établirent contre toi des ouvrages de siège, ils t’encercleront et te serreront de toutes part. Ils t’écraseront, toi et tes enfants au milieu de toi. Ils ne laisseront pas pierre sur pierre parce que tu n’as pas connu le temps où tu as été visité ». (vs 42-44).

La prophétie de Jésus s’est bien réalisée quarante ans après. Dans l’an 70 l’armée romaine, menée par le futur empereur Titus, assiège et conquiert la ville de Jérusalem. La ville est mise à sac, et le Temple de Jérusalem est détruit par le feu. Il ne restait que ruine et cadavres. La famine a été terrible.

Nous comprenons maintenant un peu mieux pourquoi Jésus pleurait, car cette foule qui l’acclamait allait le rejeter quelques jours plus tard. Dans quelques jours elle criera : « crucifie-le ».

Jésus était triste, parce que la foule n’a pas reconnu le jour de la visite de Dieu pour la sauver de ses péchés et du mal. Jésus pleurait, car il voyait cette incohérence, cette contradiction. On le constate même chez ses disciples. Ils débordaient d’enthousiasme pendant cette entrée, mais quelques jours plus tard, ils ne pourront même pas veiller une heure avec lui dans le jardin des Oliviers. Ils laisseront Jésus seul affronter l’épreuve de la croix.

Quelle est notre réaction ?

Et nous alors ? Quelle est notre réaction ?

Jésus souffrait de toutes ces contradictions chez les gens qui l’entouraient.

Mais souvenez-vous….

Déjà au moment de sa naissance, quelques semaines après sa venue au monde, lorsque Joseph et Marie allaient au temple pour accomplir la purification et présenter l’enfant au Seigneur, le vieux Siméon avait déjà annoncé : « Voici, cet enfant est comme un signe qui provoquera la contradiction » (Luc 2.34).

Jésus provoque la contradiction, Il met à nu les incohérences dans nos cœurs et notre comportement. C’est exactement ce qui s’est passé lors de l’entrée dans Jérusalem. C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui encore.

Ces contradictions font parties de notre identité humaine. Elles sont partout dans nos relations avec les autres, dans nos pensées, jusque dans notre relation avec Dieu. Par exemple, l’apôtre Jacques parle de la contradiction de notre langue. Il dit : « De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas mes frères qu’il en soit ainsi » (Jacques 3.10). Là aussi, nos paroles révèlent une contradiction en nous.

La Bible appelle cela « avoir un cœur partagé ». Nos cœurs sont partagés. Rappelons-nous que Jésus est entrée dans Jérusalem en douceur. C’est-à-dire, il a accepté les contradictions et les incohérences de la foule. Il a accepté d’être acclamé par la foule qui l’a rejeté quelques jours plus tard. Il a accepté d’être acclamé par les disciples qui l’ont abandonné par la suite. Car Il sait qu’Il provoquera des contradictions en nous, des incohérences dont nous ne pouvons pas nous sortir tout seul.

C’est pour cela que Jésus est venu, c’est pour cela qu’Il est devenu homme, c’est pour cela qu’Il a donné sa vie jusque dans la mort. Heureusement, la mort et les contradictions n’ont pas eu le dernier mot, puisqu’à l’aube du troisième jour, le tombeau de Jésus était vide, Jésus est ressuscité, Il est vivant pour nous donner la vraie paix, la paix avec Dieu. Lui qui est appelé le Prince de paix. La paix que Jésus apporte passe par son humiliation, jusqu’à sa mort.

La parole que Dieu nous adresse ce matin, c’est que Dieu est présent jusque dans nos contradictions. Il est présent en Jésus et c’est Lui qui assume nos contradictions et c’est Lui seul qui peut nous donner sa paix qui dépasse la paix de ce monde.

Comment ?
Justement, en ouvrant notre cœur à Jésus et de l’accueillir dans notre vie. Demandons-Lui de changer notre cœur partagé en un cœur humble et contrit, de changer notre cœur rempli de contradictions en un cœur doux et simple. Comme le demande David dans le Psaume 86.11 : « Donne-moi un cœur tout simple ».

Pourquoi c’est important de demander un cœur simple ? Eh bien, plus tard, nous ferons partie d’une autre foule qui entoure le Seigneur dans le ciel, une foule dans une joie immense, qui acclamera en brandissant des branches de palmiers :

« Le salut et à notre Dieu ».

J’aimerais terminer avec ce beau passage qui se trouve en Apocalypse 7.

« Après cela, je regardai et voici une grande foule que nul ne pouvait compter, de toutes nations, de toutes tribus, de tous peuples et de toutes langues. Ils se tenaient devant le trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, et des palmes à la mais …… Et ils criaient d’une voix forte : Le salut est à notre Dieu qui est assis sur le trône et à l’Agneau ». (Apoc. 7.9-10).

Que ce beau passage nous encourage à toujours demander à Dieu de nous donner un cœur simple, de toujours nous approcher de Lui pour apprendre à avoir un cœur doux et humble.

Pour nous aider dans cette disposition de cœur, je vous invite à prier avec les paroles d’un beau chant de Corinne Lafitte, intitulé : « Donne-moi un cœur tout simple ».

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