L’unité (1/3) : Tous nécessaires

Timothé DanielPrédicateur : Timothé Daniel

Date :
Dimanche 5 février 2023
Références :
Romains 12 : 1 - 8 (Cliquer ici pour lire le texte)

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Nous entamons aujourd’hui une petite série de trois prédications qui va nous amener à nous pencher sur le chapitre 12 de l’épitre aux Romains. Le début de ce chapitre vous paraîtra sûrement familier car j’ai eu l’occasion au cours de l’année écoulée de vous en parler à deux reprises. Mais ce texte est riche et il en reste encore tant à dire !

L’épitre aux romains est une lettre écrite par Paul, aux chrétiens qui se trouvent à Rome. On ne sait pas exactement comment cette Église est né, la Bible ne nous rapporte pas qu’elle ait été implantée par Paul ou par Pierre. C’est probablement une Église qui a démarré de manière naturelle après le retour à Rome de juifs qui s’étaient convertis lors de la pentecôte à Jérusalem. Car, en effet, au sein de cette Église on pouvait trouver de nombreux chrétiens d’origine juive aux côtés de nombreux autres chrétiens d’origine païenne, et c’est un point qui a son importance. On a toutes les raisons de penser qu’à ses débuts cette Église ne connaissait pas de problème particulier, si ce n’est les problèmes classiques de toutes les Églises naissantes de l’époque (voire de toutes les Églises tout court) dont on peut avoir un bon exemple avec l’Église de Jérusalem dans le livre des Actes des Apôtres.
Les croyants d’origine juive et d’origine païenne cohabitaient et faisaient Église ensemble. Mais en 49, l’empereur romain Claude a chassé tous les juifs de Rome. Dès lors l’Église de Rome a continué d’exister, mais constituée uniquement de croyants d’origine païenne. Alors lorsque les juifs ont finalement été autorisés à revenir à Rome plusieurs années plus tard ils y ont trouvé une Église qui s’était éloigné de leur manière de voir et de vivre la foi, tout simplement une Église qui ne leur ressemblait plus. Cette situation a été une source de conflit et d’opposition, ou au minimum de discussion dans l’Église de Rome, et nous allons voir que Paul met une grande insistance sur la notion de l’unité.

Le cadre : « Offrez vos corps »

Avant de s’atteler à cette question de l’unité qui devient épineuse dans l’Église de Rome, Paul va poser quelque chose de très important : le cadre dans lequel cette unité devra se vivre. Ce cadre c’est celui d’une communauté qui s’assemble pour rendre ensemble un culte à Dieu. Ce point déjà pouvait poser question. Rendre un culte d’accord, mais comment ? Paul ne va pas rentrer ici dans les débats qui animaient sûrement cette Église comme ils peuvent aussi en animer d’autres sur le fait de savoir quelle manière était la bonne manière de rendre un culte à Dieu entre celles prônées par les croyants d’origine juive et celles prônées par les croyants d’origine païenne, ou dans nos Églises modernes les débats sur la liturgie, sur les nouveaux chants qui sont trop personnels et plus assez communautaires etc… Non, Paul pose ici ce qui est selon lui un culte raisonnable : offrir notre corps « comme un sacrifice vivant, saint, et qui plaise à Dieu. » Peu importe l’arrière-plan des membres de l’Église, ce qui fait qu’ils font Église ensemble c’est ce choix de s’offrir soi-même à Dieu. S’offrir soi-même en sacrifice c’est quelque chose de radical que Paul présente comme raisonnable, c’est quelque chose de saint car cela va nous conduire vers Dieu qui lui-même est saint, c’est ce qui nous emmène sur le chemin de la sanctification. Et enfin c’est un sacrifice qui plaît à Dieu, non pas parce que Dieu est un dictateur sadique avide de contrôle qui aime nous voir sacrifier nos vies pour lui, mais parce que Dieu est un père aimant qui nous a créé, qui veut le meilleur pour nous et à qui il plaît profondément que nous puissions voir que le meilleur pour nous est en lui. Ne plus choisir le monde qui nous entoure comme modèle de nos vies, mais choisir Dieu comme modèle, car nous savons que c’est lui qui nous unit les uns aux autres et nous donne une place dans sa famille, dans l’Église.

Tous nécessaires

Un fois le cadre posé, Paul s’attelle à parler du sujet de l’unité et la manière dont il va l’introduire peut nous surprendre : « N’allez pas au-delà de ce à quoi vous devez prétendre, tendez au contraire à une sage appréciation de vous-mêmes, chacun selon la part que Dieu lui a confiée ». En d’autres termes face à ces conflits qui émaillent l’Église de Rome Paul va dire à ces chrétiens de « redescendre d’un étage », de calmer leurs prétentions. Dans l’Église il y’a de la place pour tout le monde, et chacun peut avoir sa place, mais il est important de ne pas chercher à aller plus loin que les tâches qui sont les nôtres, « la part que Dieu nous confié » comme l’écrit Paul. Pour nous faire mieux comprendre cela Paul emploie l’image du corps. Je n’ai qu’un seul corps, comme l’Église ne forme qu’un corps, mais j’ai différents membres, comme l’Église est faite de différents membres. Chaque membre de mon corps a un rôle particulier qui ne peut pas être joué par un autre des membres. Chaque membre est différent mais j’ai besoin de chacun d’entre eux. En écrivant ces lignes Paul est en train de dire à l’Église de Rome : « Regardez autour de vous, vous verrez des gens différents de vous, qui viennent d’un autre arrière-plan, vous verrez des gens avec qui vous n’avez presque rien en commun, vous verrez une grande diversité, c’est normal ! » Et nous aussi nous pouvons nous dire la même chose, regardez vos voisins de droite, de gauche, de devant, de derrière. Tellement de diversité parmi nous. Il y’a des différences d’origines, d’arrière-plan, d’âge, d’opinions, et c’est normal ! Car si nous étions tous les mêmes ça serait comme avoir un corps qui ne serait fait que de pieds, que de mains, ou que d’yeux… complètement inutile !

L’Église est un corps vivant où chaque membre a sa place et son rôle à jouer. On a parfois l’habitude de dire que dans une Église personne n’est indispensable. C’est vrai et il est bon de se souvenir que nous ne sommes pas indispensables. Dans une Église personne n’est indispensable. On peut enlever une ou deux personnes, même le pasteur, et l’Église pourra continuer d’exister et d’avancer. Oui, personne n’est indispensable mais tout le monde est nécessaire. Dans l’Église, personne n’est indispensable mais tout le monde est nécessaire. Il n’est pas toujours facile de voir ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord comme nécessaire à l’Église. Ce n’était sûrement pas facile pour les chrétiens de l’Église de Rome lorsqu’ils ont lu ces lignes de Paul et qu’ils ont dû prendre conscience qu’ils étaient, dans l’Église, membres du même corps que leurs contradicteurs et pourtant ils ont dû l’accepter. Voir ceux qui sont différents de moi comme autant nécessaire que moi à l’Église, et accepter que je ne suis pas indispensable, voilà la recette pour « ne pas aller au-delà de ce à quoi je dois prétendre » pour respecter le rôle des autres sans surestimer le mien. C’est aussi un message adressé à ceux parmi nous qui ont peut-être du mal à trouver leur importance dans l’Église, voire même dans le monde. Chacun d’entre nous est nécessaire à l’Église. Vous êtes nécessaires au plan de Dieu pour cette Église et pour les personnes qui vous entoure. Vous avez une importance, et c’est Dieu qui le dit.

Mais il ne suffit pas de reconnaître nos différences pour mettre en pratique l’unité à laquelle ce texte nous appelle. Dans un corps chaque membre joue un rôle et de la même manière Paul appelle les chrétiens à mettre en action leurs dons, leurs talents au sein de l’Église. Dans l’Église, un membre qui ne met pas ses dons en action est comme le membre d’un corps que l’on choisirait de ne pas utiliser. Si je disais que je ne veux pas utiliser mes dons ça serait comme dire que je ne veux pas utiliser disons, ma main droite par exemple. Voilà, je la mets dans ma poche, je ne l’utilise plus. Bon, personnellement je suis gaucher alors je peux faire encore plein de choses en utilisant seulement ma main gauche, mais au bout d’un moment ça risqué de devenir un peu compliqué, comme pour me mettre au volant de ma voiture par exemple. Et puis de toute façon c’est complètement insensé de ne pas vouloir utiliser cette main alors que j’en ai complètement l’usage !
Dans l’Église, tout le monde est nécessaire, vous êtes nécessaires, et donc vos dons aussi sont nécessaires. Pourquoi cacher ce que Dieu a donné ?

Conclusion

L’unité que Paul met en avant dans ce chapitre n’est pas une uniformité. Il n’appelle pas les chrétiens de Rome à abandonner leurs opinions, leurs visions des choses etc… Mais il les appelle à reconnaitre l’importance de celles des autres, à reconnaître qu’ils font tous partie du même corps, et enfin à travailler ensemble en mettant en pratique les dons qu’ils ont reçu.
Alors nous aussi, reconnaissons que nous faisons partie du même corps, l’Église, et que toutes nos différences ne sont pas un obstacle à cela, et nous aussi mettons en pratique les dons que nous avons reçu pour travailler ensemble comme un seul corps.

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