Date : Dimanche 9 janvier 2022 Références : Genèse 22 : 1 - 19
Introduction
Nous retrouvons Abraham un bon nombre d’années après la promesse de la naissance d’Isaac et après la naissance effective de ce fils.
Dieu a promis un fils à Abraham, et Dieu a tenu sa promesse. D’après les différents commentateurs, à ce moment Isaac a une vingtaine d’années. Depuis sa naissance il ne s’est pas passé beaucoup de choses importantes pour le récit biblique, à tel point que dans le texte ces vingt ans ne sont séparés que par un seul chapitre.
On peut alors facilement imaginer que depuis cet heureux évènement la vie a simplement suivi son cours au sein de cette famille qui avait été particulièrement bénie par Dieu.
Mais justement, au début du passage que nous nous apprêtons à lire, les choses ne vont pas se passer comme Abraham l’aurait imaginé.
L’obéissance d’Abraham
Du début…
Dès le début de ce récit, Abraham nous frappe par son obéissance sans faille à ce que Dieu lui demande de faire, ce qui, il faut bien le dire clairement, est quelque chose d’horrible. Dieu avait promis un fils à Abraham, il lui a donné, et maintenant il lui demande de le tuer pour lui montrer sa foi ! (Nous y reviendrons plus tard).
L’obéissance sans faille d’Abraham se manifeste dès le début par trois aspects principaux :
- Lorsque Dieu donne l’ordre à Abraham de se rendre à la colline de Moriya et d’y sacrifier son fils, Abraham ne dit rien. Il ne bronche pas, ne cherche pas à contredire Dieu où à marchander avec lui. Il va simplement obéir.
- Il se met en route dès le lendemain matin très tôt. Il n’attend pas pour obéir, alors même que l’ordre qu’il a reçu de Dieu n’est pas un ordre qui lui plaît.
- Il va loin, exactement là où Dieu lui a dit d’aller. Le lieu que Dieu lui a indiqué est à environ 80km, ce qui représente 3 jours de marche.
- Quelle est notre attitude lorsque Dieu nous demande de faire quelque chose qui nous paraît difficile, qui nous déplait ?
… à la (presque) fin
Si Abraham obéit rapidement dès le début, son obéissance ne va pas s’émousser dans la suite du récit : il continue de faire exactement ce que Dieu lui a demandé.
Il va prendre le bois, le feu, et partir seul avec Isaac pour le sacrifier, comme Dieu le lui a demandé, en annonçant aux serviteurs qu’ils vont tous les deux revenir vers eux (une marque de foi sur laquelle nous reviendrons).
Face à la demande de son fils « je vois bien le bois et le feu, mais où est l’agneau », Abraham montre sa confiance en Dieu « Dieu pourvoira lui-même à l’agneau ».
Arrivé à l’endroit indiqué par Dieu, Abraham construit un autel, y dépose les buches, puis il ligote son fils Isaac et le met sur l’autel. Alors il lève le couteau pour tuer son fils.
Et dans ce geste il y’avait tellement de sens : Sacrifier Isaac c’était sacrifier le fils de la promesse, c’était mettre fin à la promesse d’alliance que Dieu avait faite à Abraham, c’était inconcevable ! Et si Dieu lui-même avait demandé à Abraham de faire cela, est-ce que ça voulait que Dieu voulait revenir sur la promesse ? Tant d’interrogations et d’incompréhension qui se succédait sûrement dans la tête d’Abraham depuis le moment où Dieu lui avait donné cet ordre, et qui se trouvait à ce moment à leur paroxysme !
Mais Dieu ne laisse pas Abraham aller au bout de son geste, l’ange l’appel et le reprend. Dieu pourvoit un bouc à sacrifier à la place de son fils. La foi, la confiance et l’obéissance d’Abraham se sont exprimé d’une manière qui doit nous servir à tous d’exemple.
L’épreuve.
Un test de foi…
Intéressons quelques instants à l’épreuve. Le texte que l’on a lu commence par ces mots : « Après ces évènements, Dieu mis Abraham à l’épreuve ».
Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’est-ce que Dieu voulait voir chez Abraham en faisant cela ?
Ici, l’épreuve qu’Abraham va passer c’est le test de sa foi. Dieu veut éprouver la réalité de la foi d’Abraham et de son engagement envers lui, d’une manière assez simple : « on va voir jusqu’où il est prêt à aller. »
Mais dans ce texte le mot « épreuve » n’est pas synonyme de « souffrance » comme il l’est parfois lorsque l’on parle d’ « épreuves » dans notre langage courant. L’épreuve qu’Abraham va passer est un test.
La souffrance est présente dans ce texte, mais pas au premier plan. Ce qui est au premier plan c’est la foi d’Abraham, cette foi qui lui vaudra d’être cité parmi les héros de la foi en Hébreux 11.
La souffrance qui est dans ce texte c’est celle qu’Abraham ressent face à ce que Dieu lui demande de faire. Elle est là pour montrer dans quel contexte la foi d’Abraham a été exercée, elle est là pour être un exemple typologique de toutes les choses qui peuvent freiner notre foi et notre obéissance à Dieu.
Mais la plus grande souffrance de ce texte c’est celle que Dieu épargne à Abraham, la souffrance de perdre son fils de sa propre main, souffrance qu’Abraham n’aura finalement pas à subir.
L’épreuve, c’est le test de la foi d’Abraham.
… dont Abraham avait besoin
Mais pourquoi Dieu avait-il besoin de tester la foi d’Abraham. Ne savait-il pas déjà très bien la foi qu’Abraham avait en lui, le niveau d’engagement qu’il avait pour lui ?
Et bien si, précisément ! Dieu n’avait même pas besoin de laisser Abraham aller au bout du sacrifice pour savoir qu’il était prêt à la faire. Dieu a vu en Abraham comme il voit en nous ! Alors pourquoi tester Abraham pour apprendre des choses qu’il sait déjà ?
Et si ce n’était pas Dieu a qui la conclusion de ce test avait bénéficié. Et si ce n’était pas Dieu qui avait besoin de voir jusqu’où Abraham était prêt à aller par la foi, mais Abraham lui-même qui avait besoin de voir jusqu’où il était prêt à aller, par la foi ?
Je crois que c’est exactement ce qui se passe dans ce texte. Dieu est en train de montrer à Abraham jusqu’où il est prêt à aller, alors que lui-même n’en a sûrement pas conscience.
C’est ici que réside le premier bénéfice de l’obéissance d’Abraham dont nous avons parlé plus haut, c’est cette obéissance qui lui permet de voir le potentiel qui est en lui et que Dieu veut révéler.
C’est aussi cette obéissance qui va lui valoir que Dieu lui renouvelle sa promesse dans une version augmentée.
Abraham avait besoin de voir l’ampleur de sa foi, et c’est grâce à Dieu qu’il a pu la voir. Ce qui commençait comme un film d’horreur pour Abraham se termine en lui ayant permis de grandir.
Conclusion : Le bélier substitué, le Fils vraiment sacrifié
Alors voilà, malgré ce que l’on pouvait penser au début de ce texte, Isaac n’a pas été sacrifié. Le fils de la promesse n’est pas mort. C’est un bouc qui est mort à sa place, qui lui a été substitué. En tant qu’être humain pécheur, Isaac méritait de mourir, comme tous les hommes, mais Dieu a choisi de l’épargner de fournir lui-même l’animal qui serait sacrifié à sa place.
Ce fils qui a été épargné et ce bouc qui l’a remplacé nous rappellent un autre fils, qui lui n’a pas été épargné. Le fils de Dieu lui-même, Jésus.
Alors que ce texte nous appelle à nous inspirer de l’obéissance d’Abraham, à suivre l’exemple de sa foi en faisant confiance à Dieu qui veut révéler notre vrai potentiel, il nous invite également à regarder à Jésus qui a été le sacrifice parfait pour effacer toutes nos fautes. Ce texte nous rappelle aussi, que pour ceux qui voudrait être plus proche de Dieu et lui confier leur vie, il est encore temps !