Prédicateur : Evert Van de Poll
Date : dimanche 15 mai 2022 Références : Genèse 28 : 10 - 22 (Cliquer ici pour lire le texte)
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Introduction
Notre époque est marquée par des migrations de plus en plus importantes. Des millions de personnes quittent leur pays et se mettent en route en espérant un avenir meilleur. Si certains sont motivés par un rêve de plus de prospérité, beaucoup de migrants aujourd’hui sont des réfugiés qui partent pour échapper à la misère à cause de la dégradation de l’environnement, ou à l’oppression politique, ou encore à la discrimination et à la persécution.
Réfugiés, flux migratoires, ce phénomène n’est pas nouveau.
Ce matin, nous allons méditer l’histoire de l’un des premiers réfugiés dans la Bible, celle de Jacob, le patriarche.
Le thème : Qu’est-ce qui va m’arriver ? Qu’est-ce qui est sûr ?
1. Le réfugié
Genèse 28, verset10 : Jacob avait quitté Beer-Chéba et marchait en direction de Harân.
Un jeune homme d’une vingtaine d’années prend la fuite car sa vie est en danger.
Il a conspiré avec sa mère pour voler le droit d’aînesse à son frère aîné Ésaü, puis pour tromper son vieux père afin de recevoir de lui la bénédiction qui revenait à son frère.
Ésaü est furieux, il menacer Jacob de mort.
Les parents, Isaac et Rébecca, ne savent que trop bien que Ésaü soit déterminé de tuer son frère. Ils poussent Jacob à s’enfuir pour sauver sa peau. Ils lui proposent d’aller vers son oncle Laban, à Haran, une région située loin au nord.
Rébecca, elle, a une autre raison encore de pousser Jacob à l’exil. Elle craignait que Jacob ne choisisse une femme des tribus dans la région, du même genre que les femmes qu’Ésaü s’était choisies. Elle trouvait le mode de vie de ses belles-filles abominable, insupportable. Elle a donc exhorté Isaac à laisser Jacob partir pour trouver une femme dans la famille à Haran
Jacob a dû quitter tout ce qui lui était précieux. Il n’était pas certain de ce qu’il revoie un jour sa patrie.
En chemin, il devrait sans doute affronter toutes sortes de dangers. Est-ce qu’il allait arriver à destination sain et sauf. Et puis, qu’est-ce qui l’attendrait là-bas. Son oncle Laban avait une mauvaise réputation.
En tant que réfugié, en tant que migrant, on ne peut compter sur rien.
À cet égard, le monde n’a toujours pas changé…
En tout cas, Jacob ne pouvait pas revenir en arrière. Il devait aller de l’avant.
2. La question
Jacob, le réfugié, le migrant malgré lui
En allant vers des contrées inconnues, il pensait à ce qu’il avait fait de sa vie jusqu’à présent. Son travail, mais aussi sa tromperie, la relation avec la famille brisée, un père qui continue manifestement à favoriser son frère Ésaü…
A son départ, le père Isaac lui avait donné une bénédiction pour la route. Il avait prié Dieu pour qu’il lui donne une femme et une progéniture nombreuse, et aussi, plus tard, la terre qui avait été promise aux descendants d’Abraham et d’Isaac.
Mais Jacob a dû se méfier.
Pour l’instant, l’avenir pour moi est un grand trou noir.
Qu’est-ce qui va m’arriver ? Est-ce que je vais pouvoir bien vivre là où je vais ?
Est-ce que je reviendrai un jour dans mon pays natal ?
Et il s’est certainement demandé : Qui va me protéger de tous les dangers en route surtout ? Est-ce que je vais survivre ?
Voilà les questions existentielles que les gens se sont posées, depuis des temps immémoriaux, lorsqu’ils quittent leur pays, traversent des frontières, sont en détresse, affrontent des choses inconnues, perdent leurs certitudes.
Il suffit de demander aux marins qui ont vécu une tempête, aux réfugiés africains dans le désert de Libye et sur les bateaux vers l’Europe.
Où puis-je trouver la force et la sécurité pour survivre ? Qui va me protéger ?
C’est pourquoi les réfugiés cherchent le soutien de puissances supérieures, de devins, de pouvoirs divins.
Certains cherchent l’aide de Dieu.
Jacob connaissait le Dieu de son père. La question était toutefois de savoir si ce Dieu allait le protéger, lui aussi.
Dans les temps anciens, chaque peuple adorait son dieu, qui était lié à un certain pays.
Quand on allait dans un autre pays, il fallait essayer de plaire aux dieux de ce pays-là.
La question pour Jacob était donc : puis-je compter sur le Dieu de mon père pour ma sécurité dans cette terre étrangère, ou dois-je chercher la faveur d’autres dieux qui ont pouvoir dans ce pays-là ?
3. L’endroit
Verset 11. Comme le soleil se couchait, il prit une pierre pour s’en faire un oreiller et se coucha pour passer ainsi la nuit dans le lieu qu’il avait atteint.
Avez-vous déjà essayé de dormir avec votre tête sur une pierre dure ? Il faut vraiment être à bout, épuisé.
Effectivement, Jacob était épuisé.
Non seulement à cause de l’effort physique que du long voyage de Berseba, dans le sud d’Israël, à Haran, à l’extrême nord de la Syrie, à la frontière avec la Turquie et l’Irak.
Mais aussi, et surtout je pense, à cause de ses angoisses, ses tracas, et le poids de son passé.
Quand on remue dans sa tête les erreurs commises, et toutes les conséquences désagréables de ces erreurs, et que l’on s’inquiéter du lendemain, on se fatigue, et à un moment donné on n’en peut plus
Jacob s’est allongé et il est immédiatement parti pour un profond sommeil.
Le texte dit que Jacob s’est reposé « dans cet endroit ». Le mot hébreu, hamakom, veut dire LE lieu, ou bien « ce lieu précis ». Pas n’importe quel lieu donc.
Dans le court récit, ce mot apparaît six fois.
C’est donc un mot clé. Et à chaque fois avec un article défini : LE lieu.
Plus tard, les scribes juifs y ont vu une référence au temple de Jérusalem, car le temple est aussi appelé hamakom, LE lieu où Dieu a fait demeurer son nom.
Ces interprétations sont intéressantes mais elles viennent après les évènements.
A l’époque de Jacob il n’y avait pas encore de temple.
Ce qui lui arrive rappelle plutôt son lointain descendant, Jésus de Nazareth.
Lui a parcouru les mêmes régions, toujours en chemin, comme il l’a dit : « Le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où poser sa tête ». Pas de maison permanente. Pas d’adresse fixe. Il a dû se contenter de l’endroit qu’il a trouvé.
Et il en fut ainsi avec Jacob.
Il a vu un lieu à l’abri et une pierre pour se reposer.
Le texte ne dit pas que c’était UN lieu, mais « LE lieu » où se reposer.
Là où Jacob est, ici et maintenant.
Autrement dit, une certaine circonstance dans la vie. Sa situation à ce moment-là.
Tout comme chacun d’entre nous.
LE lieu est là où vous vous trouvez actuellement, avec les joies et les peines, y compris les épreuves que vous traversez.
Chacun de nous est ici et maintenant, à un certain endroit, dans une certaine situation.
Cette situation est déterminée non seulement par nos choix, par ce que nous faisons, mais aussi par les circonstances, par le milieu dans lequel nous sommes, par l’influence de notre éducation, et puis aussi par notre caractère, notre manière de réagir à ce qui nous arrive.
Quand on est dans les difficultés, on ne peut pas rejeter toute la faute sur les autres autour de vous, ou sur la société, ou sur la politique, ou sur l’Europe, ou sur les étrangers…
LE lieu, c’est là où j’en suis, notre situation aujourd’hui, est aussi lié à mes échecs et mes frustrations, aussi à mes erreurs, à mes péchés.
LE lieu, c’est le moment où je dois faire face aux faits. En toute honnêteté.
Jacob doit le reconnaître, il fuit les conséquences de sa propre tromperie, de son propre péché.
C’est un grand fardeau de son âme.
Et en ce lieu précis, exactement là, Jacob se coucha.
4. Le rêve
Verset 12 : Il fit alors un rêve.
Rien d’étonnant. Quand on s’inquiète, on va remuer ces pensées dans le sommeil.
Pendant que nous dormons, notre subconscient travaille pour faire la part des choses.
Et nous commençons à rêver. C’est ainsi que le subconscient « range » les choses de la journée.
Et il en est de même pour Jacob.
On pourrait penser que Jacob va rêver d’Ésaü, de son père, de Laban et de ses filles.
Un cauchemar aurait également été tout à fait possible, étant donné les circonstances.
Or, Jacob fait un songe qui dépasse ce qu’il a vécu, qui dépasse ce à quoi il a pensé les journées précédentes.
C’est Dieu qui entre dans son for intérieur et parle à son âme, au plus profond de lui, au travers d’un songe.
Le Dieu qui avait parlé à son père à son grand-père, commence à parler à Jacob lui-même.
Il lui montre qu’il a tout entre ses mains, et qu’il va conduire les circonstances de Jacob pour le mieux.
De quoi Jacob rêve-t-il précisément ?
5. L’escalier – une montée
Verset 12 : Il vit une sorte d’escalier reposant sur la terre, et dont le haut atteignait le ciel. Et voici que des anges de Dieu montaient et descendaient cet escalier.
Cette image d’une échelle montre clairement qu’un lien est établi entre le ciel et la terre.
Dans le passé, et aujourd’hui encore, les gens cherchaient des endroits où ils pensaient que le ciel touche la terre.
Ou des expériences « hors de soi », permettant d’entrer en contact avec le monde invisible des esprits qui déterminent le monde visible.
Dans son rêve, Jacob fait, lui aussi, l’expérience que le ciel touche la terre.
Mais remarquez comment cela se passe.
Cela ne passe pas par une expérience extraordinaire, spirituelle, au sommet d’une montagne. Pas de rituel sacrificiel. Pas de méditation, même pas de jeûne et de prière.
Jacob est endormi et il ne cherche rien.
C’est alors que Dieu entre en contact avec son âme.
Un escalier descend du ciel, tout comme plus tard le Fils de Dieu descendra du ciel et tout comme à la fin des temps la Nouvelle Jérusalem va descendre du ciel, la ville vers laquelle Jacob, les patriarches et les fidèles de tous les temps sont en chemin.
Jacob voit une image, un escalier qui mène au ciel.
Cette image est entrée dans l’histoire comme l’échelle de Jacob. Ce terme est utilisé pour toutes sortes de choses qui impliquent un mouvement vers le haut et vers le bas.
Par exemple, une bande transporteuse inclinée avec des séparateurs.
Cependant, il ne s’agit pas d’une échelle mais d’une montée ou d’un escalier.
Le mot hébreu est sulam. Il n’apparaît qu’une fois dans la Bible.
La traduction grecque (LXX) porte le mot klimax, la traduction latine (Vulgate) scala. D’où le mot climax, sommet, et le mot escalier.
Sulam, en hébreu signifie littéralement un escalier, une pente avec des marches, devant l’entrée d’un bâtiment important. Un palais, un temple, ou un château
Cela fait penser à une ziggourat, une structure en forme de pyramide avec des marches le long desquelles les prêtres montaient pour faire des offrandes aux dieux au sommet.
Des ziggourats étaient caractéristiques de la Mésopotamie, le pays d’origine de la famille de Jacob (la Chaldée, la ville d’Ur). C’est une terre plate comme une galette. Dans l’antiquité, les peuples y ont construit d’impressionnantes hauteurs pour offrir des sacrifices. Au sommet, pensaient-ils, le ciel touchait la terre des hommes. Le sommet était considéré comme la demeure des dieux.
C’est vraisemblablement une sorte de ziggourat que Jacob a vu dans son songe
Certains interprètes y voient une parodie de la tour de Babel, la tentative ratée des hommes de créer une structure permettant de monter au ciel.
La tour de Babel avait la forme d’une ziggourat
C’est une image de l’effort humain.
Les gens essaient souvent d’atteindre les sommets par leurs propres moyens.
Vous faites des sacrifices pour atteindre le sommet de votre art, de votre métier, de votre carrière.
C’est ce que font les sportifs, c’est ce que font les artistes, les managers.
En bref, tous ceux qui veulent aller loin dans le monde. Devenir quelqu’un.
Nous avons également cette tendance dans la religion. Nous faisons de notre mieux.
Essayer de gravir l’échelle de vos bonnes œuvres, en pensant que Dieu ne me rejettera certainement pas lorsque j’arriverai aux portes du ciel.
Ou encore, des exercices spirituels, la méditation, afin de trouver le divin en soi, ou dans la nature, et de s’élever au-dessus du matériel, du mondain.
Ici, dans le rêve de Jacob, c’est l’inverse.
Jacob ne s’élève pas, mais c’est Dieu qui ouvre les cieux et qui descend pour se connecte à Jacob, au point le plus bas où il se trouve
6. Les anges
Verset 12 : et les anges de Dieu montaient et descendaient cet escalier.
Les anges montent d’abord, puis ils descendent.
Intrigant. Il serait logique qu’ils descendent d’abord et montent par la suite.
Ici, c’est l’inverse.
Il y a beaucoup à dire sur cette partie du rêve.
Ce serait aller trop loin que d’en parler maintenant. Je dois laisser cela pour une autre occasion, cet après-midi au séminaire.
Quoi qu’il en soit, Jacob n’a aucun contact avec les anges.
Ces êtres ne sont que des figurants dans ce songe.
Ils ne disent rien, ils indiquent seulement que la connexion entre le ciel et la terre a été faite.
Les anges disparaissent de la scène, mais le rêve continue.
7. Le Seigneur
Verset 13 : L’Éternel lui-même se tenait près de lui.
De dernier mot de cette phrase a posé un problème pour les traducteurs.
Certains comprennent : près de lui.
D’autres disent : au-dessus de lui / tout en haut, c’est-à-dire près de l’escalier.
Comme la plupart des commentaires Juifs et chrétiens je pense que le texte veut dire que le Seigneur est venu près de lui, c’est-à-dire près de Jacob.
Dieu est venu, il est descendu jusqu’à Jacob, tout près de son âme troublée, dans LE lieu où il dormait.
Jacob s’était mis dans le pétrin. Il était un homme pécheur devant un Dieu saint.
Il ne serait jamais capable de venir à Dieu par ses propres moyens.
Alors Dieu est venu à lui.
C’est le moment central du rêve.
Dieu se fait connaître, à nous aussi, à moi aussi, dans ma situation, dans LE lieu où je suis.
À tous ceux qui le cherchent sincèrement, dans tous les cœurs qui lui sont ouverts.
Et c’est ce à quoi notre âme aspire réellement. C’est ce dont l’être humain a besoin au plus profond de lui-même. L’Ecclésiaste, le « prédicateur » a dit que notre Créateur a placé l’éternité dans nos cœurs. L’auteur de ce livre dans la Bible a profondément réfléchi à la recherche et aux efforts de l’homme. Tout ce que les gens entreprennent semble se terminer par l’insatisfaction, le vide, la frustration, le sentiment de ne pas obtenir ce que l’on veut vraiment. Vanité. Quel est l’intérêt de tout cela ?
Ce sentiment nous envahit parce que notre Créateur a placé l’éternité dans notre cœur.
Blaise Pascal appelait cela le vide dans notre conscience que Dieu seul peut remplir.
Dès que vous savez que Dieu est avec vous et que vous êtes en sécurité dans sa main, ici et maintenant, et pour l’éternité, vous pouvez affronter le voyage de la vie.
Une perspective se dessine. Tout prend alors un sens.
Dieu nous conduira en toute sécurité à travers les difficultés jusqu’à son royaume.
C’est exactement que Dieu a montré à Jacob.
Je suis là, je me tiens près de toi. Alors, tu peux faire confiance
8. Les promesses
Ensuite, Dieu va parler. Il donne deux promesses très concrètes
Verset 13 : Je suis l’Éternel, le Dieu d’Abraham ton ancêtre et le Dieu d’Isaac. Cette terre sur laquelle tu reposes, je te la donnerai, à toi et à ta descendance.
14 Elle sera aussi nombreuse que la poussière de la terre ; elle étendra son territoire dans toutes les directions : vers l’ouest et l’est, vers le nord et le sud. Par toi et par elle, toutes les familles de la terre seront bénies.
Voici la première promesse. Elle est une confirmation, mot à mot, de la promesse faite à Abraham et Isaac. Par rapport au peuple, par rapport au plan de Dieu. Jacob peut savoir qu’il fait partie de l’alliance de Dieu, du grand projet de Dieu avec ses descendants, le peuple d’Israël, et avec le monde. Le Seigneur Dieu donnera au peuple juif une terre, et à travers ce peuple, il bénira toutes les autres nations. De ce peuple viendra un Rédempteur, et alors aussi l’église des croyants de toutes les nations sera impliquée dans le grand plan pour racheter l’humanité et le monde.
C’est le grand plan
Ma petite histoire a une place dans la grande histoire de Dieu. Ma vie courte et limitée fait partie du grand plan de Dieu. Il m’estime.
Chaque enfant de Dieu peut le savoir.
Ensuite, une deuxième promesse :
Verset 15 : Et voici : je suis moi-même avec toi, je te garderai partout où tu iras ; et je te ferai revenir dans cette région ; je ne t’abandonnerai pas mais j’accomplirai ce que je t’ai promis Jacob peut être rassuré. Le Seigneur Dieu l’accompagnera dans le pays lointain.
Dans sa providence, il prendra soin de lui – aussi dans ce pays lointain où il va.
Dieu n’est pas lié à une certaine terre, ni à un seul peuple. Il est le Dieu universel.
Partout présent, partout accessible, partout le Dieu qui veut se tenir près de ceux qui le cherchent.
9. La pierre
Quelle est la réponse de Jacob à la présence de Dieu et à la parole qu’il a entendue ? C’est la finale heureuse de l’histoire :
Verset 16 : Jacob s’éveilla et s’écria : « Assurément, l’Éternel est en ce lieu, et moi je l’ignorais ! »
17 Il fut saisi de crainte et ajouta : « Ce lieu est redoutable ! Ce ne peut être que le sanctuaire de Dieu. C’est ici la porte du ciel ».
18 Le lendemain, de grand matin, il prit la pierre sur laquelle avait reposé sa tête, il la dressa en stèle et répandit de l’huile sur son sommet.
19 Il appela cet endroit Béthel (Maison de Dieu). Auparavant la localité s’appelait Louz.
Il s’agit, en quelque sorte, d’une profession de foi.
Jacob croyait déjà au Dieu de ses parents et grands-parents, mais ici cela devient une foi personnelle.
Il prend la pierre sur laquelle il avait dormi et en fait une pierre commémorative. De cette façon, il place ses circonstances changeantes et incertaines dans la perspective du Dieu qui l’accompagne.
Ce faisant, il dit : je ne sais pas ce qui m’attend, mais je sais en qui je peux avoir confiance.
10. Le vœu
Verset 20 : Puis, Jacob fit le vœu suivant : « Si Dieu est avec moi, s’il me protège au cours du voyage que je suis en train de faire, s’il me fournit de quoi manger et me vêtir, 21 et si je reviens sain et sauf chez mon père, Alors l’Éternel sera mon Dieu,
22 et cette pierre que j’ai dressée comme stèle deviendra une maison de Dieu (Béthel) et je t’offrirai le dixième de tous les biens que tu m’accorderas ».
Religion au conditionnel ?
À première vue, il semble qu’il propose un marché.
Presque une proposition commerciale : Dieu, si tu me sauves de ça, je te donnerai dix pour cent de mes revenus.
Dieu, si tu me fais aller mieux, si tu fais réussir l’opération, je donnerai 100 000 € à l’hôpital.
Seigneur, si tu m’aides pour l’examen, et que je le réussis, je rejoindrai le groupe qui évangélisera sur la plage cet été.
Combien de fois les gens sont-ils tentés de demander l’aide de Dieu et de faire un paiement tout de suite ?
Combien de fois par jour de telles demandes arrivent-elles au trône de Dieu ?
Vous pouvez deviner.
Est-ce l’expression d’une foi authentique, d’un désir honnête de servir Dieu ?
Ou est-ce une tentative de plier Dieu à votre volonté ? Manipulation ?
C’est le but de toutes les formes de magie. La plupart des pratiques religieuses sont de la même nature : je fais ceci pour Dieu, puis Il fait cela pour moi.
Dans les affaires humaines, c’est le même procédé.
Vous voulez quelque chose et vous faites une offre pour convaincre l’autre partie. Vous offrez un prix ou un avantage supplémentaire qui profite à l’autre personne.
Jacob va-t-il essayer de conclure un marché avec Dieu ?
Si tu m’aides dans le pays lointain et que tu me ramènes sain et sauf, alors je te servirai et je te donnerai la dîme.
Si tu fais ceci…, alors moi je ferai cela…
Comme s’il fallait persuader Dieu à faire quelque chose pour nous.
Comme si nous pouvions acheter sa faveur.
Si tu me ramènes sain et sauf dans la maison de mon père, alors je te servirai.
Mais que vaut un vœu à Dieu si on l’assortit d’une condition ?
Si… alors
La clé réside dans le mot traduit par « si ». Mais elle peut être comprise de différentes manières.
Dans le sens d’une hypothèse : si vous faites ceci, alors je ferai cela – mais je ne suis pas sûr que vous le fassiez.
Ou dans le sens de quelque chose dont on est déjà sur, quelque chose sur laquelle on compte : si tu fais ceci, je ferai cela. On peut le traduire par comme.
Ou bien vous dites : si cela arrive, mais ça peut aussi bien ne pas arriver. Tout reste à voir.
Ou bien vous dites : comme cela va arriver, je ferai ceci ou cela en réaction. Je peux faire un vœu maintenant, car je suis sûr de ce que ces choses vont arriver.
Faire confiance à et s’appuyer sur la parole de Dieu
Remarquez que Jacob n’apporte rien de nouveau mais répète littéralement ce que Dieu lui avait promis dans le rêve. Il prend maintenant Dieu au mot.
Vous pouvez l’indiquer en ajoutant le mot effectivement. Si Dieu me garde partout où je vais, alors je ne périrai pas là-bas, mais je reviendrai dans ce pays. Et puis je ferai de ce lieu la maison de Dieu et je donnerai la dîme pour lui apporter des sacrifices ici.
Jacob part du principe que Dieu va tenir sa promesse. Il y compte bien.
Aucune hypothèse : je ne l’ai pas encore vu se produire.
Reconnaissance, dire merci d’avance
Le Seigneur ne devait rien à Jacob. C’est par sa bonté qu’il lui est apparu, qu’il a renouvelé son alliance avec lui.
Jacob sait maintenant avec certitude que Dieu ira avec lui, et qu’il le ramènera à cet endroit, ici à Béthel.
Ainsi, même maintenant, avant que tout cela ne se réalise, il peut être reconnaissant, et montrer sa reconnaissance en promettant : de tout ce que vous me donnerez, je vous donnerai la dîme.
La reconnaissance est la seule attitude correcte pour donner la dîme, ou tout autre pourcentage de nos revenus. Faire des dons pour l’œuvre du Seigneur. Faire quelque chose pour le Seigneur. Sacrifier du temps et des efforts.
Non pas pour gagner la faveur de Dieu, mais comme une expression de gratitude pour ce que Dieu, dans sa grâce, a déjà fait pour nous.
La reconnaissance, dire merci d’avance, c’est l’expression de la confiance en Dieu, et en Jésus Christ son Fils unique.
Je termine par une parole de Paul, qui exprime cette confiance :
Le Seigneur me délivrera de toute œuvre mauvaise et me sauvera pour me faire entrer dans son royaume céleste.
A lui soit la gloire aux siècles des siècles ! (2 Timothée 4.18)