Date : Dimanche 13 février 2022 Références : Apocalypse 2 : 1 - 7
Introduction
Nous allons entamer ce matin une série de prédications qui va nous occuper pendant quelques mois et qui portera sur le début du livre de l’Apocalypse. En entendant parler du livre de l’Apocalypse vous vous dites peut-être que c’est un livre compliqué et difficile à comprendre. C’est vrai, dans sa plus grande partie. Mais c’est aussi un livre qui contient, à partir du chapitre 2, sept courtes lettres adressées chacune à une Église « phare » de l’époque, et ce sont ces lettres que je vous propose d’aborder au cours de cette série.
Quelque mots de contexte sur le livre de l’Apocalypse et sur ces lettres tout d’abord. Le livre de l’Apocalypse est constitué d’une vision qui a été donnée à l’apôtre Jean sur l’île de Patmos où il était exilé. Concernant les lettres qui vont plus particulièrement nous intéresser au cours de cette série nous pouvons remarquer qu’elles sont au nombre de sept, pour sept Églises. Le chiffre sept a une portée symbolique que vous connaissez peut-être bien, symbole de perfection et de plénitude, ce qui nous amène à penser que ces Églises ne doivent pas être considérées uniquement dans leur individualité mais aussi comme représentatives des Églises voisines, et même plus, de toutes les Églises de tous les temps et de tous les lieux, c’est-à-dire aussi notre Église aujourd’hui. De quoi rendre automatiquement très actuel le propos de Dieu dans ces lettres.
Commençons donc par la première lettre, adressée à l’Église d’Éphèse que l’on trouve dans Apocalypse 2 : 1 – 7.
Dans chaque lettre nous allons trouver un préambule qui décrit symboliquement des attributs de Jésus. Ici nous voyons qu’il est décrit comme portant 7 étoiles dans sa main, et marchant au milieu de 7 chandeliers. Là encore les sept étoiles et les sept chandeliers peuvent représenter les sept Églises (et donc toutes les Églises) et nous voyons donc à la fois l’omnipotence de Dieu qui tient ces Églises dans sa main et peut en faire ce qu’il désire, et son omniprésence rassurante : il marche au milieu de ces Églises, il y est présent, malgré les reproches qu’il aura à leur faire.
Je connais ta conduite
« Je connais ta conduite, la peine que tu prends, et ta persévérance », ce sont les premiers mots de Jésus à l’Église d’Éphèse. Ils sont suivis d’autres compliments : l’Église d’Éphèse. ne supporte pas les méchants, elle a su déceler en son sein de faux apôtres et elle a agi en conséquence, elle a persévéré et ne s’est pas lassé.
Toutes ces choses sont effectivement très positives, et elles nous encouragent dans notre vie d’Église. Il n’est pas toujours facile de trouver de la joie dans les différents services de l’Église, ou dans les choses que nous faisons dans l’Église à titre individuel parce que nous pouvons avoir l’impression que personne ne voit ce que nous faisons. Mais ici Jésus lui-même dit : « Je sais. Je sais tout ce que vous faites en tant qu’Église, je sais à quel point vous avez persévéré et vous persévérer encore. Je sais le discernement dont vous avez fait preuve dans le passé et dont vous vous efforcez toujours de faire preuve. Je sais que vous avez persévéré, même dans la souffrance et que vous le ferez encore. Je sais, je vois. »
Quelle joie de voir ce que l’on fait reconnu par Jésus, par Dieu lui-même ! Mais la question qui va suivre est de savoir ce qui motive cette persévérance dont Dieu parle ici. Pourquoi est-ce que nous voulons persévérer, en tant qu’Église et en tant que croyants ? Persévérer parce qu’après plus 160 ans de présence de l’Église Libre à Nîmes on ne va quand même pas s’arrêter en si bon chemin ? Mouais… On peut trouver mieux comme réponse, non ? Et si l’on pouvait trouver la source de notre persévérance dans un amour sans cesse renouvelé
J’ai un reproche à te faire
La question de l’amour nous amène sur le reproche que Dieu a à faire à l’Église d’Éphèse : « Tu as abandonné l’amour que tu avais au début » (ton premier amour selon les traductions « classiques »), c’est le reproche que Dieu fait à cette Église et qui est facilement applicable à d’autres Églises, comme à nos vies, parce qu’il est si facile de perdre ce premier amour. Et après tout nous pourrions dire « Mais Seigneur, après 160 ans d’existence le premier amour est bien lointain, il a vécu… », et même tous ceux parmi nous qui ont une expérience de la vie de couple pourront le dire, est-ce qu’il n’est pas normal qu’au bout d’un temps l’amour évolue, qu’il ne soit plus tout à fait comme ce premier amour qui faisait de nous des tourtereaux tout roucoulants, et parfois un peu niais ? Oui c’est normal, mais ce qui ne l’est pas, et c’est ce que Dieu pointe du doigt ici, ce qu’il pointe c’est une perte dans la qualité de cet amour. Est-ce une mauvaise nouvelle définitive ? Non, Jésus laisse aussi une fenêtre de changement. Il y a la perspective d’une sanction de sa part, mais uniquement si face à ce constat négatif l’Église d’Éphèse. ne réagit pas. Il s’agit ici de raviver la flamme, comme dans un couple lorsque nous en ressentons le besoin pour que la flamme ne s’éteigne pas.
Personnellement j’aime le feu, et pendant les dernières vacances de Noël nous sommes allés en famille chez mes parents, dans la région lyonnaise. Malheureusement un peu avant notre arrivée leur chaudière est tombée en panne et donc nous n’avons pas eu de chauffage ni d’eau chaude pendant notre séjour chez eux. Si c’était un peu embêtant pour l’eau, ça l’était moins pour le chauffage car leur maison comporte une cheminée, et c’était donc plutôt une bonne nouvelle pour moi puisque nous allions devoir faire du feu en permanence pour se chauffer. Il fallait donc régulièrement raviver le feu, en remettant des bûches et en soufflant sur les braises. Et savez-vous quelle différence j’ai remarqué entre un feu qui vient d’être allumé et un feu ravivé ? Aucune ! Ils brûlent tous les deux avec la même intensité, en dégageant la même chaleur. Il est possible de retrouver cette même intensité du début dans notre relation avec Dieu, mais il va peut-être falloir rajouter des bûches, et souffler sur les braises, en résumé il va falloir s’investir.
Conclusion : les vrais vainqueurs
Pour conclure intéressons-nous quelques instants à des personnes qui justement avait arrêté de s’investir : les nicolaïtes. Ils sont mentionnés à la fin de cette lettre, et le fait que l’Église d’Éphèse. déteste leurs œuvres est présenté comme positif. Il s’agissait d’une secte dérivée de l’Église qui avait réglé la question des tentations d’une manière assez simple : « il est trop dur de résister, alors nous allons céder », ce qui les conduisait à toutes sortes d’actes immoraux (immoralité sexuelle, participation au culte des idoles etc…).
Placés devant le défi de se rendre vainqueur de leurs tentations, ils avaient choisi de ne même pas tenter de relever ce défi. Jésus met leur attitude en relation avec celle des vainqueurs à qui il donnera à manger du fruit de l’arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu. Les vainqueurs recevront la vie éternelle. Qui sont ces vrais vainqueurs ? Tous ceux qui ayant un jour commencé à vivre selon un amour ardent pour Dieu, continuent de marcher dans cet amour, en l’entretenant, et en agissant pour le raviver au besoin.