Date : Dimanche 27 février 2022 Références : Apocalypse 2 : 8 - 11 (Cliquer ici pour lire le texte)
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Introduction
Nous continuons ce matin notre série consacrée aux sept lettres écrites aux Églises dans le livre de l’Apocalypse. Pour rappel, ces lettres ont été dictées à Jean lors de la vision qu’il a reçu sur l’île de Patmos, vision qui constitue le livre de l’Apocalypse.
Après avoir parlé d’amour et de besoin de raviver la flamme à l’Église d’Éphèse, cette fois l’auteur de ces lettres, le Christ ressuscité, va s’adresser à l’Église de Smyrne, qui vit une situation tout à fait différente.
La ville de Smyrne présentait en effet à cette époque des particularités importantes. A Smyrne se trouvait une grosse communauté juive très opposée au christianisme, et si cette ville a été marquée par des persécutions envers les chrétiens, ces persécutions ont d’abords été exercées par cette communauté juive, mais nous aurons l’occasion d’y revenir dans quelques instants. Du point de vue du pouvoir ensuite, les autorités de cette ville étaient particulièrement en phase avec Rome et très enclines à appliquer scrupuleusement les consignes qu’ils en recevaient. Connaissant la manière de plus en plus hostile dont Rome regardait les chrétiens, nous pouvons imaginer aisément que le climat dans lequel les chrétiens de Smyrne devaient vivre vis-à-vis de l’autorité en place dans la ville était assez hostile et compliqué, nous aurons aussi l’occasion d’y revenir.
Ayant maintenant ces éléments de contexte en tête, je vous invite à lire Apocalypse 2 :8 – 11.
Une Église face à la persécution
Celui qui s’adresse à l’Église de Smyrne, Jésus, ce présente ici comme « le premier et le dernier, celui qui était mort et qui est à nouveau vivant. ». Une manière de s’adresser à l’Église qui est pleine de sens. A une Église qui est en train de souffrir des oppositions et des persécutions qui sont exercées contre elles Jésus rappelle ce que lui a vécu sur Terre : il a lui aussi vécu l’opposition et les persécutions et ce jusqu’à la mort même. Mais face à la mort il a été victorieux, il est à nouveau vivant et c’est sur lui que cette Église est bâtie. Il y a déjà contenue dans cette manière de Jésus de s’adresser à l’Église de Smyrne toute la puissance qui peut permettre à l’Église de tenir : nous tenons parce que nous nous reposons sur celui qui a vaincu la mort. Mais quand bien même ce message est efficace et encourageant, il peut ne pas être suffisant, et précisément le Christ ne s’arrête pas là.
Ce qu’il va dire ensuite nous rappelle ce que nous avons vu il y a quinze jours dans la lettre adressée à l’Église d’Éphèse, et c’est un fil rouge que nous retrouverons dans les cinq autres lettres que nous allons aborder : « Je connais ta détresse et ta pauvreté… ». En s’adressant à une église qui souffre, Jésus va très vite dire « Je connais ta situation », comme pour dire : « Oui, je sais. Je sais que c’est difficile. ». Et comme je le mentionnais en introduction, la situation que vis l’Église de Smyrne est réellement difficile, mais ce que Jésus va leur annoncer va plutôt aller dans le sens d’une aggravation de cette situation : certains d’entre eux vont être jetés en prison, et l’Église va connaître une période de détresse symbolisée par les dix jours du verset 9 (durée qui n’est pas à prendre littéralement comme la majorité des chiffres dans le livre l’Apocalypse). Et pourtant, Jésus demande à cette Église de ne pas avoir peur, vaste défi. Quelle serait notre réaction si aujourd’hui la même chose était annoncée à notre Église ? « Je ne vais pas prendre de risque, je vais prendre un peu de recul de l’Église pendant un temps », « Si cette Église est menacée je vais peut-être en trouver une autre où les choses sont plus tranquilles » etc… Autant de réactions humaines que l’on peut comprendre, mais qui ne sont pas ce que Dieu encourage cette Église à faire : « Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la vie pour couronne ». Comme Jésus qui a lui-même affronté la mort pour en sortir couronné de vie, l’Église, les chrétiens sont invités, encouragés à être fidèle jusqu’à la mort, est l’Église de Smyrne l’a bel et bien mis en pratique. Pour l’Église de Smyrne, la persécution est d’abord venue des juifs qui non content de refuser de reconnaître Jésus comme le messie ont aussi voulu s’en prendre à ceux qui le reconnaissaient : l’Église. Ce sont ces personnes que le texte mentionne en parlant d’une « synagogue de Satan ». Et puis persécution est venue de Rome, jusqu’à ce qu’au IIème siècle l’Église de Smyrne doive réellement mettre en pratique ce commandement du Christ. Vous avez peut-être déjà entendu parler de Polycarpe. Il était au IIème siècle évêque de l’Église de Smyrne et lorsqu’il a été arrêté et sommé par le proconsul romain de renier sa foi, de maudire le christ, il a refusé, et pour cela il a été brûlé vif.
Ma vie face à la persécution
Polycarpe a été fidèle jusqu’à la mort, qu’en est-il de nous ?
A travers cette Église, comme les six autres que nous abordons au cours de cette série, c’est aussi à notre Église et donc à nous personnellement que Dieu s’adresse.
Dieu connaît. Lorsque nous passons par des moments de détresse ou de pauvreté (sur quelque plan que ce soit), Dieu nous dit qu’il connaît notre situation et qu’il sait ce que nous vivons. Quelle joie de se savoir compris par notre Dieu ! Cela ne règle pas forcément le problème, mais cela nous met dans un autre état d’esprit. Quelle différence cela fait lorsque nous nous sentons compris dans ce que nous traversons. Lorsque je fais les courses avec mon fils, il arrive souvent qu’il voie dans les rayons des choses dont il a envie et qu’il voudrait que l’on achète. Bien-sûr dans la majorité des cas ce sont des bonbons, des donuts etc… bref des choses que je ne peux pas lui acheter à chaque fois car elles ne sont pas tout à fait bonnes pour lui. Dans ces moments, ce qui fait souvent une différence dans la manière dont il va réagir à mon « non » c’est la manière dont je lui montre que je le comprends, et il m’arrive ainsi souvent de lui dire « Je comprends que tu aies fin, c’est bientôt l’heure de ton repas et c’est normal que tout ce que tu vois dans le magasin te fasse envie et que tu veuilles qu’on l’achète, mais on n’a pas besoin d’acheter ça alors on ne va pas le prendre. » Pour être franc ça ne marche pas toujours, mais je sais au moins qu’il aura entendu que je sais ce qu’il vit et que je le comprends. Dieu agit de la même manière avec nous, en mieux. Je suis un père imparfait et je n’arrive pas toujours à comprendre parfaitement mon fils. Mais quand en tant que fils je me tourne vers mon père céleste je SAIS qu’il me comprend parfaitement dans tout ce que je vis.
Il me comprend, il sait ce que je traverse, et il me demande de tenir bon, même jusqu’à la mort. Sommes-nous prêts à cela ? Terrible question à se poser, mais question d’une importance capitale parce qu’elle est en quelque sorte la jauge qui nous permet de mesurer notre niveau d’engagement pour Dieu.
L’actualité fournit une chambre d’écho considérable à ce commandement de Dieu parce qu’il y a aujourd’hui, en ce moment même des personnes qui sont prêtes à mourir, et qui meurent, pour défendre un territoire, une patrie terrestre, des idéaux face à une puissance qui veut leur porter atteinte, voire les détruire. Or nous, en Christ nous avons bien plus qu’un territoire, qu’un pays ou que des idéaux. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour rester fidèle à ce que nous avons en Dieu, jusqu’où sommes-nous attachés à ce qu’il nous a offert par grâce ? Polycarpe a répondu à cette question, sommes-nous prêts à y répondre ? La question ne se pose peut-être pas aujourd’hui, mais je pense sincèrement que rien n’empêche qu’elle puisse se poser à nous plus vite qu’on ne le pense.
Conclusion
Alors « que celui qui a des oreilles écoute », que nous écoutions tous cet appel de Dieu à prendre position clairement en nous appuyant sur celui qui sait ce que nous vivons et traversons, celui qui a vaincu la mort et qui nous appelle à en faire autant à sa suite.