Sept lettres pour l’Église – Épisode VI : Philadelphie et la porte ouverte

Timothé DanielPrédicateur : Timothé Daniel

Date :
Dimanche 1er mai 2022
Références :
Apocalypse 3 : 7 - 13 (Cliquer ici pour lire le texte)

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Introduction

Nous reprenons ce matin notre série sur les sept lettres aux Églises que l’on trouve au début du livre de l’Apocalypse, et cela nous amène à parler de l’Église de Philadelphie. La ville de Philadelphie était une ville plus récente que les autres de la région et elle hébergeait donc moins de tradition, en particulier de traditions païennes. Si l’on peut penser que cela aurait pu créer un contexte plus favorable pour les chrétiens de la ville et l’Église qu’ils constituent, nous allons voir que comme nous l’avons vu à Smyrne par exemple, c’est une partie de la communauté juive qui va poser un obstacle à cette Église, et ils seront d’ailleurs décrits dans les mêmes termes.

Lisons ensemble cette lettre à l’Église de Philadelphie dans Apocalypse 3 : 7 – 13.

Une porte ouverte

Au début de cette lettre, comme dans les sept lettres aux Églises, Jésus se présente d’une manière particulière. Ici la manière dont il choisit de se présenter va faire référence de manière directe à ce qui suis dans l’Épître, mais aussi à des éléments que l’on peut trouver un peu plus en amont dans nos bibles.

Il se présente tout d’abord comme étant le saint et le véritable. Il affirme une nouvelle fois ici qu’il est Dieu, lui seul et qu’il ne peut y en avoir d’autre véritable. Cette affirmation est assez facile à comprendre et nous pouvons y souscrire sans aucune réserve : Dieu est saint, Dieu est le Dieu véritable. Mais que veut dire la suite de ce verset, lorsque Jésus affirme qu’il est « celui qui qui tient la clé de David, celui qui ouvre et nul ne peut fermer, qui ferme et nul ne peut ouvrir » ?

A ceux parmi nous qui connaissent bien leur Bible cette formulation peut faire penser à d’autres textes. Le texte qui est peut-être venu en tête de certains d’entre vous c’est un texte que l’on trouve dans l’Évangile de Matthieu, lorsque Jésus annonce à Pierre qu’il lui donnera les clés du royaume des cieux. Nous allons revenir sur ce texte, mais d’abord je voudrai remonter encore un peu plus loin dans la Bible, pour y voir un texte ou l’on retrouve presque mot pour mot la formulation de la lettre à Philadelphie. Ce texte se trouve dans Ésaïe 22.22, et voici ce qu’il dit : « Je le chargerai donc de la clé du royaume de David et, quand il ouvrira nul ne refermera et quand il fermera, personne n’ouvrira. » Dans ce texte Dieu parle d’un homme, Eliaqim, qui sera promu à un titre qui lui donnera accès aux clés du royaume de David, le royaume d’Israël. C’est un titre qui a une portée très pragmatique : il est chargé d’ouvrir et de fermer les portes, mais on peut y voir aussi une portée prophétique. Le royaume d’Israël c’est le royaume de Dieu dans l’Ancien Testament, et cet homme qui en a hérité les clés par sa fidélité nous montre déjà une image de Jésus. Dans l’Ancien Testament ce royaume est fermé dans le sens où seuls les israélites y ont accès mais il va s’ouvrir et c’est ce que l’on voit dans le texte de Matthieu 16.19 lorsque Jésus, qui détient les clés du royaume de Dieu annonce à Pierre qu’il va les lui confier pour bâtir l’Église. A ce moment-là le royaume de Dieu va s’ouvrir progressivement à tous.

Mais après avoir vu ces éclairages du contexte biblique, revenons à notre texte d’Apocalypse 3. Ici en fait la dynamique est renversée par rapport à celle que l’on a vu dans le livre d’Ésaïe. Le royaume de Dieu a été ouvert à tous, et à Philadelphie une Église est née, dont les membres sont entrés dans le peuple de Dieu. Mais ceux qui s’opposent à cette Église, au peuple de Dieu à Philadelphie, cette fois, ce sont les juifs, et en faisant cela ils se placent de fait en dehors de ce peuple de Dieu. Dans l’ancien Testament Israël est le peuple de Dieu, et Dieu va finalement ouvrir une porte de salut pour tout le reste de l’humanité. Ici l’Église est le peuple de Dieu, et Dieu va ouvrir une porte de salut pour les juifs qui n’ont pas voulu croire en Jésus.

La beauté de l’action de Dieu ici c’est que Dieu ouvre devant cette Église une porte pour le salut de ceux qui l’entourent. Et sur quoi Dieu se base pour faire cela ? Il ne va pas se baser sur la force ou la puissance de cette Église, il le dit lui-même : « Je le sais tu n’as que peu de puissance ». Cette Église n’est pas une Église « puissante » et ce n’est pas un problème parce qu’il y a dans ce texte, au côté de l’Église quelqu’un qui lui ne manque d’aucune puissance, c’est Dieu lui-même. Nous pouvons tout à fait nous reconnaître dans ce qui est dit de cette Église car nous aussi nous n’avons que peu de puissance, nous sommes limités, nous sommes parfois débordés. Mais Dieu a ouvert une porte pour cette Église qui n’avait que peu de puissance. Pourquoi ? Parce qu’elle a obéi, sans renier Dieu. En un mot, elle a persévéré.

La persévérance

Cette Église a persévéré, elle devra le faire encore. Mais dans sa persévérance Dieu va agir. A travers cette porte qu’il a ouverte, il fera entrer des juifs de Philadelphie, ceux qui sont présentés dans le texte comme des membres de la synagogue de Satan. Pour filer la métaphore de la porte qui se trouve déjà dans le texte, nous pourrions dire que par sa persévérance, cette Église a ouvert une porte à l’action de Dieu en son sein.

L’Église de Philadelphie va avoir encore besoin de persévérance car Dieu l’encourage en lui disant qu’il la gardera « à l’heure de l’épreuve ». Cela annonce des épreuves à venir, au sein desquelles l’Église devra encore tenir, persévérer, mais au milieu desquels Dieu la gardera. Ce qui est dit ici à cette Église c’est que même si des choses difficiles vont arriver (la persécution), Dieu ne la lâchera pas, il ne l’abandonnera pas, il persévérera lui aussi. La persévérance n’est pas appliquée qu’à l’Église dans ce texte, on trouve aussi cette action du côté de Dieu. La persévérance de l’Église, qui s’emploie à appliquer les directives de Dieu sans s’en détourner, sans lâcher, trouve comme réponse la persévérance de Dieu qui continue de s’engager pour elle, de la garder et de la guider.

Il n’est pas toujours facile de persévérer dans nos vies. Pendant mes études de théologie j’avais un moyen mnémotechnique pour me souvenir du mot persévérance. Il se dit « hupomoné ». Ce mot en grec me faisant penser au verbe « s’époumoner », et donc pour m’en souvenir je me disais : « quand on persévère, on s’époumone ». Il n’y a rien de théologique ou de d’étymologiquement juste derrière cela mais c’est l’idée que j’ai gardé de la persévérance et elle quand même, il me semble, quelque chose de juste. Lorsque l’on persévère c’est que l’on passe des par des moments difficiles, dans lesquels on doit continuer d’avancer, de pousser. On se fatigue, on s’essouffle, parfois même on s’épuise. Mais au milieu de notre persévérance nous pouvons regarder à Dieu, à sa persévérance pour nous, qui est allé jusqu’au sacrifice de Jésus sur la croix et qui continue encore aujourd’hui. Encore aujourd’hui Dieu agit, persévère, pour nous, mais lui il ne se fatigue pas, il ne s’essouffle pas, il ne s’épuise pas.

Conclusion

Comme dans toutes les lettres aux Églises de l’Apocalypse, celle-ci se termine sur une promesse au vainqueur. Le vainqueur, selon cette lettre, c’est celui ou celle qui a mis en pratique ce que l’Église de Philadelphie a mis en pratique : être fidèle, toujours, et persévérer malgré les circonstances en comptant non pas sur sa propre puissance mais sur celle de Dieu. Mais ces attributs sont-ils si exceptionnels ? Non, ce sont tout simplement les qualités de base d’un chrétien selon la Bible. Alors oui, chacun d’entre nous nous mettons ces qualités en œuvre de manière bien imparfaite, mais nous les vivons tout de même, et normalement nous les vivons de plus en plus au fil de notre vie, de notre parcours avec Dieu. Alors c’est à tous ceux qui sont chrétiens et qui s’efforcent de vivre comme tels que s’appliquent les promesses du dernier verset de cette lettre, qui ont toutes un même sens : Dieu fait de nous ses enfants, aujourd’hui et pour l’éternité.

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