Date : Dimanche 23 mai 2021 Références : 1 Rois 19 : 1-18
Introduction
La semaine dernière nos avons entamé une série de prédications qui nous emmène aux côtés du prophète Élie. Nous avons vu la grande victoire qu’Élie a remporté face aux prophètes de Baal et la manière puissante par laquelle Dieu a confirmé son ministère et son engagement en faisant littéralement descendre le feu du ciel.
Et maintenant, où en est Élie ?
(LECTURE DU TEXTE)
Suite à sa grande victoire, Élie a attiré encore un peu plus sur lui l’attention de la reine Jézabel. Cette reine était vraiment engagée dans l’idolâtrie, au point qu’elle avait fait exécuter à peu près tous les prophètes de l’Éternel qu’elle avait pu comme on le voit dans les chapitres précédents. Elle était attachée aux prophètes de Baal qui lui disait tout ce qu’elle voulait entendre au contraire d’Élie qui ne lui annonçait jamais rien de bon. En voyant la victoire remportée par Élie elle ne se repend pas pour reconnaître que l’Éternel est Dieu, comme on a vu le peuple le faire. Elle enrage d’avoir perdu « ses » prophètes, et elle va s’en prendre à Élie qu’elle jure de faire mourir. (Notons au passage qu’elle jure en invoquant des dieux qui ont déjà perdu).
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Élie effrayé et déprimé
Suite à cela comment réagit Élie ? Par forcément de la manière dont on se serait attendu, mais peut-être un peu plus de la manière dont nous aurions probablement réagit : il a peur et il s’enfuit !
Non seulement il s’enfuit, mais il va dans un endroit isolé et il demande la mort. Pour dire clairement les choses dans notre langage moderne, Élie passe par une phase de dépression. Il ne voit plus à quoi bon continuer son ministère qui à ses yeux ne porte aucun fruit puisque tout le monde s’est détourné de Dieu, il ne voit plus non plus à quoi bon continuer de vivre.
On pourrait passer longtemps à examiner la symbolique dans ce texte, et les implications psychologiques que l’on peut plus ou moins discerner, comme le fait que dans un premier temps Élie va dans le désert où ses ancêtres ont passé tant de temps. Mais je ne suis pas psychologue et je ne me risquerai pas à diagnostiquer Élie avec les éléments que le texte nous donne. Ce que l’on peut dire, par contre c’est qu’Élie ne va pas bien et qu’il se remet profondément en question.
La chronologie des évènements est intéressante parce qu’elle nous éclaire sur nos propres situations. En effet, quelqu’un, Dieu par exemple, aurait pu dire à Élie « Et ! Regarde un peu comme tu réagis, c’est insensé, c’est illogique, c’est immature. Tu as peur pour rien, regarde comme Dieu est grand, il te l’a montré avec les prophètes de Baal ». C’est éclairant parce que c’est aussi la réaction que l’on peut être tenté d’avoir avec les personnes qui nous entourent et qui passent par la dépression ou des moments de découragement : « Tu en fais trop, les choses ne vont pas si mal… ». Généralement ces réponses sont factuellement vraies, mais la plupart du temps elles ne sont pas utiles aux personnes qui les entendent.
Ce dont Élie a besoin, c’est que sa souffrance soit entendue et acceptée. Ce dont nous avons besoin lorsque nous souffrons c’est que notre souffrance soit entendue et acceptée. C’est exactement ce que Dieu fait pour Élie. Il ne se met pas tout de suite en quête d’une solution à coup de « Tu as essayé cela ? C’est peut-être dû à telle ou telle chose ? … » il envoie un ange, et il prend soin de son prophète.
Élie finira par aller mieux, soutenu par Dieu, comme nous allons le voir dans quelques instants, mais avant d’aller mieux il a pris le temps d’aller mal, et ce temps lui a été accordé par Dieu. Il a pris le temps de vivre réellement son mal-être aussi profond et douloureux qu’il était pour permettre à la guérison de venir petit à petit prendre la place.
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Dieu soutient Élie
L’attitude de Dieu face à Élie dans ce texte est magnifique. Élie va vraiment mal et Dieu va avancer à son rythme. (D)
La première chose que Dieu fait c’est qu’il va prendre soin d’Élie avec une version « désert » d’un petit déjeuner au lit. Élie s’endort et à son réveil il trouve un gâteau. Mais cela va plus loin. On le voit dans ce qui est dit à Élie à ce moment-là : « Lève-toi, mange, car autrement le chemin serait trop long pour toi ». Quel chemin ? Pour aller où ? Dieu n’a donné aucune indication à Élie sur un quelconque voyage à entreprendre. La seule explication c’est qu’Élie avait déjà décidé de se rendre au mont Horeb, et que Dieu vient pourvoir même aux besoins qu’Élie n’exprime pas. Il va faire un long voyage (plus de 300km) alors Dieu lui donne les forces nécessaires, et pas seulement en lui donner à manger puisque cela n’aurait pas suffi pour faire ce long voyage à pied. Dieu soutient Élie en lui donnant la force de faire ce voyage qu’il n’a pas ordonné. En fait Dieu suit et accompagne Élie là où il ressent le besoin d’aller pour aller mieux. Et l’endroit où Élie va n’est pas anodin : le mont Horeb c’est l’autre nom du mont Sinaï où Dieu a donné la loi à Moïse pour le peuple d’Israël.
C’est l’endroit où Dieu s’est révélé à Moïse et par son intermédiaire au peuple. C’est l’endroit où il va aussi se révéler à Élie qui en a tant besoin.
La manière dont Dieu se révèle est belle et riche de sens : d’abord une tempête, mais Dieu n’est pas dans la tempête, ensuite un tremblement de terre dans lequel Dieu n’est pas non plus et enfin un feu dans lequel Dieu n’est toujours pas. Dieu est finalement dans le bruissement doux et léger qui se fait entendre à la fin. Certains ont avancé que le fait que Dieu ne soit pas dans la tempête, le tremblement de terre et le feu montre qu’il ne veut pas accéder aux prières de jugement sur le peuple faites par Élie puisque c’est ce que ces éléments symbolisent. Je pense surtout que Dieu se révèle à Élie de la manière dont Élie en a besoin à ce moment-là. Après tout dans le passage que l’on a abordé la semaine dernière c’est bien par le feu que Dieu révèle sa puissance. Ce bruissement, ce souffle doux et léger est ce dont Élie avait besoin, c’est comme cela que Dieu vient à lui. Dieu veut nous rejoindre dans nos besoins profonds et il le fait en s’adaptant à nous.
Conclusion :
Ce souffle doux et léger par lequel Dieu se manifeste à Élie nous fait forcément penser, et aujourd’hui particulièrement au St Esprit envoyé sur les disciples le jour de la pentecôte. C’est par cet esprit qui veut venir vivre en chacun d’entre nous aujourd’hui que Dieu nous rejoint là où nous sommes comme il a rejoint Élie là où il était. La puissance de Dieu ne se manifeste pas que dans le spectaculaire, elle se manifeste aussi, et surtout, dans le calme et la sérénité d’une relation de confiance au sein de laquelle, comme nous le dit Romains 8.26, le St Esprit lui-même intercède en nous par des soupirs inexprimables.